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FCO

Prendre la température...

Le 1er avril, à l'initiative de la FDSEA 58, une rencontre était proposée à Saint-Aubin-les-Forges afin de mettre en avant la problématique de la FCO dans le département.

Par Chloé Monget
Prendre la température...
Une rencontre était organisée avec la préfecture de la Nièvre, par la FDSEA 58, le 1er avril à l'EARL Mussier à Saint-Aubin-les-Forges.

Bien loin d'être un poisson d'avril, l'invitation de la FDSEA 58 du 1er avril, à l'EARL Mussier (La Forêt à Saint-Aubin-les-Forges) avait pour but de mettre en lumière toutes les conséquences que la FCO engendre dans le territoire. Ainsi, étaient conviés Fabienne Decottignies, préfète de la Nièvre, la DDT 58, la Chambre d'agriculture de la Nièvre, le GDS 58 et les JA 58 ainsi que les coopératives et exploitants intéressés par la rencontre.

Après un accueil café convivial, les échanges ont commencé par l'intervention de Valérie et Christophe Mussier, exploitants (EARL Mussier), accompagnés de leur vétérinaire référent, Docteur Alain Brunet (Clinique Vétérinaire des deux Nièvres – Prémery et Guérigny). Christophe Mussier débute : « 2024 a été anxiogène pour les éleveurs et les céréaliers à cause des conditions climatiques complexes. À ce contexte se sont greffées, pour les premiers, les complications dues au parasitisme et, en plus, les maladies vectorielles… Pour ces dernières, nous nous estimons épargnés, avec environ 6 % de perte, mais certains collègues déplorent des cheptels touchés à 30 % ». Pour éclairer un peu plus leur situation, ils poursuivent : « Nous avons vacciné dès que cela fut possible mais comme vous le savez, Madame la préfète, nous avons eu des problèmes d'approvisionnement des vaccins… ».

Aides et anticipation

Après cette contextualisation ciblée, le Docteur Brunet donne un éclairage plus global : « Pour la FCO, le cheptel nivernais a été atteint dès début septembre, avec des avortements notamment. Actuellement, nous constatons une surmortalité pour les veaux avec parfois une trentaine de têtes manquantes au cheptel de certains éleveurs ». Emmanuel Bernard, président de la FDSEA 58 et présent lors de la rencontre, rebondit : « Pour toute la campagne, il y a 10 000 veaux en moins pour la Nièvre. C'est grave ! Proportionnellement, nous sommes le département le plus touché. Nous n'avons jamais vécu cela ». Toujours dans l'optique de dépeindre cette situation exceptionnelle, le Docteur Alain Brunet ajoute : « Mes confrères et moi et vétérinaires avons passé énormément de temps auprès des animaux et des exploitants avec pas une semaine exempte d'euthanasie. Je vous laisse imaginer notre état d'esprit et celui des éleveurs lors de ces instants… Outre une surcharge de travail que cela a impliqué, la gestion réglementaire des cas et des vaccins a été d'une grande complexité, car il y a eu un manque d'anticipation manifeste. L'État aime nous solliciter lorsqu'il a besoin de nous, mais j'espère sincèrement que la prochaine épidémie ne sonnera pas le glas de notre profession et je pense que pour éviter cela, il faudra de l'anticipation ». Pour justement prévoir en amont, la question des vaccins fut abordée avec le coût financier que cela représente pour une exploitation. Ainsi, Valérie et Christophe Mussier partagent leur expérience en la matière : « Tout le cheptel de souche est vacciné MHE ce qui représente 7,50 euros / injection pour la MHE (soit environ 1 500 euros de dépenses sur l'exercice de l'exploitation). Pour la FCO 3, nous avons bénéficié des doses gratuites donc nous ne pouvons parler de coût ». Une personne dans l'assemblée rajoute : « Au début, certains ayant déjà des problèmes de trésorerie n'ont pas pu vacciner et ont donc perdu des animaux en nombre ; engendrant une perte économique additionnelle à une situation déjà enlisée ». Même si pour le Docteur Alain Brunet : « La vaccination est un investissement plus qu'une dépense » il martèle : « La prévention est le nerf de la guerre face à ce genre de maladies vectorielles, c'est une question de défense sanitaire globale. De ce fait, il faut un soutien à la prévention de la part de l'État car clairement ces pertes ne sont pas ce que l'on peut nommer d'habituelles ». Emmanuel Bernard complète : « ce qui m'inquiète c'est la traçabilité sans faille qui nous est imposée, mais qui ne permet pas de nous prémunir de certaines maladies dont l'origine est inconnue, à l'image de l'arrivée de la fièvre aphteuse en Hongrie et Slovaquie (1). Pour le moment, l'État ne semble pas se positionner ou prendre des mesures d'anticipation ; Allons-nous donc revivre la même chose qu'avec la FCO ? Cela me fait peur… ». Retrouvez les autres inquiétudes ainsi que les leviers possibles pour l'avenir évoqués durant la rencontre dans un prochain numéro de Terres de Bourgogne.

 

Le Docteur Alain Brunet (à gauche) avec Christophe Mussier (à droite) dépeignant la situation lors de la rencontre du 1er avril.

1. https://gtvbfc.com/index.php/2025/03/24/fievre-aphteuse-1er-foyer-en-allemagne-2/