Quelles techniques d'épandage d'effluents demain ?
À l’occasion du Sima qui s’est tenu du 6 au 10 novembre à Paris nord Villepinte, diverses conférences ont eu lieu. Parmi elles, celle sur l’évolution des matériels d’épandage d’effluents. Car aujourd’hui, la qualité de l’air représente un enjeu important pour l’agriculture en France, au même titre que la qualité de l’eau et du sol.

Du 6 au 10 novembre a eu lieu le Sima (salon international des solutions et technologies pour une agriculture performante et durable) à Paris nord Villepinte. L’occasion pour les visiteurs d’assister à de nombreuses conférences sur diverses thématiques, toujours en lien avec des solutions innovantes pour l’agriculture d’aujourd’hui et de demain.
Parmi toutes ces conférences, l’une d’entre elles abordait la thématique de « l’évolution des matériels d’épandage d’effluents : un progrès pour la planète, une opportunité pour les agriculteurs ». Le but étant de répondre aux enjeux de la qualité de l’air en agriculture à travers la présentation des agroéquipements d’épandage d’effluents d’élevage et de leur plus-value pour les agriculteurs.
Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture de l’Yonne et l’un des élus référents agroéquipement à Chambres d’agriculture France est intervenu lors de cette conférence pour présenter le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (Prépa), pour 2022-2025, qui devrait prochainement sortir. « Ce plan prévoit une réglementation pour interdire l’utilisation du matériel d’épandage émissif en ammoniac, comme les buses palettes, et pour renforcer l’enfouissement rapide des apports d’engrais (en moins de 12 heures). Le rôle des Chambres d’agriculture est d’accompagner l’évolution des pratiques d’épandage et la transition de matériels d’épandage performants », indique-t-il.
Des alternatives aux buses palettes en développement
Pour l’heure, seules des préconisations sont prévues. « On ne sait pas si ce plan va déboucher sur des réglementations, c’est le ministère de l’Agriculture qui décidera. Aujourd’hui, ce qui est voulu, c’est une sensibilisation auprès des agriculteurs pour aller vers de moins en moins d’épandage à partir de buses palettes et de plus en plus d’épandage en enfouissement », explique Arnaud Delestre.
Épandre à partir de buse palette n’est plus vraiment adapté à cause de la pollution de l’air que cela engendre. Alors, en alternative, d’autres procédés se développent. « Le premier se fait avec des rampes à pendillards (ou tuyaux). Au lieu d’être envoyé en l’air puis retomber au sol, le lisier est directement déposé au sol grâce à ces tuyaux. Avec cela, il y a 30 % de moins d’émissions dans l’air d’ammoniac, si on estime qu’il y en a 100 % avec la buse palette ».
Le second procédé reprend le premier, avec des patins en plus, ce qui écarte la végétation et permet au lisier d’être déposé au pied et non pas sur l’herbe. Le troisième procédé, c’est l’enfouissement. « C’est un outil de travail du sol que l’on rajoute derrière la cuve à lisier, soit à dents soit à disques, qui va faire un sillon et permettre au lisier d’être directement déposé dans le sol ».
À travers ce plan, le gouvernement dresse deux objectifs majeurs : le premier est que 60 % des lisiers épandus aujourd’hui avec des buses palettes soient faits avec pendillards ou équivalent d’ici 2025 ; le second que l’enfouissement des lisiers dans les 12 heures passe de 53 % (actuellement) à 90 % parmi les 48 % de lisiers déjà enfouis en 2019.
« Il est vrai que ces procédés peuvent être une contrainte supplémentaire pour les agriculteurs mais ils peuvent aussi être une valorisation », assure Arnaud Delestre. « Quand on voit les prix des engrais aujourd’hui, il peut être intéressant de mettre l’ammoniac dans le sol pour qu’il soit valorisé », conclut-il.
