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Dijon Céréales

Rassemblés autour des marchés en tension

La faute à la crise sanitaire, le rendez-vous n’avait pas pu avoir lieu depuis fin 2019. La traditionnelle conférence des marchés Dijon Céréales s’est déroulée le 5 mai à Longvic.

Par COMMUNIQUÉ
Rassemblés autour des marchés en tension

Plusieurs experts des marchés des fertilisants et des céréales ont partagé un panorama allant du contexte de tension internationale à l’équilibre des exploitations agricoles de Bourgogne Franche-Comté. Sofian Dekkiche, trader chez Ameropa, rappelait les fondamentaux avec un marché des engrais azotés structurellement « short » depuis plusieurs mois. Il évoquait bien sûr la prépondérance du gaz (et de son prix) dans la fabrication de l’azote, mais aussi d’acteurs comme la Russie et l’Ukraine et Biélorussie dans le commerce mondial des engrais et solutions azotées. La parité euro/dollar, le ratio prix engrais / prix céréales, les hausses du fret et du pétrole abondent l’inflation. « Une certitude pour nous, les prix vont demeurer hauts sur la campagne 22-23, avec sans doute de la volatilité. La meilleure des solutions face à la situation, acheter régulièrement ! ».

Un message entendu par Guillaume Dandoy, responsable du pôle nutrition végétale de l’union Area, une activité d’approvisionnement qui pèse 1,4 million de tonnes pour les 18 coopératives membres. « L’anticipation de nos besoins est un facteur clé pour sécuriser nos achats et vos futurs approvisionnements, dans une approche multi-sources, multiproduits, s’appuyant aussi sur une logistique multimodale avec par exemple les contre-voyages d’engrais depuis Fos-sur-Mer ». Cette recherche d’anticipation, Dijon Céréales l’a mise en œuvre en consultant ses adhérents autour de leur stratégie d’achat d’approvisionnements 22-23, et pour laquelle Benjamin Boyet, directeur des approvisionnements, notait une baisse importante des intentions de fumure de fond.

Des marchés céréaliers déstabilisés

Arthur Portier, consultant matières premières chez Agritel, dressait le constat de marchés céréaliers déstabilisés et inscrits de toute façon, à un horizon de 25 ans, dans une course à la production pour suivre la consommation (+ 165 Mt de blés nécessaires en 2050 pour nourrir le monde). Conjoncturellement, le conflit en Ukraine pourrait faire reculer la production locale de blé de 6 millions de tonnes en 2022. L’expert a rappelé l’impact météo aux USA sur le bilan mondial, avec une zone de production de blé frappé par la sécheresse et d’orge en excès hydrique. « De grandes zones de production de blé sont également menacées (Maghreb, Moyen-Orient et Asie du Sud), ce qui, en l’absence de l’Ukraine, pourrait nous faire entrer dans une période de tension extrême ». D’autant plus que, côté maïs, la production est sur le fil avec des surfaces implantées en net recul (-4 millions d’hectares USA, UE et Ukraine). Pendant ce temps, les Russes pourraient eux réaliser une excellente récolte de blé avoisinant les 85 millions de tonnes…

Franck Pasquiet, directeur commercial de l’union Cérévia (coopératives de l’Alliance BFC et Oxyane) notait que le marché des privés algériens, tunisiens ou marocains est peu captif et que le conflit en Ukraine n’a pas énormément fait reprendre de l’intérêt au blé français sur les derniers appels d’offres (discount de 50 € des origines roumaine/bulgare, concurrents toujours plus agressifs). « Le blé français vaut mieux que sa teneur, mais la qualité du lot français est systématiquement dans la limite basse des cahiers des charges des acheteurs internationaux. Il faut cependant continuer de faire de la qualité, de la protéine et du gluten, même si l’aspect prix du pain pèse lourd dans la balance quand nous accusons 15 à 20 euros/tonnes de différence vis-à-vis des Pays de l’Est ».

Concluant les débats, le directeur général de Dijon Céréales Christophe Richardot, admettait le climat d’incertitude engendré par le contexte, mais face auquel, comme l’avait d’ailleurs noté dans son propos d’ouverture le président Didier Lenoir appelant à garder la tête froide, « le modèle et la dynamique coopérative sont des atouts pour s’adapter et faire preuve de résilience ! ».

Parmi les intervenants