Mettre le gaz
Une journée d'échanges était proposée, le 21 février, à l'Agropôle du Marault (Magny-Cours) afin de répondre aux questions des exploitants agricoles sur la méthanisation.

Le 21 février dernier, à l'Agropôle du Marault, une journée baptisée « Méthaday Nièvre et Cher » était organisée par GRDF et le Crédit Agricole Centre- Loire dont la caisse régionale s’est dotée d’une Agence conseil en transition énergétique (ACTE) afin d’apporter des réponses aux exploitants agricoles s'interrogeant sur la méthanisation. Ainsi, environ 17 enseignes de la filière étaient présentes dont des développeurs, des constructeurs, des épurateurs, des bureaux d'études ou encore des fournisseurs.
Durant les échanges, il fut mis en évidence la volonté de GRDF de supprimer le gaz fossile d'ici 2050 pour passer au tout gaz vert, avec une insistance sur le fait de proposer 20 % de gaz vert dans ses réseaux à l'horizon 2030. Pour y parvenir, le groupe annonce la construction d'environ 120 sites de méthanisation en injection. D'ailleurs, il fut rappelé qu'à la différence de la cogénération, l'injection n'a pas besoin de moteur pour fonctionner. Parmi les autres avantages offerts par la méthanisation, David Chauvin, développement biométhane pour GRDF secteur Bourgogne et Jura, détaille : « le digestat peut être épandu dans les champs ce qui peut réduire une partie des intrants pour ce poste. Pour les déchets urbains, une hygiénisation réalisée au préalable par une chauffe à 70 °C pendant une heure détruit les bactéries pour ne pas les retrouver dans le sol ». Il poursuit : « le méthaniseur permet également d'avoir un certain revenu pendant au moins 15 ans – en fonction des contrats. Mais, il est nécessaire de sécuriser les gisements et les débouchés avant toute chose ».
Des attentions particulières
Si monter un méthaniseur semble donc une bonne idée pour dégager des revenus ainsi qu'une matière intéressante pour les exploitations, il n'en reste pas moins que certains points de vigilances doivent être pris en compte. « Pour la réussite d'un projet, le choix du méthaniseur est très important de même que celui du foncierpour lequel l'acceptation par les riverains est souvent compliquée – même si l'utilité est reconnue», souligne David Chauvin. «De plus, même si ces projets sont individuels, il ne faut pas en oublier la dimension territoriale, avec la répartition des unités dans le territoire. Et sur ce point, il est nécessaire de trouver une technique collant à la consommation locale (notamment en été où la consommation peut être moindre). Dans tous les cas, votre production de gaz vert sera priorisée par rapport au fossile au vu des objectifs à atteindre ». Concernant la consommation, Julien Schmidt, adjoint à la délégation territoriale Rhône-Méditerranée NaTran, et président de commission Gaz Vert - France gaz Auvergne Rhône-Alpes, souligne : « Si la production est plus importante que la consommation la technique de rebours est envisageable comme pour l'unité de Decize qui sera mise en service en 2027. Ce système permet aux méthaniseurs de continuer à produire, peu importe la consommation du secteur. Pour mémoire, l''investissement dans la création des rebours est pris en charge par GRDF et non les porteurs de projets ».
Investissements à connaître
Sur le sujet de la création des projets, Jean-Baptiste Hubert, chargé d'affaires Énergies Renouvelables au sein du Crédit Agricole Centre-Loire, explique : « nous proposons un conseil juridique, financier et assurantiel pour l'élaboration de votre projet. Mais, pour sa réussite, il est nécessaire de conserver une cohérence entre le coût d'investissement et d'exploitations ». Côté investissement, si les organismes bancaires sont ouverts aux propositions, il est préconisé de disposer de 20 % de fonds propres. Jean-Baptiste a appuyé que cette typologie de projets constitue un levier de développement et de modernisation des exploitations agricoles. Enfin, afin de mettre en lumière un retour d'expérience, Louis Marcel exploitant d’une unité de méthanisation dans le département du Cher était invité à partager ses conseils. « Il faut bien choisir vos partenaires, et aussi avoir une personne à plein temps qui s’occupe du projet notamment pour aller chercher des aides mais également pour suivre l'avancement des travaux et leur bonne réalisation. Et, il faut que l'exploitant s'implique afin que cela soit optimal. Il faut aussi faire confiance à son bon sens paysan pour avoir un outil qui nous facilite la vie au quotidien ».

Plus de renseignements : https://projet-methanisation.grdf.fr/