Encourager la passion
Le 8 février, les JA de Château-Chinon organisaient leur jugement de bétail dans l'exploitation de Pierre Ribaillier (Saint-Gy).

Si le jugement de bétail des JA de Château-Chinon, du 8 février, chez Pierre Ribaillier (Saint-Gy) devait départager les concurrents sur leurs aptitudes à juger les animaux, d'autres pans transparaissaient de l'événement. Baptiste Flory, président des JA du canton, détaille : « cette tradition hivernale offre un moment convivial pour toutes les générations confondues, il faut donc la maintenir coûte que coûte ».
Pierre Ribaillier, accueillant pour la première fois un jugement de bétail dans son exploitation, rebondit : « cela permet de rencontrer de nouvelles personnes et d'animer d'une autre manière une ferme ». Loin de s'arrêter à cela, Pierre Ribaillier ouvre régulièrement ses portes aux classes du Legta du Morvan : « il faut montrer aux jeunes comment nous travaillons en réalité, car parfois il y a un gouffre entre la théorie et la pratique. Ensuite, cela leur montre que, encore aujourd'hui, nous pouvons vivre avec une exploitation à taille humaine ». Pour rappel, Pierre Ribaillier, installé en 1992, est à la tête de 135 ha et de 80 vêlages (Charolaises non inscrites). Il poursuit : « avoir la folie des grandeurs ne sert à rien si l'envie ou la passion ne sont pas là ; et pour la transmettre quoi de mieux qu'un jugement de bétail ? ». Pour preuve de ces dires, il suffisait de jeter un rapide coup d'œil sur la liste des participants, et plus particulièrement sur leurs dates de naissances... 2010, 2015, 2016… et 2017 pour l'un des plus jeunes. Baptiste Flory et Lise Boulenger, secrétaire des JA de Château-Chinon, développent : « Nous prenons un petit coup de vieux lorsque nous inscrivons les dates de naissances, mais, une fois le choc passé, c'est une fierté car cela signifie que notre passion a été transmise et que la relève est là ».
Des craintes sous-jacentes
Ils soulignent également : « même si les familles du milieu agricole sont en majorité durant nos jugements, il est à noter que certaines personnes font tout autre chose mais ont des grands-parents agriculteurs. En regardant cela de plus près, nous nous sommes rendu compte que peut-être que l'ancienne génération n'a pas su ou voulu transmettre son savoir-faire potentiellement par peur de l'avenir que ce monde professionnel réservait à leur enfant. En effet, le travail d'exploitant agricole est difficile avec in fine peu de revenus, ce qui a pu en décourager certains à se lancer dans cette voie ». Avec ce trou générationnel, Lise Boulenger et Baptiste Flory ont une crainte : « Avec un grand nombre de départs en retraite prochainement – pour la génération des 55 à 60 ans – nous nous demandons comment toutes les exploitations libres pourront être reprises. De ce fait, nous redoutons que certaines partent à l'abandon ou qu'elles soient cédées à des investisseurs extérieurs pour installer des panneaux photovoltaïques ou autres… Cela soulève la question des leviers possibles pour préserver nos territoires et notre modèle agricole vertueux ». En attendant d'avoir plus de visibilité sur l'avenir, les JA de Château-Chinon et le public ont partagé ce moment privilégié avec le sourire de chacun en guise de récompense commune.
Palmarès

1. Ribaillier Martin, 2. Poncet Ethan, 3. Prévotat Maxime, 4. Prévotat Maxence, 5. Devouard Florent, 6. Bonnet Clémentine, 7. Trinquet Éloi, 8. Prévotat Florian, 9. Gauthier Julie, 10 Buteau Jules, 11. Devouard Maxence, 12. Prévotat Mathieu, 13. Bertin Manon, 14. Buchli Benoît, 15. Charpentier Charlotte, 16. Verrier Maxence, 17. Verrier Paul, 18. Girard Clémentine, 19. Fondard Flavie, 20. Bertin Chloé, 21. Trinquet Paul, 22. Séguigner Raphaël, 23. Séguiner Simon, 24. Courault Baptiste.
Teinte morose
Durant les discours de clôture, l'attaque chez la famille Blandin ainsi que celle chez la famille Bernier prirent une grande place ; manifestant le désespoir et la colère des éleveurs face à une situation qui semble dans l'impasse pour la prédation.