Le loup, grande préoccupation des éleveurs ovins de Côte-d'Or
Le Syndicat départemental d’élevage ovin de Côte-d’Or a passé en revue les activités de l’année écoulée. La menace du loup a évidemment occupé une grande part des échanges.

C’était au tout début du mois de septembre : à Censerey, l’éleveuse Anne Beurton découvrait une de ses brebis partiellement dévorée. C’était la troisième perte dans ces circonstances pour cette agricultrice mais la communauté des éleveurs ne s’y habituera jamais, parce qu’au-delà de son caractère traumatisant, il y a la remise en cause d’une activité et l’absurdité d’une menace difficile à cerner, insupportable pour ces agriculteurs qui le disent clairement : ils n’ont pas demandé le loup. Cette thématique a occupé une grande partie de l’Assemblée générale du Syndicat départemental d’élevage ovin de Côte-d’Or (SDEO 21), au pôle agricole de Créancey, le 15 septembre. En passant en revue les points d’actualité, le nouveau président du SDEO 21, Julien Pané, est revenu sur les discussions en cours concernant les évolutions des procédures de tir de défense contre les loups. « Des financements pour la main-d’œuvre nécessaire à la mise en place de moyens de protection des troupeaux devraient aussi être pris en compte, précisait-il. Mais il faut absolument que les brebis inscrites tuées dans ces circonstances soient indemnisées à leur juste valeur ».
Préserver la génétique
Ce dernier point est d’autant plus important qu’il y a actuellement une belle dynamique génétique dans les troupeaux de Côte-d’Or. Invité à s’exprimer sur cette question sensible du loup, Philippe Loison, directeur départemental de l’Office français de la biodiversité (OFB), dressait le constat que, si une hausse des attaques est constatée en Côte-d’Or « elle est sans commune mesure avec ce qui se passe en Saône-et-Loire ». Mais jusqu’à quand ? Les éleveurs présents ont du mal à entendre le discours qui explique que nos départements sont sur un « front de colonisation » du loup. Ils n’ont pas envie que l’animal s’installe durablement sur le secteur. Au chapitre des arguments que ces professionnels ne supportent plus d’entendre, il y a aussi la notion « d’attaque de loup non écartée ». Face à la violence de ce qu’ils ressentent sur la destruction du fruit de leur travail, cette expression résonne à leurs oreilles comme une atténuation du préjudice subi. C’est toute la difficulté du rôle des agents de l’OFB qui doivent travailler sur ces sujets avec objectivité et qui n’oublient pas que tous les actes de prédations ne sont pas le fait du loup. Cette querelle d’expression dit en tout cas beaucoup du désarroi et de la colère ressentis par les éleveurs ayant vécu une ou plusieurs attaques. Julien Pané a rappelé que les éleveurs souhaitent obtenir la grille des critères retenus pour déterminer si une attaque est due au loup ou non. Cette grille est en cours d’évolution.
« Un plan adapté aux éleveurs d’ici »
Le président du SDEO 21 exprimait aussi le fait que le doute sur la responsabilité du loup devrait toujours profiter aux éleveurs. Philippe Loison précisait néanmoins qu’en Côte-d’Or, sur les 93 constats d’attaques dressés depuis 2013, 56 % avaient abouti à la notion de « loup non-écarté » « ce qui est un taux plutôt élevé », soulignait-il. Dans le prolongement de ces propos, Frédéric Carre, le secrétaire général de la préfecture de Côte-d’Or, a rappelé que, lors de sa venue dans le département, le 15 septembre, le Président Emmanuel Macron a eu des notes sur le loup émanant de la préfecture et de la Direction départementale des territoires (DDT). « Le plan loup, soulignait-il, doit être adapté aux éleveurs d’ici qui ont un grand nombre de lots à surveiller. Nous faisons remonter les spécificités de l’élevage ovin côte-d’orien ». À quand une association plus étroite des syndicats agricoles aux analyses de détermination de l’animal responsable d’une attaque ? C’est la question que posait Nicolas Bayen, éleveur à Nod-sur-Seine en charge de la commission ovine à la FDSEA 21. Pour aller encore plus loin dans cette logique, Julien Pané estimait nécessaire que les éleveurs soient formés à la récupération d’indices lors d’attaques. Une proposition pas toujours bien acceptée par celles et ceux présents à Créancey : « nous sommes des éleveurs, pas des enquêteurs, on a autre chose à faire » déplorait une éleveuse présente.