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Vinosphère

Viticulture et énergies : un tandem qu'on ne peut plus négliger

La dernière édition de Vinosphère, rendez-vous de réflexion sur les évolutions de la viticulture organisé à Beaune par le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne, a abordé les questions de plus en plus importantes de l'usage et de l'optimisation des énergies.

Par Berty Robert
Viticulture et énergies :  un tandem  qu'on ne peut plus négliger
Lors de la table ronde avec, de gauche à droite, Vincent Gaffard (TotalEnergies), Virginie Pucelle (Dreal), Carmen Munoz-Dormoy (EDF) et Christophe Richardot (Alliance BFC).

« Il y a encore cinq ans, avec EDF ou Total, on ne se connaissait pas… » Ce constat, c'est Christophe Richardot, directeur général de la coopérative Dijon Céréales, qui le dressait, lors d'une table ronde organisée à Beaune dans le cadre de Vinosphère. Elle avait pour thème « Le mixte énergétique des entreprises » et cadrait avec l'esprit de cet événement, organisé par le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), qui consiste à ouvrir des pistes de réflexions sur les évolutions qui traversent la viticulture. La question énergétique en est une et la présence de Christophe Richardot témoignait du fait que le monde agricole a des choses à apprendre à la viticulture dans ce domaine. Dijon Céréales s'est saisi du sujet énergétique de manière concrète, en en faisant un levier de développement, pour la coopérative et ses adhérents, et en apprenant à travailler avec ces énergéticiens.

Consolidation d'exploitations

L'exemple donné était celui mené sur les énergies renouvelables et en particulier la méthanisation, avec le méthaniseur géant de Cérilly (Sécalia), dans le nord Côte-d'Or. « Nous sommes devenus des énergéticiens, souligne Christophe Richardot, avec une contractualisation sur 15 ans d'intercultures (seigle) qu'on peut méthaniser. 164 exploitations sont impliquées pour un total de 5 000 ha. Nous alimentons 70 000 personnes en biogaz et l'objectif pour 2025 est de monter à 100 000… » Il s'agit bien de consolider des exploitations agricoles nourricières dans leur modèle économique. D'autres projets sont dans les tuyaux, au sud du département, dans le Dijonnais et du côté de Joux-la-Ville, dans l'Yonne. La volonté de s'appuyer sur les productions énergétiques pour apporter des relais de croissance aux exploitations se retrouve aussi dans les projets agrivoltaïques. L'enjeu, là, est d'aller chercher 1 500 ha sur la Côte-d'Or.

Tenir les objectifs

Voilà qui cadre bien avec les objectifs nationaux rappelés par Virginie Pucelle, directrice-adjointe de la Dreal Bourgogne, lors de ce Vinosphère : réduire d'un tiers la consommation d'énergies fossiles d'ici 2030 et de moitié d'ici 2050. Il faudra aussi doubler la production de chaleur renouvelable d'ici 2035. Du côté des émissions de Gaz à effet de serre (GES), il va falloir accélérer, l'ambition étant de faire autant sur les dix années qui viennent, que ce qui a été fait pendant les trente dernières années ! La directrice adjointe de la Dreal rappelait aussi que la région envisage de rebâtir une stratégie sur la géothermie : « il y a un potentiel dans la Bresse en géothermie profonde, mais aussi en géothermie peu profonde dans d'autres zones et c'est une énergie très rentable… » Et les énergéticiens, qu'en disent-ils ? Carmen Munoz-Dormoy, directrice à l'action régionale d'EDF voit, dans l'évolution du concept d'heures creuses et d'heures pleines en lien avec les pics de production énergétique un atout pour les énergies renouvelables par définition soumises à des variations de niveaux. « Une entreprise, précise-t-elle, qui pourra s'adapter à ces périodes sera en mesure de valoriser cette capacité, mais il sera important de rendre les usages de la viticulture (usage du froid par exemple) flexibles afin d'adapter les process à des prix optimisés. » Vincent Gaffard, directeur régional BFC de TotalEnergies parie, lui, sur le développement du stockage face à l'irrégularité des énergies renouvelables. Sur la viticulture, il rappelle que, avant même de songer à une éventuelle électrification des matériels « on peut déjà avoir recours à des biocarburants pour le machinisme viticole, sans pour autant changer son matériel. » Total a, par ailleurs, noué un partenariat avec Saint-Gobain pour la production de verre décarbonée, élément important de la réduction de l'empreinte carbone sur laquelle le BIVB est très impliqué. Enfin, même si ce n'est pas encore le cas en Bourgogne, l'entreprise dispose de démonstrateurs agrivoltaïques sur certains vignobles du sud de la France.