La Plantation, cœur de l’économie de Kampot

Dans une région où les habitants souffrent du manque d’emplois et d’un accès limité à l’éducation, La Plantation s’est donné pour mission de fournir salaire, éducation et logement à ses employés. Une initiative de Guy Porré et Nathalie Chaboche, un couple franco-belge, qui fait vivre, en haute saison, plus de 300 Cambodgiens dans les plaines de Kampot. Un modèle économique loin des traditions cambodgiennes.

Le poivre de Kampot, une reconnaissance mondiale

Le fameux poivre de Kampot est l’un des rares poivres à bénéficier d’une l’indica­tion géographique protégée (IGP). Cette région du Cambodge réunit de nombreux éléments propices à la production de poivre : une terre fertile et une saison des pluies, de mai à octobre, apportant suffisamment d’eau et de vent pour la pollinisation des plants. À Kampot, on compte une dizaine de fermes de poivre, toutes engagées dans une production 100 % biologique, indispensable pour obtenir l’appellation IGP. Ce label fait du poivre de Kampot l’un des plus pres­tigieux au monde.

Le « truc » en plus de La Plantation

Parmi toutes ces fermes, se démarque La Plantation, créée en 2013 par Guy Porré et Nathalie Chaboche. Grâce à leurs économies de retraite, le couple a développé un écosystème avanta­geux pour les habitants des environs de Kampot. Dès le début, les employés ont bénéficié de salaires supérieurs à la moyenne cambodgienne. Sur le prin­cipe de contrats de travail inspirés des normes européennes, tous les employés disposent également d’une assurance couvrant leurs frais de santé.

En plus de la production, Guy et Nathalie ont construit des logements pour héberger les salariés et leur famille.

Pour ceux déjà logés, La Plantation prend en charge les frais de transport. Ces avantages, qui peuvent paraître standards pour des Occidentaux, repré­sentent une véritable avancée sociale au Cambodge, où le salaire de base est d’environ 100 $ par mois et les conditions de vie très précaires, notamment dans les zones rurales.

La Plantation et l’éducation

De l’école primaire à l’université, La Plantation accompagne les enfants de ses salariés et les incite à poursuivre leurs études. Dans les zones rurales du Cambodge, l’accès à l’éducation au-delà du primaire est compliqué, car il nécessite souvent de se rendre dans des villes éloignées. En conséquence, de nombreuses familles préfèrent faire travailler leurs enfants pour subvenir à leurs besoins. Face à cette réalité, La Plantation s’est engagée à offrir une éducation de qualité aux enfants des villages voisins. Depuis plus de 10 ans, et grâce à la création d’une association, la ferme soutient les enfants tout au long de leur parcours scolaire, en prenant en charge le transport vers les écoles, ainsi que l’achat des uniformes et des fournitures nécessaires. L’association soutient également les enseignants. Au Cambodge, ces derniers ne sont rémunérés que pour travailler une demi-journée, les cours étant souvent limités à la matinée. Grâce à l’association de Guy et Nathalie, les professeurs de la région bénéficient maintenant d’un complément de salaire leur permettant d’enseigner toute la journée, cinq jours par semaine. En 2025, La Plantation est reconnue à l’échelle mondiale, avec 75 % de sa production exportée, notam­ment vers les pays occidentaux. Son modèle économique durable est salué dans tout le Cambodge, et le couple fondateur a même obtenu la nationalité cambodgienne grâce à la reconnaissance du roi, devenant ainsi propriétaire des terres exploitées. Ce type d’initiative est essentiel pour le développement du Cambodge, contribuant à dynamiser l’économie locale et à donner une place centrale à l’éducation pour les généra­tions futures.