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Engraissement

Une aide qui incite à franchir le pas

Depuis l’automne dernier, une aide au développement de l’engraissement des bovins est proposée par la Région Bourgogne-Franche-Comté. Bâti avec la Chambre régionale d’agriculture et les organisations de producteurs, ce plan offre un précieux coup de pouce à ceux qui souhaitent retrouver de la valeur ajoutée. 

Par Marc Labille
Une aide qui incite à franchir le pas
Le plan de développement de l’engraissement répond à deux enjeux majeurs : améliorer le revenu des exploitations et approvisionner les outils que possède la filière dans la région.

Depuis le mois de septembre dernier, la Région Bourgogne-Franche-Comté (BFC) propose une aide au développement de l’engraissement des bovins. Ce soutien s’adresse à tous les agriculteurs qui souhaitent développer l’engraissement sur leur exploitation ou créer un atelier. Ce plan en faveur de la finition des animaux est le fruit d’un travail commun de la Chambre régionale d’agriculture et des opérateurs de la filière. De longue date, partageant un même constat avec l’ensemble de la profession, ces derniers réclamaient un accompagnement de la part de la Région. Avec le concours appuyé de la Chambre régionale, leur demande a fini par être entendue et ensemble, ils ont planché pendant deux ans pour aboutir à un plan d’aide qui profite à tous et qui ne soit pas trop contraignant au niveau administratif, se félicitent en chœur les intéressés.

Approvisionner les abattoirs locaux

Ce plan répond à deux problématiques actuelles. La première, c’est la nécessité d’approvisionner les outils que possède la filière dans la région. « La Saône-et-Loire compte trois abattoirs sur son territoire », rappelle Christophe Fouilland de la coopérative Feder « et d’autres outils importants sont à proximité », complète François Chaintron, directeur du développement de la filière bovine chez Sicarev Coop. Des outils locaux qui sont une chance pour la région, mais qui commencent à manquer de matière première du fait de la décapitalisation. « La région est obligée de s’approvisionner en bêtes finies à l’extérieur alors qu’elle envoie son maigre engraisser ailleurs », déplore François Chaintron. Des broutards partent dans l’est, le nord et l’ouest de la France pour revenir en jeunes bovins. Un double flux qui n’est pas vraiment optimal en termes de transport et de bilan carbone…

Plus de revenus pour les exploitations

L’autre enjeu est l’amélioration du revenu des exploitations. Les données économiques démontrent que sur la durée, un naisseur-engraisseur qui maîtrise bien son activité gagne mieux sa vie qu’un naisseur strict. Mais pour atteindre ce résultat, un bon accompagnement technique est nécessaire, affirment en chœur Christophe Fouilland et François Chaintron. Un accompagnement économique aussi, car en lançant l’engraissement, « on crée des charges… Les premières années sont toujours difficiles en termes de performances et de valorisation. Il faut un accompagnement pour sécuriser la marge et couvrir les charges. » L’accompagnement au développement ou à la création d’engraissement se présente sous la forme d’une aide annuelle qui peut être renouvelée jusqu’à trois ans maximum avec une dégressivité de – 10 % en année deux et – 20 % en année trois. Pour les naisseurs, cette aide est un forfait de 2 000 € pour 10 à 30 animaux supplémentaires engraissés ; 3 000 € pour plus de 30 animaux supplémentaires engraissés. Le forfait passe à 4 000 € pour un jeune agriculteur. Pour les engraisseurs, une aide de 4 000 € est attribuée pour plus de 50 animaux supplémentaires engraissés. Concrètement, un naisseur qui engraisse dix animaux supplémentaires trois années de suite peut bénéficier de 2 000 € la première année, 1 800 la deuxième et 1 600 la troisième. Cela équivaut à 180 €/animal.

Contrat Égalim, audit, suivi technique

Plusieurs conditions doivent être respectées pour prétendre à cette aide. Les animaux doivent notamment faire l’objet d’un contrat Égalim. « Sécuriser le prix de vente est une nécessité quand on se lance », font valoir les opérateurs qui ajoutent que le prix du maigre actuel incite à contractualiser aussi. Le cahier des charges impose par ailleurs d’adhérer à une démarche d’accompagnement individuel. Au préalable, un audit technique réalisé par la Chambre d’agriculture départementale ou l’organisation de producteurs permet de vérifier la faisabilité du projet. L’agriculteur doit en outre souscrire à un appui technique auprès de son Organisation de producteurs (OP) ou de tout autre organisme agréé par la Région. Pour les éleveurs non adhérents à une OP, l’audit préalable et l’appui technique peuvent être accomplis par la Chambre d’agriculture du département.

Elvea 71-58 : une aide accessible à tous

L’aide à l’engraissement n’est pas réservée qu’aux adhérents des coopératives. Tous les agriculteurs ont la possibilité d’y accéder, notamment par le biais de l’association des éleveurs commercialisant leurs animaux au privé Elvéa 71-58. Elle s’est rapprochée des Chambres d’agriculture de Saône-et-Loire et de la Nièvre pour la gestion des dossiers. Elvéa 71-58 en assure l’instruction au niveau du terrain. C’est elle qui repère, parmi ses adhérents, les exploitations remplissant les critères. Elle se charge de l’audit initial, est en capacité d’établir le contrat Égalim nécessaire et assure le suivi technique sur la durée. Les Chambres d’agriculture apportent leurs compétences techniques spécifiques : économique, structurel, financier… Cette organisation a été validée par la Région fin novembre et les premiers dossiers ont été déposés fin 2024. « À Elvéa, 70 % des ventes se font en maigre, mais nous avons des engraisseurs spécialisés et l’engraissement est une opportunité pour nos adhérents », confie Jean-Michel Morel, président de Elvéa 71-58. D’ailleurs, « les commerçants en bestiaux, avec lesquels nous travaillons, nous avaient sensibilisés sur leur besoin de bétail gras », poursuit le président. Il estime que « la finition des femelles est une bonne idée aujourd’hui ». Techniquement, elle est à la portée d’un éleveur et les données économiques montrent que la finition peut générer de meilleurs résultats économiques. La finition des femelles peut aussi permettre à un jeune de ne pas reprendre tout un cheptel et de ne pas augmenter le nombre de vêlages, complète Jean-Michel Morel.