Une première dans la Nièvre
Le 8 juin, la Chambre d'agriculture de la Nièvre organisait sa première démonstration de robots destinés au maraîchage.

« Le maraîchage prend de plus en plus d'ampleur dans le département et c'est pour cette raison que la Chambre d'agriculture de la Nièvre (CA 58) a souhaité se positionner sur ce dossier afin d'épauler au mieux les exploitants dans tous leurs besoins » détaille Judith Nagopaé, conseillère maraîchage à la CA 58 ayant orchestré la première demi-journée de démonstration de robotique pour le maraîchage, le 8 juin.
Changements obligés
Ainsi, le rendez-vous était fixé au Gaec des Fourmis à Servandet (Rouy). « Il est important pour nous, comme dans les autres domaines agricoles, de découvrir les différentes méthodes possibles pour travailler » explique Aurélie Jacquot, associée du Gaec avec Guillaume Herbemont avant d'ajouter : « et cela est de plus en plus indispensable face au changement climatique. Pour preuve, lorsque je me suis installé il y a 7 ans, nous avions ici une pluviométrie d'environ 700 mm par an. Aujourd'hui nous sommes à 500. De ce fait, nous devons changer nos pratiques et la Chambre est là pour nous aider dans cette voie ».
Tour d'horizon
Avant les démonstrations, la CA 58 a présenté une étude de positionnement de prix sur le Gaec, menée par Christophe Bossaron, conseiller transmission. Grâce à cette étude globale, réalisée sur les chiffres de l'an passé, les participants ont pu entrevoir les éléments rentables, ou non, sur le Gaec en mettant en avant les prix d'équilibres. Aurélie Jacquot insiste : « c'est un outil précis qui permet d'avoir une vision objective et d'ensemble afin de prendre les bonnes décisions sur la gestion et donc l'orientation de l'exploitation. Certes nous travaillons par passion, mais nous devons tout de même vivre de notre métier, et cette étude nous permet de savoir quels leviers activer pour y parvenir ». Marie-Claude Masson, maraîchère et élue Chambre sur le volet maraîchage, rebondit : « Avec un focus sur tel ou tel atelier, cela permet de récolter des données afin de trouver un prix d'équilibre pour que l'entreprise soit rentable. Ces données sont très précieuses notamment pour les porteurs de projets, afin qu'ils puissent avoir une idée plus précise de la rentabilité d'une exploitation maraîchère en fonction du montant et de la répartition des charges ; c'est un repère très utile ».
Financement
Bruno Carrat, technicien agriculture au sein du Conseil Départemental, rappelle : « cette étude coûte, en 2022, environ 1400 euros, dont 1 000 euros sont pris en charge par le Département et 200 euros par la CA 58. Il reste donc 200 euros HT à charge de l'exploitant. Un prix certain, mais qui reste tout de même raisonnable face à la qualité et l'utilité de ce document ». Marie-claude Masson questionne : « Concernant le maraîchage, on pourrait envisager un financement de ce type sur trois ou quatre années, avec, par exemple, la mise en place d'un contrat afin d'avoir un suivi des différentes productions et des chiffres d'affaires de l'entreprise pour obtenir un tableau encore plus précis du maraîchage dans la Nièvre. Cependant, pour que cela soit réalisable, il nous faut trouver des soutiens financiers ». Il a été évoqué que ce point pourrait être débattu avec le Conseil départemental. Christophe Bossaron a enfin spécifié que ce type d'étude était réalisable sur n'importe quelle exploitation (élevage, grandes cultures, etc.).
Débouchés
« Produire c'est très bien, mais il faut trouver des débouchés » pointe Marie-Claude Masson et d'Aurélie Jacquot de compléter : « en fonction des débouchés, les contraintes ne sont pas les mêmes et les investissements non plus. Par exemple, pour l'approvisionnement des restaurations collectives nos pommes de terre doivent être en filet... ce conditionnement est pour le moment impossible pour nous à cause du coût de l'investissement. Mais, sans ce dernier, nous nous fermons des portes... Il faut donc poser des jalons, et prendre son temps pour améliorer son exploitation au fur et à mesure des années ; on ne peut pas tout avoir d'un coup ». Marie-Claude Masson rappelle que les installations et les initiatives (des collectivités notamment) pour le développement du maraîchage dans la Nièvre, ne devaient pas rentrer en concurrence mais se compléter et qu'un travail de concertation est obligatoire en amont, entre toutes les parties, afin d'éviter les déconvenues.
Outils
Une fois cette présentation terminée, les démonstrations de deux appareils ont pu commencer. Les participants ont pu découvrir en action le Cobot Toutilo et le robot OZ 440 de Naïo Technologies. « Il nous paraissait important de mettre en avant de nouvelles technologies pouvant aider les tâches maraîchères de différentes manières » réagit Judith Nagopaé. Si d'une part le Toutilo offre un confort de positionnement pour le maraîcher, il n'est pas complètement autonome (une version dirigée par GPS devrait arriver) à la différence du OZ 440, dirigé entièrement en GPS RTK mais dont la hauteur de travail est limitée. Rodolphe Souris, porteur de projet avec sa compagne pour une future installation en bovin allaitant avec atelier de glaces fermières et venu assisté aux démonstrations, conclu : « je suis passionné par les jardins potagers depuis tout petit. Et même si je ne souhaite pas m'installer dans cette branche, ces outils peuvent nous donner des idées pour changer certaines choses sur nos exploitations. Il faut garder l'esprit ouvert à tout ce qui se fait en agriculture afin d'évoluer au mieux ».
Le cobot Toutilo

Développé en partenariat avec une entreprise de création de table de massage et la MSA, le cobot Toutilo offre au maraîcher différentes positions de travail et s'adapte à la taille de ce dernier. Son plateau est réglable en hauteur jusqu'à 50 cm maximum. Différents outils peuvent être positionnés sur l'appareil, dans tous les cas pour un travail du sol superficiel (binage, désherbage, etc.). Sa vitesse maximum est de 2 km/H et il fonctionne sur batterie, d'une autonomie de 20 h (recharge complète en 4 h). Pour le moment, il se pilote via une télécommande (avec possibilité d'ajout d'une caméra) mais un nouveau modèle doté d'un GPS devrait faire son apparition. Il peut transporter jusqu' à 500 kg. Modulable en fonction des besoins, il peut être adapté sur commande. Il faut compter entre 25 et 30 000 euros HT pour un modèle de base.
L'OZ 440

Le robot OZ 440 est dirigé par GPS RTK (Real Time Kinematic, en anglais, soit la cinématique en temps réel) lui offrant une certaine précision dans ces déplacements, mais demande une cartographie précise au préalable. Son caisson est fixe et ne peut se régler en hauteur. Ses deux batteries lithium se rechargent en approximativement 8 h et offrent une autonomie variable en fonction des travaux effectués : 8 h pour du semi et environ 6 h pour du binage. Il dispose d’un détecteur qui lui permet de s’arrêter en cas d’obstacle. Via sa connexion RTK il envoie des sms au propriétaire en cas de besoin (une fois la tâche finie ou encore si un problème est rencontré). Il peut transporter ou tracter jusqu’à 100 Kg et sa vitesse est entre 0,1 km/H et 1km/h. Son prix varie selon des équipements embarqués (semis, binage, etc.), mais comptez entre 30 et 35 000 euros (avec abonnement RTK inclus).