Sous le signe de la fierté
Cette nouvelle édition du Salon international de l'Agriculture ouvre ses portes à Paris ce samedi 22 février avec comme invité d'honneur, le Maroc. Les organisateurs ont décidé de placer l'évènement sous le signe de la fierté.

Nul ne peut encore prédire comment se déroulera le prochain Salon international de l’agriculture qui ouvre ses ports ce samedi 22 février. Celui de 2024 s’était déroulé sur fond de mécontentement de la profession et de manifestations agricoles. L’inauguration par le Président de la République Emmanuel Macron et les visites des membres du Gouvernement avaient été très encadrées, les CRS étant présents à chaque coin de stand ou presque. Cette année, les organisateurs entendent préserver le caractère convivial sinon festif de cet événement qui rassemble, bon an mal an, plus de 600 000 visiteurs (lire encadré). C’est d’ailleurs le premier salon de France et d’Europe en termes de fréquentation et ce sont « neuf jours uniques pour passer une étape positive », a indiqué Jérôme Despey, président du Sia.
« Point de départ d'un nouveau souffle »
Le thème de cette année est celui de la fierté, car cette vitrine de l’agriculture française veut « retisser le lien avec les populations et créer des ponts là où d’autres voudraient y mettre des murs », a-t-il indiqué, tout en s’ouvrant à l’international (lire encadré). La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, souhaite, elle aussi, conserver à ces journées « l’enthousiasme populaire qu’elles dégagent car ce n’est pas un salon comme un autre (…) Cette édition doit être le point de départ d’un nouveau souffle pour notre agriculture », a-t-elle affirmé, affichant sa volonté « de tailler en pièces le modèle décroissant » que certains veulent imposer à la profession. Pour Jérôme Despey comme pour la ministre, ce salon doit être l’occasion de « nous projeter dans une ère de reconquête de notre souveraineté alimentaire et d’ouvrir un nouveau chapitre, un nouveau pacte social entre la nation et ses agriculteurs », a indiqué la membre du gouvernement. Le Sia se révèle aussi le moment privilégié pour faire passer quelques messages comme celui de donner une « dimension régalienne à l’alimentation ». D’où « la nécessité de réarmer notre agriculture, ce qui n’exclut en rien d’exporter et d’importer », a précisé Annie Genevard. « Quand nous importons 50 % de la volaille et 70 % des fruits que nous consommons, je pense que nous avons atteint notre niveau d’alerte maximum », a-t-elle observé, excluant toute volonté de repli sur soi.
Plus nombreux que les PME
De son côté, le politologue Bruno Cautrès a listé les bonnes raisons pour que l’agriculture soit fière de ses résultats : « Avec plus de 400 000 exploitations, elle est deux fois plus nombreuse que le nombre de PME en France. Elle est aussi le premier exportateur mondial d’animaux vivants, de vins et spiritueux et de semences », a-t-il souligné. De plus, c’est le secteur qui s’est « le plus adapté au cours des dernières décennies », a-t-il ajouté, listant les normes européennes, les contraintes administratives, les demandes des consommateurs ou encore le dérèglement climatiques… « C’est un secteur qui poursuit sa mue ». Un peu en marge du Sia, les professionnels du monde agricole pourront se retrouver au sein du SIAPRO qui fête sa deuxième édition. Ce salon se déroulera les 23, 24 et 25 février au Hall 7.2 du Parc des expositions. « Sur les 600 000 visiteurs, 60 000 sont des professionnels » a expliqué Jérôme Despey qui pointe leur volonté « d’échanger sur leur métier, leurs contraintes et sur les solutions à mettre en place ». Les organisateurs ont prévu deux espaces dédiés (Le Forum et Le café des Agris) qui proposeront 35 conférences, avec une centaine d’intervenants, parmi lesquels Nicolas Chabanne (C’est qui le patron ?), l’ancien ministre Arnaud Montebourg, ou encore l’agriculteur Youtubeur, Thierry Baillet. Le Sia devra se réorganiser et sans doute être repensé car entre 2026 et 2028 les Hall 2 et 3 seront en travaux. Un nouveau défi en vue pour les organisateurs.
Les politiques encadrés
À l’issue du Salon de 2024, les organisateurs avaient souhaité remettre un peu d’ordre dans les visites politiques. « Les politiques quels qu'ils soient sont les bienvenus mais il faut que ça se passe dans les meilleures conditions », a redit le président du Sia, Jérôme Despey. Concrètement, une charte sera signée par les politiques qui vont déambuler dans les allées du Salon. Un politique ne pourra avoir qu’une visite officielle sur toute la durée du Salon. Toute autre visite sera considérée comme privée. De plus, la délégation accompagnant la personne concernée ne pourra pas dépasser 25 personnes et le tractage politique sera interdit. Le parcours sera préétabli et devra être scrupuleusement respecté. Les organisateurs veulent faire de 2025, une sorte de tour de chauffe. C’est pourquoi cette charte n’aura qu’un caractère de sensibilisation. Mais pour l’édition 2026, elle sera obligatoire pour tous.
Le Maroc, invité d'honneur
Depuis sa nomination à la tête du Salon, Jérôme Despey a souhaité renforcer l’international. D’où la mise à l’honneur cette année du Maroc comme invité d’honneur. C’est une première dans l’histoire du Sia que de mettre un pays en évidence. Ce choix s’imposait presque, après la visite officielle du Président Macron du 28 au 30 octobre dernier dans le royaume chérifien. Le pays disposera d’un pavillon de 500 m2 pour présenter ses produits du terroir : huile d’olive, argan, safran, agrumes, tomates… « Nous sommes aussi confrontés au dérèglement climatique : nous subissons la 6e année de sécheresse aiguë consécutive », a déclaré M. El Mahdi Arrifi, directeur général de l’Agence pour le développement agricole. le France sera l’invitée d’honneur du prochain Salon international de l’Agriculture du Maroc (Siam) du 21 au 27 avril prochain à Meknès.