Les commerçants en bestiaux appellent à relancer les naissances à tout prix !
Les commerçants en bestiaux bourguignons se sont réunis à Chérizet le 28 mars dernier. Au centre de leurs préoccupations, l’érosion des naissances bovines, la situation sanitaire et une conjoncture inédite.

Le syndicat des commerçants en bestiaux de Bourgogne (SCBB) a tenu son assemblée générale le 28 mars dernier à Chérizet. Durant cette réunion, les commerçants en bestiaux ont exprimé toute leur inquiétude quant à la baisse des naissances bovines. L’érosion du cheptel se poursuit à l’échelle européenne et la baisse s’accélère même, confirmait l’intervenante de la Fédération Française des Commerçants en bestiaux (FFCB). 191.000 naissances auraient été perdues à l’échelle nationale depuis 2023. D’après les calculs d’Interbev, 20 % de cette baisse proviendrait de la décapitalisation et 80 % des maladies vectorielles.
Vacciner le cheptel de souche
« Ces maladies vectorielles, on va devoir vivre avec », résumait l’intervenante. Le GDS 71 confirmait pour cet hiver une hausse de mortalité sur les petits veaux, une baisse des déclarations de naissances avec beaucoup de vaches vides et un triplement des déclarations d’avortements. Du fait de l’impact de la FCO et de la MHE, les professionnels du bétail s’attendent à un manque d’animaux significatif en fin de campagne et pour la saison prochaine. Une baisse de production qui les inquiète beaucoup. Pour la FFCB, le mot d’ordre est de vacciner le cheptel de souche. Malheureusement pour l’heure, les vaccins sont en rupture de stock. En attendant, les éleveurs sont vivement encouragés à effectuer des pré-commandes, levier indispensable pour que les laboratoires mettent des doses en marché, expliquait-on.
Maintenir le volume
Les commerçants en bestiaux estiment aujourd’hui qu’il faut « relancer les naissances à tout prix. C’est un enjeu pour l’avenir de l’élevage ». En effet, les professionnels de la filière sont convaincus qu’il faut maintenir un volume suffisant d’animaux produits. Ce volume est une nécessité pour être en mesure de répondre à des appels d’offres de pays émergents, argumente Alexandre Berthet, co-président du SCBB et président des jeunes négociants de la FFCB. Aussi, les commerçants en bestiaux appellent-ils à soutenir les éleveurs à faire naître et pas seulement l’engraissement et l’indemnisation des pertes.
Conjoncture inédite
Les négociants sont aux premières loges d’une conjoncture difficile à cerner. À la baisse des naissances s’ajoute une baisse des abattages depuis cette année. Le prix des jeunes bovins a connu une forte hausse avec un ralentissement ces derniers jours et un gros différentiel de prix entre la France et l’Italie de 1 euro d’écart, indiquait-on.
En ce moment, les opérateurs se retrouvent « en porte-à-faux face aux clients » du fait de broutards devenus très chers et de jeunes bovins en baisse… Au point qu’il leur sera probablement « difficile de maintenir le prix du maigre dans le futur… ». Les cours des femelles continuent d’augmenter.
Manquant de viande, l’Italie importe davantage de jeunes bovins finis
La veille de l’assemblée générale, les conditions d’exportation vers l’Italie étaient simplifiées pour la FCO. La FFCB aimerait que la recherche trouve un vaccin unique pour tous les sérotypes de la maladie. Concernant la MHE, « maintenant que le vaccin est là », les commerçants en bestiaux demandent l’arrêt du zonage. Ils sont également très inquiets de l’apparition de la fièvre aphteuse dans l’est de l’Europe. Le sanitaire a fait l’objet d’un point par le GDS 71 (IBR, BVD, Bestnoitiose…) et la DDPP 71 pour les conditions d’export pays par pays.
« Un grand virage pour notre profession »
En conclusion de cette assemblée générale, Alexandre Berthet parlait d’un « grand virage pour notre profession » ; une « occasion de se remettre en question » avec « des choses à faire » telles que « synergies, économies d’échelle… ». Confrontées à la baisse de production, les entreprises de commerce en bestiaux font face à la hausse des charges, aux coûts exorbitants de transport et à des normes foisonnantes… Mais loin d’être immobiles, les commerçants en bestiaux se restructurent et leurs entreprises demeurent dynamiques comme en témoignaient les nombreux négociants présents à Chérizet le 28 mars dernier.
Aliments Lagrost change de mains
Comme l’an dernier, le syndicat des commerçants en bestiaux avait choisi le Domaine des Trois Lacs à Chérizet pour son assemblée générale. Ce site somptueux qui accueille séminaires, mariages, congrès, évènementiel…, avec restauration et hébergement sur place, est l’affaire de la famille Lagrost. Maire de la plus petite commune du département (15 habitants), Armand Lagrost est venu annoncer aux négociants qu’il venait de vendre son entreprise de fabrication d’aliments fondée en 1994. Le fonds a été repris par une société belge, la Maison Francon. Il s’agit d’une entreprise familiale, elle aussi, spécialisée dans les aliments pour bovins haut de gamme. Les deux patrons se sont immédiatement trouvé un certain nombre de points communs et sont rapidement tombés d’accord sur une reprise de la célèbre entreprise. La Maison Francon conserve le nom Lagrost ainsi que la totalité des salariés. Grâce à ce repreneur privé, Aliments Lagrost devrait connaître un nouveau départ qui rassure d’ores et déjà le fondateur historique Armand Lagrost.