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Eau

L'Yonne s'est penché sur les usages agricoles

La préfecture de l’Yonne organisait le 22 mai une journée de conférences et d’échanges autour de l’avenir de l’eau dans le département. L’agriculture y figurait en bonne place. Une coopération accrue entre agriculteurs et collectivités locales semble être un élément clef de cette problématique.

Par Berty Robert
L'Yonne s'est penché sur les usages agricoles
Parmi les interventions de cette journée, celle du maire de Clamecy, Nicolas Bourdoune (au centre) permettait d'illustrer l'intérêt d'une action conjointe des agriculteurs et des collectivités pour préserver la ressource en eau, quantitativement et qualitativement. (Crédit Préfecture de l'Yonne)

Lorsqu’on parle des usages de l’eau, on parle forcément agriculture. Cela s’est vérifié le 22 mai à l’occasion de la journée de conférences et d’échanges organisée par la préfecture de l’Yonne, à Auxerre. Placé sous le thème de l’avenir de l’eau dans le département, l’évènement réunissait 90 invités au siège du Conseil départemental. Le but était à la fois de partager un constat quant à l’urgence de la situation actuelle et de présenter des solutions. C’était l’occasion, pour la Chambre d’agriculture, de rappeler le travail réalisé sur ces questions et depuis longtemps, comme le soulignait son président, Arnaud Delestre : « On travaille depuis la fin des années quatre-vingt sur la qualité de l’eau. L’essentiel repose sur une bonne gouvernance des dossiers « Eau » et nous avons participé à l’élaboration d’une charte départementale de protection des ressources ». Quatre chartes locales ont été mises en œuvre. Elles ont abouti à une contractualisation entre les collectivités concernées et les agriculteurs. « Sur ces questions, renchérissait Édith Fouchet, responsable environnement à la Chambre d’agriculture, il est important de faire le lien entre les agriculteurs et les élus locaux, ce que nous faisons. Il faut pouvoir se comprendre et afficher des résultats partagés. Le tandem élus - agriculteurs est indispensable pour emmener la majorité des agriculteurs vers des progrès évaluables ».

Des usages pluriels

L’Yonne compte 120 irriguants et l’agriculture représente 2 % des prélèvements d’eau du département. La Chambre mène un travail destiné à sensibiliser les irriguants sur une gestion plus précise de leurs pratiques, notamment en ayant recours à des technologies basse pression. Elle milite aussi pour la généralisation de systèmes de récupération d’eau de pluie. De manière plus globale, les échanges de cette journée ont mis en évidence la nécessité d’aborder la question des usages de l’eau dans leur pluralité. C’est particulièrement important lorsqu’on envisage la réalisation de retenues, comme le soulignait Étienne Henriot, élu de la Chambre : « l’agriculture prélève très peu d’eau mais ces prélèvements interviennent surtout en période estivale. On nous demande d’être au rendez-vous de l’autonomie alimentaire mais il ne serait pas idiot d’être aussi au rendez-vous des productions de légumes et de fruits et dans ce cadre-là, la création de retenues d’eau ne serait pas illogique ». Cet agriculteur rappelait aussi que la position de l’Yonne, en amont de Paris, n’est pas anodine : « on demande à nos territoires de protéger Paris d’éventuelles crues. Le monde agricole est donc sollicité pour créer des zones d’expansion de crues, on peut le comprendre mais, en retour, ce monde agricole doit pouvoir être mieux pris en compte dans les problématiques d’usage de l’eau ». Là encore, le lien entre agriculteur et élu paraît essentiel. Un point de vue renforcé par Jean Massé, maire de Saints-en-Puisaye : « Sur les usages de l’eau, on arrive à travailler avec les agriculteurs, mais il faut les accompagner. Une rencontre comme celle-ci devrait avoir lieu tous les ans ! » Elle permettait de comprendre comment, sur des territoires précis et à l’échelon local, des projets pertinents en termes d’environnement et de maintien de l’agriculture peuvent être menés, lorsqu’élus et agriculteurs travaillent en commun (voir encadré).

Un exemple d'action coordonnée

Une initiative, menée sur la Nièvre et l’Yonne et lancée il y a un an, était présentée le 22 mai à l’occasion de la conférence sur l’eau. Nicolas Bourdoune, maire de Clamecy, en a détaillé les grandes lignes. L’objectif de départ était de faire évoluer les pratiques des agriculteurs sur les bassins d’alimentation de captage. Des paiements pour services environnementaux (PSE) ont été mis en place. Six bassins sont concernés et les PSE sont appliqués sur trois d’entre eux. L’objectif de la mairie de Clamecy était de réduire les herbicides. Un contrat de 5 ans a été conclu avec les agriculteurs impliqués. Il comprend une enveloppe d’1 M d’euros, financée par l’agence de l’eau Seine-Normandie. « Deux indicateurs sont pris en compte, précisait Nicolas Bourdoune : les quantités de substances actives d’herbicide que l’agriculteur met sur sa parcelle durant une saison. Il ne faut pas excéder 900 g/ha, uniquement sur la surface du bassin d’alimentation de captage. Le second indicateur, ce sont les surfaces non traitées ». Le montant des PSE versés est d’environ 70 euros/ha, avec un plafonnement à 15 000 euros. À ce jour, 16 polyculteurs-éleveurs, tous en conventionnelle, sont engagés dans la démarche. Leur note moyenne obtenue sur 10 est comprise entre 6,5 et 6,8. Sur 2022, 133 000 euros de PSE ont été versés. Pour Nicolas Bourdoune, « les PSE permettent de faire des agriculteurs des acteurs majeurs de la protection de l’environnement ».