Alors que les vendanges sont terminées depuis plusieurs semaines dans l’Yonne, il est temps de faire un bilan. «Au niveau de la récolte, globalement on avait une sortie de la floraison. On commençait à regarder le millésime 2020 dans les mêmes conditions que celui de 2018, en termes de volume», indique Louis Moreau, viticulteur à Beine. Puis, l’été chaud voire très chaud et sec a bloqué le développement de la plante. «Au final, on est en dessous de ce que l’on aurait pu espérer en termes de rendements. Sur le domaine, on est en moyenne à 50-51 hl/ha. Il y a une vraie différence entre la rive droite et la rive gauche à Chablis, avec des secteurs qui étaient plus impactés sur la rive droite où des vignes étaient vraiment sur des faibles rendements». Si Louis Moreau est «assez satisfait» des récoltes sur le Chablisien «avec des crus (grand cru et premier cru) jolis», il est cependant un peu déçu de voir «des rendements obtenus sous le pressoir en dessous de ce que l’on pouvait espérer».
Réfléchir à l’avenir de la vigne Une chose est sûre, les vendanges de 2020 resteront historiques par leur précocité. «On a dû partir tôt en vendanges, autour du 25 août. Et on a voulu partir tôt car on voulait garder de l’acidité, de la fraîcheur dans les vins et un équilibre», poursuit Louis Moreau. «On savait aussi que l’on n’était pas à l’optimum de la maturité mais on était dans les bons paramètres. Et on a fait une jolie qualité chablisienne. Est-ce que ce sera comme 2017 ? Peut-être, car il y a un joli fond et une belle tension dans les jus. Il y a aussi du fruit mais pas que comme en 2018 et 2019. On a maintenu une qualité Chablisienne», assure-t-il. Cependant, la précocité de cette année et les conditions climatiques forcent les viticulteurs à réfléchir sur l’avenir. «Il va vraiment falloir regarder loin. Peut-être revoir notre cahier des charges, revoir le palissage pour protéger davantage les raisins du soleil. Il va falloir réfléchir vite car les conditions climatiques de cette année ne sont plus exceptionnelles. On rentre dans un cycle de cumul où la plante souffre, malgré des rendements tout à fait corrects pour des climats qui sont chauds et secs». Alors, quelles pistes sont à envisager ? «Malheureusement, il n’y a pas de solution miracle. Mais on peut se poser des questions. Faut-il penser à irriguer les jeunes vignes ? Pourquoi pas. Si elles continuent déjà à tirer la langue, cela handicape leur développement. Faut-il aller vers un système comme le font les Américains en Californie (avec un climat très sec), en trouvant des solutions à travers des porte-greffes résistants, qui tolèrent plus de sécheresse et qui ont besoin de moins d’eau ? Le problème en France, lorsque l’on commence à parler de science et de génétique, il y a beaucoup de retenue. Ce qui est dommage », détaille le viticulteur. «Les choses vont changer mais ce sont des changements sur le long terme, à dix ou quinze ans». Christopher Levé |