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Médecines alternatives

Des pratiques à connaître

Les élèves de seconde productions animales du Legta du Morvan (Château-Chinon) se sont rendus, le 3 mai, sur l’exploitation de Sylvain Bondoux à Mont (Limanton) afin de découvrir les techniques de médecines alternatives.

Par Chloé Monget
Des pratiques à connaître
Les élèves ont été invités à observer le comportement et la démarche des animaux afin de cibler les éventuels problèmes.

L’exploitation de Sylvain Bondoux, 38 ans, est un peu particulière, non pas par son cheptel ou ses bâtiments, mais par les pratiques mises en œuvre. « Je me suis installé en 2006 et j’ai mis en place la médecine alternative en 2017 suite à une grosse remise en question » pointe Sylvain Bondoux. Accompagné par Magali Naudin, 37 ans, conjointe collaboratrice, il se lance dans la phytothérapie, l’ostéopathie, l’homéopathie, la kinésiologie, etc. des pratiques que les élèves de seconde en productions animales du Legta du Morvan étaient invités à découvrir, dans le cadre de leur cursus, le 3 mai dernier.

Enseigner à produire autrement

Mesdames Blin et Lathuilliere, enseignantes en zootechnie, avaient organisé cette journée pour sensibiliser les élèves aux médecines alternatives. En introduction, Mme Blin a précisé les objectifs de cette visite : « Les médecines alternatives n’ont pas vocation à se substituer aux traitements allopathiques traditionnels. Ces médecines reposent sur l’amélioration constante des pratiques d’élevage (notamment l’équilibre alimentaire), dans l’objectif de traiter moins mais mieux. Mais, ces médecines demandent de la part de l’éleveur un temps d’observation quotidien de ses animaux. L’alternative crée une relation harmonieuse entre l’homme et l’animal et redonne du sens au métier d’éleveur. Lorsque j’enseignais à Sylvain et à Magalie, je ne parlais pas de médecine alternative dans les cours mais de pratiques allopathiques. Comme les éleveurs, je participe régulièrement à des formations afin de vous préparer au mieux à l’agriculture de demain et aux attentes sociétales. Par contre avec ma collègue, nous ne vous imposons pas ces médecines. Ce sera à vous de les utiliser ou pas. De même, il existe des plantes riches en tanins comme le lotier, la chicorée, le plantain ou le sainfoin disposant des propriétés antiparasitaires, nutritives et résistantes à la sécheresse. Vous pourrez en semer dans vos prairies multi-espèces. Vous verrez sûrement des essais de ces plantes au salon de l’herbe le 1er et 2 juin, à Villefranche-d’Allier (03) ».

Introduction de l’alternative

« Avec la vaccination, nous avions une perte d’environ 25 % sur les veaux. Face à cela, je me suis dit qu’il fallait trouver autre chose, car quitte à payer et à perdre des animaux autant changer de technique » pointe Sylvain Bondoux. C’est ainsi qu’il décide, avec Magali, de se former via les formations proposées par la Chambre d’agriculture de la Nièvre.

Bon à savoir

Sylvain et Magali insistent : « on ne peut pas se lancer dans ce type de pratiques sans se former. Des quantités précises sont à respecter et se tromper peut avoir des conséquences ». De plus, ils soulignent que : « on ne peut pas appliquer ces techniques sur de très grand cheptel, car elles requièrent une attention plus poussée sur les animaux. Nous passons les voir tous les jours, et les observons entre 10 et 30 minutes, à cela s’ajoute le temps de la cueillette de plantes nécessaires aux concoctions et à celui passé à les faire. Et on ne compte pas celui des formations, ni des nombreuses lectures nécessaires pour bien les appliquer ». Parmi ces lectures, ils conseillent : « Phytothérapie et aromathérapie chez les ruminants et le cheval » par Philippe Labre, docteur vétérinaire, Éditions Femenvet (Collection L’élevage autrement). Magali pointe tout de même : « ce n’est pas un livre de chevet mais plus un manuel technique à toujours avoir sous le coude ».

Avantages

Si ces pratiques alternatives demandent donc un certain temps, elles ont pour Sylvain et Magali de nombreux avantages : « On peut faire du préventif, ce qui permet d’éviter certains maux. Le curatif permet de son côté de se réagir au plus vite sans attendre la venue d’un vétérinaire, ce qui est plus confortable pour nous d’autant plus quand on voit la désertification de corps de métier dans nos campagnes. Financièrement parlant c’est aussi intéressant, car les produits tout prêts sont moins chers que les médicaments communs. Enfin, comme nous devons observer en permanence nos animaux et les connaître au mieux, nous avons redécouvert notre métier, et nous l’apprécions d’autant plus aujourd’hui. Le lien entre l’homme et les animaux en est transformé, pour le mieux que ce soit pour l’un ou l’autre ». Ils concluent : « Nous ne reviendrons jamais en arrière, car nous y avons retrouvé une passion : celle de l’élevage raisonné. Nous trouvons simplement dommage que ces pratiques ne soient pas plus mises en avant dans notre profession, ou que les vétérinaires n’en parlent pas plus ».

Le mot des élèves

Le mot des élèves
Un test à l'aveugle a été proposé aux élèves afin qu'ils devinent la composition de certaines cocotions, comme ici Sarah et Chloé (de gauche à droite).

Pour Chloé P. et Sarah R., 16 ans toutes les deux, cette expérience fut intéressante : « Découvrir de nouvelles techniques permet d’ouvrir nos horizons lorsque nous serons installées ». Si elles ont encore un peu de temps avant de le faire, elles s’impliquent déjà dans la ferme familiale : « Lors d’un précédent stage, j’ai eu l’occasion d’apprendre l’utilisation des huiles essentielles sur les bovins et les décoctions fermentées à base de plante. Depuis, j’ai incité mon père à utiliser ses pratiques sur son cheptel (conventionnel). Au début réticent, il est aujourd’hui très content des résultats » pointe Chloé. De son côté, Sarah souligne que : « notre exploitation est en bio, du coup nous sommes amenés à pratiquer ce type de soins ». Ultérieurement, cette classe découvrira la méthode Obsalim.

photo supplémentaire

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Magali Naudin, conjointe collaboratrice insiste : « Les quantités des remèdes sont très précises. Il faut obligatoirement avoir une formation pour se lancer dans ces pratiques ».