Une coopérative immobilière pour financer des lieux de convivialité
Depuis 2018, la coopérative immobilière Villages Vivants achète, finance les rénovations et loue des locaux et fonds de commerce situés dans les territoires ruraux. Largement implantée en Auvergne Rhône-Alpes, la structure a aidé l’ouverture de 29 lieux, dont l’Auberge de la Valette, située à Salvizinet, aux confins du Rhône et de la Loire.

En 2022, alors que la rencontre avec l’auberge s’est révélée être un coup de cœur, les repreneurs ont contacté Villages Vivants. Depuis six ans, cette coopérative immobilière, basée dans la Drôme et dans le Puy-de-Dôme, achète, rénove et loue des locaux vacants pour ouvrir commerces et services de proximité au sein des territoires ruraux. « Nous sommes ainsi locataires du bâti et eux en sont les propriétaires, cela limite le risque, explique Coline Frau. Pour nous, le loyer est attractif, et eux amortissent l’achat et les frais liés aux travaux ». Après plusieurs mois de remises aux normes et de chantier, l’Auberge de la Valette a rouvert ses portes au public en juillet 2023. D’une capacité de soixante-dix couverts à l’intérieur, comme à l’extérieur, le restaurant propose deux menus composés de produits frais et locaux. « Nous travaillons directement avec des maraîchers et éleveurs du coin ! Ce qui était difficile, ce ne fut pas tant de les trouver, mais plutôt de les choisir, tellement le marché agricole est dense dans cette zone ! Nous passons des commandes à la semaine, tout en donnant une estimation de nos besoins pour l’année ». Si le local et le fait maison sont devenus les marques de fabrique de l’auberge, ce parti pris n’a pas fonctionné tout de suite. « La clientèle qui venait à l’auberge avant notre arrivée était attachée à une offre traditionnelle, plutôt que celle basée sur des produits locaux que nous défendons… Certaines personnes nous ont, par exemple, reproché de ne plus cuisiner de grenouilles. Étant donné qu’il n’existe plus de grenouilles locales, il était inconcevable, pour nous, d’acheter celles qui proviennent des pays d’Europe de l’Est ou d’Asie ! ». Soirée jeux de société, marché de créateurs, atelier aquarelle, initiation à la danse country, fête du vin et dégustation, concerts en période estivale… Outre la restauration, la jeune équipe a tenu à recréer du lien social à travers de nombreux événements. « L’idée, c’est que les personnes n’aient pas forcément besoin d’aller jusqu’à Feurs pour trouver des activités ».
Vingt-huit projets aidés dans le sud-est de la France
Si la reprise de l’auberge fonctionne, cela n’empêche pas Villages Vivants de rester aux côtés de ses nombreux porteurs de projets. « Ils prennent souvent des nouvelles afin de connaître la fréquentation de l’auberge et nous proposent des campagnes de communication ou des échanges avec leur réseau de l’économie sociale et solidaire, c’est un accompagnateur clé », affirme Coline Frau. Depuis sa création en 2018, 810 personnes ont placé de l’épargne au sein de Villages Vivants. Cafés, brasseries artisanales, tiers-lieux culturels et d’artisanat, librairie coopérative… Au total, la coopérative a permis l’ouverture de 28 lieux dans 13 départements, soit près de 10 000 mètres carrés de patrimoine rural réhabilité. « Aucun de ces lieux n’a fermé pour l’instant, preuve de leur pérennité », affirme avec fierté Raphaël Boutin-Kuhlmann, le codirecteur de la structure. Pour aller encore plus loin, la coopérative immobilière a récemment lancé une campagne de levée de fonds avec un objectif bien précis : collecter au moins 1,5 million d’euros en parts sociales(1).
(1) Villages Vivants a collecté plus de 2,5 millions d’euros depuis sa création, auprès des citoyens, des fondations, des banques coopératives, des collectivités locales, des TPE-PME, des salariés et des usagers des lieux.