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Avenir de l'agriculture

Quelles solutions mises en place par les agriculteurs de BFC depuis cinq ans ?

Nous poursuivons notre série d’articles en lien avec le rapport « Imaginer demain – Agir maintenant » qui concrétise les réflexions et les axes de développement possibles pour l’agriculture régionale à l’horizon 2040. Second épisode : avant les propositions pour l’avenir, regardons ce que les agriculteurs de BFC ont mis en place ces cinq dernières années.

Par Berty Robert
Quelles solutions mises en place par les agriculteurs de BFC depuis cinq ans ?
Parvenir à alléger un peu sa charge de travail (en particulier en élevage) apparaît comme une attente fortement exprimée chez les agriculteurs interrogés pour la démarche « Imaginer demain - Agir maintenant ». (Crédit Franck Mechekour)

Réfléchir à l’avenir de l’agriculture de Bourgogne Franche-Comté (BFC) est à la fois utile et nécessaire, mais beaucoup d’agriculteurs n’ont pas attendu le lancement de cette démarche pour mettre en place certaines réponses aux enjeux, ces cinq dernières années. C’est tout le mérite du rapport « Imaginer demain – Agir maintenant » que de s’appuyer sur des approches qui ont pu être ponctuelles et isolées, mais qui sont autant de sources d’inspiration. En menant leur enquête, les initiateurs du rapport (Chambre régionale d’agriculture de BFC et de nombreux partenaires) ont interrogé les agriculteurs sur les principales difficultés qui étaient les leurs. Sur les 1 211 répondants, 23 % indiquent cumuler des difficultés financières, humaines, techniques et liées au sentiment d’une perte de sens dans leur métier. La plus grosse part de répondants (38 %) cumule des difficultés techniques et financières. Seuls 7 % déclarent n’avoir aucune difficulté.

Des solutions multiples

69 % des agriculteurs interrogés ont déclaré avoir été confrontés, ces cinq dernières années, à des difficultés humaines (manque de main-d’œuvre, main-d’œuvre peu qualifiée, pénibilité au travail, difficultés d’entente entre associés ou avec un salarié, surcharge administrative…) Les exploitations viticoles ou les élevages de porcs et de volailles apparaissent comme les plus concernées par ce type de problématique. C’est beaucoup moins évident en grandes cultures. Face à ces défis, plusieurs types de réponses ont émergé : augmenter le nombre d’heures de travail, accroître le parc de matériel et d’équipements, avoir recours à la sous-traitance, mais aussi au travail bénévole (entourage familial…) Certains (16 %) ont fait le choix de diminuer ou d’arrêter une de leurs activités, ou de réorganiser leurs ateliers pour gagner en efficience. Des modifications de choix de cultures et de conduites culturales peuvent intervenir afin de permettre aux agriculteurs de mieux vivre leur travail. Face à la surcharge administrative, les réponses mises en place passent par un plus grand recours aux outils numériques : une arme à double tranchant puisque, pour certains agriculteurs, ces mêmes outils sont au contraire le symptôme de l’alourdissement des tâches administratives… La sous-traitance ou le recours à des salariés, parfois par le biais de groupements d’employeurs, sont d’autres réponses qui ont émergé. Mais déléguer certaines tâches administratives n’apparaît pas toujours évident.

Forte attente en matière d’échanges

Sur les difficultés d’ordres techniques, parmi les réponses évoquées, on note la mise en place de pratiques agroécologiques ou permettant de s’adapter au changement climatique. Les agriculteurs sont, dans ce cadre, très demandeurs d’échanges, de retours d’expériences. Sur la question cruciale de la ressource en eau, alors que 75 % des sondés affirment faire face à un manque de disponibilité, certains ont fait le choix du stockage par citerne ou poche à eau, d’autres font évoluer leurs assolements en intégrant des cultures ou des variétés moins gourmandes en eau. Cela peut aussi se traduire par une réduction de cheptel ou la remise en état de sources ou de mares. Pour l’accès au foncier l’attente d’une politique plus équilibrée entre les exploitations se fait jour. On songe aussi à améliorer la valeur ajoutée produite sur une même surface. Enfin, retrouver du sens à leur métier passe, pour beaucoup d’agriculteurs, par l’implication dans des syndicats, des associations, voire en politique. Il n’en reste pas moins que près d’un quart des sondés (23 %) exprime sa volonté d’arrêter tout ou partie de son activité agricole. Et beaucoup sont soulagés de voir arriver la retraite…