SV Pro lancé sur une croissance inédite
L'entreprise de distribution de machines agricoles dont le siège est dans l'Yonne reprend en charge la distribution de la marque John Deere sur une grosse partie de la Franche-Comté. Un défi économique et profondément structurant.

Pour SV Pro dont le siège est à Monéteau, près d'Auxerre, les deux à trois années qui arrivent promettent d'être particulièrement intenses. La raison ? Une opération de croissance d'une ampleur inédite dans l'histoire de l'entreprise. Pour comprendre, il faut revenir à une autre information récente concernant l'écosystème du machinisme agricole régional : le passage de Déméterre, jusqu'alors distributeur de John Deere en Franche-Comté, à la marque Massey-Ferguson (voir Terres de Bourgogne n° 1818 du 24 janvier). De ce fait, c'est à SV Pro qu'échoit désormais le rôle de représenter et distribuer la marque verte et jaune sur un territoire d'où l'entreprise était jusqu'alors absente. Pour Fabien Billault, directeur général de SV Pro, entré dans l'entreprise en 2010 et associé, depuis cette date, à Patrick Petit, président de la holding Scomas et actionnaire majoritaire des entités PM Pro et de SV Pro, il y a là un projet des plus motivant. Ce challenge lui permet d'aller sur un autre domaine et d'y entraîner ses équipes. Il a aussi acquis une certaine expérience sur ce type d'opération : à son arrivée, SV Pro c'était 50 m d'euros de chiffres d'affaires avec une centaine de salariés. Aujourd'hui c'est plus de 90 m d'euros et 180 personnes. « Il a fallu gérer en parallèle ces deux croissances » souligne-t-il.
Partir d'une feuille blanche
Le défi que l'entreprise veut à présent relever est de la même nature, mais sur une envergure différente. Il y a un peu plus d'un an, John Deere s'est rapproché de SV Pro. L'objectif était de voir si l'entreprise était en mesure de prendre le relais de la distribution de la marque sur une grosse partie de la Franche-Comté. Depuis le 5 janvier, c'est officiellement acté et SV Pro peut communiquer sur ses choix d'installations et de recrutements sur ce nouveau secteur. « On part d'une feuille blanche, détaille Fabien Billots, avec la nécessité d'aller relativement vite pour structurer cette nouvelle offre de distribution. Nous devons implanter des agences et disposer, à terme, d'un bon maillage du territoire. » Le secteur que SV Pro va récupérer pour la distribution de la marque John Deere comprend le nord-est de la Côte-d'Or, une partie de la Haute-Marne, une partie du département de la Haute-Saône, le Jura et le Doubs. Il s'agit d'un quasi-doublement de son périmètre actuel. Côté bâtiments nécessaires, il y aura de la création ex nihilo et du réaménagement de structures existantes (voir encadré). « Ce développement constitue aussi pour nous une nouvelle approche, poursuit Fabien Billault, puisque nous allons aborder un marché qui est structuré de manière inverse à celui que nous connaissions jusqu'alors : sur notre zone « historique » nous travaillons surtout avec des céréaliers et de l'élevage allaitant. Les laitiers y sont très minoritaires. Sur la nouvelle zone, la dimension laitière est beaucoup plus importante et les grandes cultures ou l'élevage allaitant moins répandus. Ce sera une nouvelle corde à notre arc ! »
Même taille mais structuration différente
Si le périmètre double les objectifs commerciaux affichés par SV Pro devront suivre la même courbe sur des marchés de taille similaire entre Bourgogne et Franche-Comté mais donc structurés de manière quasiment inversée : sur la zone « historique » de SV Pro, le marché annuel se situait, bon an, mal an, à 200 tracteurs en moins de 150 ch et 400 de plus de 150 ch. Sur la nouvelle zone, on devrait être sur le même nombre mais avec une inversion entre les plus de 150 ch et les moins. « On sera sur une forte évolution de notre « mix » produits » constate le directeur général. Face à cela, Fabien Billault va pouvoir s'appuyer sur l'expérience de Patrick Petit. C'est lui qui l'a recruté au poste de directeur général de SV Pro fin 2019. Il a eu l'occasion lui-même d'être confronté par le passé à ce type de développement avec d'autres sociétés, mais guidé par un impératif : ne jamais oublier le service qu'on rend au client.
SV Pro lancé sur une croissance inédite
Constructions, implantations, recrutements
Dans le cadre de ce développement, SV Pro s'apprête à déposer un premier permis de construire à Selongey, en Côte-d'Or. Sur cette commune l'agence devrait devenir opérationnelle à l'automne 2026. Une démarche identique est menée à proximité de Gray, en Haute-Saône. Ces deux agences feront environ 2 000 m2. Concernant les secteurs de la Franche-Comté plutôt orientés élevage laitier, l'entreprise cible un bâtiment situé près d'Orgelet, dans le sud du Jura et un second proche de Pontarlier, dans le Doubs. Les bâtiments existent déjà mais ils bénéficieront de divers aménagements afin de correspondre à leur nouvelle destination. L'implantation sur ces deux sites devrait intervenir avant cet été. « En parallèle, poursuit Fabien Billault, nous poursuivons nos recherches de terrains du côté de Poligny, dans le Jura, autour de Rioz en Haute-Saône et vers Valdahon pour le haut-Doubs. La première des attentes des clients, c'est la proximité ! » Sur ce secteur, contrairement aux zones grandes cultures, l'objectif de SV Pro est de s'appuyer sur des agences de taille plus réduite, mais plus nombreuses. Au terme du processus, le directeur général estime que l'entreprise s'appuiera sur huit agences de plus, soit un total de dix-sept. Pour l'heure, une dizaine de recrutements ont été opérés, mais à terme, pour que le nouvel ensemble fonctionne correctement, il faudra entre 80 et 100 personnes de plus. Un directeur général adjoint, Sébastien Jonville, a fait son entrée dans l'organigramme, en novembre dernier. Il est en charge du chantier des recrutements nécessaires, mais aussi de la recherche de sites pour la couverture du nouveau secteur.