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Litière bois

Ne pas rester sur la paille...

Après les explications sur la gestion de la haie (notre dernière édition), la rencontre à Millay, organisée dans le cadre du PEI « S'adapter », s'articula autour de l'utilisation des plaquettes en litière.

Par Chloé Monget
Ne pas rester sur la paille...
Une démonstration de déchiquetage fut proposée avec la Cuma Terr'eau (58) en plus de celle du grappin-coupeur de la Cuma Compost 71.

Suite aux explications sur la gestion de la haie (voir TDB n° 1826), les échanges se fixèrent autour de l'utilisation des plaquettes en litière, spécifiquement pour les bovins allaitants. Étienne Bourgy, chargé de mission en Agroforesterie à la Chambre d'agriculture de la Nièvre, alerte : « attention aux conditions d'élaboration de votre litière et surtout au taux d'humidité. En effet, si elle n'est pas assez sèche, son pouvoir absorbant sera réduit. De la précision est donc nécessaire si l'on souhaite avoir une litière de qualité ».

Afin de donner quelques clés sur les éléments à connaître pour la conception de la litière, il détaille : « l'objectif est d'atteindre un taux d'humidité de la plaquette inférieur à 25 % après environ 4 mois de séchage/fermentation. Le stockage peut s'effectuer en tunnel, en grange, en silo couloir ou encore sous bâtiment. Les bâches feutrées sont déconseillées car elles ne garantissent pas un taux d'humidité suffisamment bas au bout des 4 mois. Il est important aussi de rappeler que l'épandage de copeaux n'acidifiera pas les sols que ce soit après un épandage de fumier frais ou composté. Enfin, il faut entre 15 et 18 mois à la lignine (bois) pour se dégrader en calibre 30 à 50 mm ». Pour l'utilisation, il rajoute : « différentes techniques sont possibles : en sous-couches (la plus utilisée et la plus efficace, permet d'isoler et de drainer et d'économiser 1 à 1,5 mois d'utilisation de paille), en mille-feuilles (économie de paille sans la supprimer, offre une bonne portance des litières), en grosse épaisseur (moins pratique et donc peu préconisée). Je préconise de mettre 6 à 8 cm de copeau en novembre puis une fois que les animaux installés, d'attendre environ 15 jours à 3 semaines (en fonction du taux de salissement) avant de remettre une couche de copeaux équivalente à la première. Les copeaux ont une capacité d'absorption plus importante que la paille seule. Cela étant, l'utilisation des deux produits dans une litière est préconisée ». Thomas Michon, secrétaire de la Cuma Compost 71, rebondit : « plus le chargement est important, plus la litière se salit vite, mais l'intérêt est vraiment intéressant notamment pour la charge de travail – moindre avec une litière plaquette ».

Coût et avantages

Côté coût, Étienne Bourgy stipule : « si vous utilisez vos propres haies, nous constatons environ 50 % d'économie (soit entre 48 et 60 euros HT / tonne) par rapport à une utilisation de paille seule. Cela étant, pour les polyculteurs-éleveurs qui fabriquent leur propre stock de paille (à 35 – 60 euros HT / tonne), la plaquette ne sera pas forcément intéressante financièrement parlant. Pour ceux achetant une grande partie ou la totalité de leur paille à l'extérieur (90 – 100 euros HT / tonne livrée), le gain est indéniable ». Toujours sur ce volet financier, il détaille : « même pour ceux qui n'utilisent pas les copeaux pour leurs animaux, ou pour ceux souhaitant valoriser le surplus, des initiatives existent pour vendre la matière aux collectivités dotées de chaudière à plaquette, à l'image de celle de Vendenesse-sur-Arroux (71) ou encore celle de Millay. Et sur ce point, l'agriculture nivernaise n'a pas à rougir car elle fut pionnière en matière d'approvisionnement des collectivités en matière bois ». Christian Simonin, maire de Vendenesse-sur-Arroux, et présent lors de l'événement, développe : « outre l'aspect de réduction des charges énergétiques, c'est aussi une manière de soutenir l'agriculture locale en achetant la matière directement à un exploitant. Au final, je pense que tout le monde trouve son compte et j'adorerais, pour ce sujet, qu'une filière dédiée voit le jour localement ». Étienne Bourgy conclut : « la plaquette bois offre de multiples avantages, dans la gestion des haies et des systèmes, tout en étant une matière vertueuse et résiliente. À cela s'additionne l'intérêt pécuniaire que l'on peut trouver… dire qu'elle n'a que des avantages serait un peu fort, mais en tout cas, elle en a beaucoup ».