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Transmission

La plèchie : un savoir-faire unique

La 14e édition du mois de la plèchie, organisé par le Parc naturel régional du Morvan, était le moment de renouer avec une pratique ancienne presque perdue. 

Par Chloé Monget

Autrefois utilisée par les paysans et les exploitants agricoles, la technique de la plèchie ou pièchie en morvandiau, technique de tressage de haie vivante, est aujourd’hui un savoir-faire vivant rare. La 14e édition du mois de la plèchie, orchestrée par le Parc naturel régional du Morvan et l association « les plècheux du Morvan » créée en 2014 avec plus de 60 bénévoles, fut l’occasion de participer à la conservation de cette pratique. « Le but des divers stages proposés est de transmettre de façon concrète ce patrimoine qui se perd » insiste Philippe Hoeltzel, chargé de mission patrimoine auprès du Parc et animant ces rencontres.

Un devoir de mémoire

« Si aujourd’hui les haies sont, dans la plupart des cas, broyées, la technique du tressage de haies vivantes ou plèchie permettait, il y a plus de 50 ans, de créer des haies infranchissables afin de protéger les terres agricoles. Mais, elle a commencé à disparaître en France et en Europe, dans l’entre-deux-guerres avec l’arrivée du barbelé, l’exode rural, le début du machinisme agricole et l’augmentation de la taille des parcelles. Ceux qui pratiquent en Morvan cette technique aujourd’hui sont ceux ayant appris avec leurs grands-parents et parents, donc des personnes ayant entre 60 et 90 ans. Il est donc nécessaire de préserver ce rare patrimoine vivant en transmettant notre connaissance même si la visée n’est plus agricole » pointe Philippe Hoeltzel. Chloé Laloi, socio-anthropologue à la Maison du Patrimoine Oral de Bourgogne (l’une des maisons à thème de l’Écomusée du Morvan) rebondit : « la plèchie est un savoir-faire qui se transforme au fil du temps. Aujourd’hui, cette pratique intéresse un nouveau public comme les paysagistes et les particuliers, ce qui permet de préserver un patrimoine tout entier. Au-delà de ça, ces stages sont aussi l’occasion d’utiliser des outils traditionnels comme la serpe à long manche qu’on appelle aussi « goujard » ou « vonge » en bourguignon-morvandiau ».

Un système vertueux

L’avantage de la plèchie, est de ne coûter que du temps puisque seules les arbres et rejets présents sont utilisés pour le tressage de la haie qui repoussera ensuite pour former la fameuse haie vivante. « Via ces stages on perpétue une tradition tout en utilisant la nature pour créer quelque chose d’utile et de durable. La mise en œuvre est simple, de même que l’entretien. Enfin, son aspect est plus sympathique qu’un barbelé ; la plèchie a donc tout pour elle ! » sourit Alexandrea Soriano, participant à un stage, avant d’ajouter : « je pense utiliser une version sèche pour entourer mon potager afin de le protéger un peu du vent ». Elle conclut : « Outre toutes les connaissances acquises pendant ce stage, c’est aussi un beau moment de convivialité entre tous les participants ; car c’est aussi ça le Morvan ».

La haie vivante

Philippe Hoeltzel rappelle que la plupart des plèchies sont en noisetier, charme, aubépine hêtre, dans le Morvan. « Pour en réaliser une, il suffit de travailler d’abord à l’œil pour sélectionner les troncs qui serviront de pieux (dits aussi pô vivant) puis de choisir les tiges à rabattre pour le tressage entre les pieux. Ensuite, lorsque tout est bien dégagé, on peut commencer à plècher. Quand on acquiert le coup d’œil et de main, on peut faire environ 30 m en une journée, à plusieurs bien sûr ».