Engraissement et vigilance sanitaire
L'interprofession régionale Bétail et Viande a fait récemment le point sur deux aspects qui concernent directement la filière : le plan engraissement de la Région et la situation sanitaire.

« Sur la FCO, nous avons trois conseils à donner : vacciner, vacciner, vacciner ». Même présenté sous la forme d'une boutade, ce conseil d'Étienne Petit, le directeur de la Fédération régionale des groupements de défense sanitaire (FRGDS) lors du dernier conseil d'administration d'Interbev Bourgogne-Franche-Comté (BFC) à Pouilly-en-Auxois, en Côte-d'Or, le 13 mars, était très sérieux. Il résumait l'inquiétude du monde de l'élevage face aux menaces de la FCO et de la MHE, et, en creux, il révélait aussi une situation préoccupante : le manque de disponibilité de certains vaccins. La situation sanitaire aura occupé une bonne partie de ce rendez-vous, présidé par Yves Largy. Il faut dire que la fin de l'hiver et le retour des animaux dans les prés laissent présager un renforcement de la circulation des deux variants de la FCO actuels (3 et 8) auxquels pourrait bientôt s'ajouter la FCO 12. Et sans oublier la MHE, a priori pas encore présente en BFC mais qui en est aux portes.
FCO du nord, FCO du sud
Étienne Petit et le président de la FRDGS BFC, Pascal Martens, ont fait un état des lieux avec une Région BFC clairement divisée en deux : la FCO 3 au nord et la FCO 8 au sud. Une frontière nette qui pourrait bien se dissoudre dans la remise à l'herbe. « Ne croyez pas, prévenait Étienne Petit, que si vous avez déjà eu un variant de la FCO, vous êtes protégé et vous ne pouvez pas avoir l'autre… Il n'en est rien. » La difficulté est de bien doser les besoins en vaccins, et même quand ces derniers sont pris en charge par l'État, il n'y a pas de garantie d'une couverture complète : « Si on prend l'exemple de la MHE, poursuivait le directeur de la FRGDS, sur la zone en France où le vaccin était disponible gratuitement, seuls 40 % des éleveurs ont vacciné. » Les chiffres sont néanmoins inquiétants : sur la BFC, entre juillet 2024 et janvier dernier 12 % de mortalité supplémentaire ont été constatés, tous élevages confondus. Cette hausse n'est pas totalement imputable à la FCO, mais l'impact est tout de même réel, d’autant plus que cette surmortalité a atteint 26 % dans les élevages où la maladie avait été détectée. Plus préoccupant encore, la FRGDS note une persistance de la surmortalité, au-delà du passage du virus. En BFC, 2 500 foyers bovins et 500 foyers ovins ont été touchés, avec une très forte variabilité. Une situation sans doute encore aggravée par les conditions météorologiques très humides qui n'ont pas contribué à un bon état sanitaire général des animaux. On note également un déficit de 15 000 naissances, soit une baisse de 8 à 10 % et les avortements flambent : + 50 % de manière globale, et + 92 % dans les foyers déclarés.
Comprendre ce qui se passe
Face à cette situation, la FRGDS va conduire une enquête dans les mois qui viennent : « il faut qu'on sache ce qui se passe » concluait Pascal Martens. Au-delà de ce gros chapitre sanitaire, les participants au conseil d'administration d'Interbev BFC ont aussi évoqué le plan Engraissement lancé par le Conseil régional de BFC. L'interprofession a rencontré des élus régionaux lors du Salon de l'agriculture pour évoquer différents points liés à ce plan : contractualisation, organisation de filière sur l'aval, solitude des éleveurs et besoins de mutualiser les compétences… « Nous avons eu le sentiment d'être écoutés, soulignait Yves Largy, mais on sent quand même qu'il y a un manque de moyens. » Pour ce plan Engraissement, depuis septembre 2024, 40 dossiers ont été validés et une centaine est à l'étude. À noter que les dossiers sont acceptés uniquement s'il y a contractualisation. Pour communiquer et faire connaître les intérêts de ce plan, le département de la Nièvre a pris les devants en organisant, du 1er au 4 avril, des visites d'exploitations déjà engagées dans cette logique. Au cours de ces visites, les coopératives Feder et Sicarev présenteront leurs contrats. Le sujet n'a pas fini d'animer les conversations et il sera sûrement présent lors de l'assemblée générale d'Interbev BFC, le 17 avril, à la Cité des vins et climats de Bourgogne, à Beaune, en Côte-d'Or.