De la blouse aux bottes
Romain Loreau s’est installé l’an dernier en production de lait (100 chèvres environ) avec transformation et vente directe. Avec des hauts et des bas, cette année écoulée fut particulière, mais il ne perd pas espoir.

En janvier 2021, Romain Loreau, 38 ans, s’installait à Montigny-sur-Canne sur son exploitation de 5 ha baptisée Les chèvres de Montigny, avec Florian Briand, 37 ans, comme collaborateur. « On ne peut pas dire que le processus se soit déroulé sans difficultés » note-t-il. En effet, avec une signature en pleine période de crise sanitaire, son parcours n’a pas été simple, mais il y est arrivé : « Je me suis accroché, et ça s’est concrétisé » souligne-t-il.
Les origines
Avant de se lancer, Romain Loreau était aide-soignant. « Je prenais soin des humains, et désormais des chèvres… C’est un peu pareil finalement, car dans les deux cas je m’occupe d’autrui » évoque-t-il avec un sourire. Installé hors cadre familial, cet Icaunais explique que : « Je ne sais pas d’où me vient cette passion pour l’agriculture, car personne dans ma famille n’est agriculteur. Mais, déjà tout petit j’adorais cela. Il y a des photos de moi à 4 ou 5 ans en cotte de travail où je joue au fermier. Mais c’est vraiment l’élevage qui m’a toujours attiré, notamment car je ne conçois pas ma vie sans animaux. D’ailleurs, lorsque j’ai commencé à être autonome (18 – 19 ans) je me suis acheté des chèvres et des lapins… c’était une évidence pour moi ». En grandissant, s’il s’est dirigé vers la médecine, il n’a jamais perdu de vue son rêve : « À 23 ans, j’ai passé un BPREA, car je me suis dit que cela pourrait toujours me servir. De plus, je savais que grâce à ce diplôme mon installation serait facilitée même si ce n’est pas évident de se lancer quand on vient d’un milieu semi-urbain ».
La transition
Si Romain Loreau vient de l’Yonne, il a décidé de s’installer dans la Nièvre par soucis économiques : « Au départ, nous voulions trouver une exploitation en Bretagne, mais lorsque l’on essuie moult refus, on essaye de trouver d’autres options. Il n’y a qu’ici, dans la Nièvre, où les banques m’ont suivi pour mon projet d’exploitation. Avant de reprendre l’exploitation existante, j’y ai travaillé durant quelques mois. Cela était indispensable pour comprendre comment tout se déroulait, mais également pour connaître le cheptel et cibler les points que je pourrais modifier ensuite. Aujourd’hui, c’est du non-stop, car nous ne sommes que deux sur l’exploitation, ce qui est peu pour s’occuper des animaux, de la transformation et de la vente ». Afin d’avoir une aide, il fait, pour le moment, appel à des stagiaires : « Nous en avons deux qui devraient nous rejoindre en mars et en mai, chacun pour une quinzaine de jours. Cela nous aidera forcément, même si à terme nous voulons embaucher une troisième personne, non pas pour nous dégager du temps, mais pour encore mieux travailler. Malheureusement, pour l’instant, financièrement nous ne pouvons assurer ce troisième salaire ».
Une passion
« On ne fait pas ce métier pour être riche, on le fait par passion, car on ne pourrait faire autre chose. Je me suis lancé sachant pertinemment que cela ne serait pas de tout repos et que potentiellement je ne me dégagerai pas de salaire » insiste Romain avant d’ajouter : « Avec mon collaborateur, nous travaillons sans relâche et nous arrivons à nous dégager un petit SMIC chacun, ce n’est pas forcément la panacée mais pour le moment à deux sur l’exploitation, cela est déjà bien ». Afin d’augmenter ses marges, Romain a plusieurs projets en tête.
Des projets
« Nous réfléchissons à faire de la vente en région parisienne, et aussi faire plus de marchés locaux dans la Nièvre ». Actuellement, il est présent sur les marchés de Moulins-Engilbert, Corbigny, La Machine, Cercy-la-Tour, Châtillon-en-Bazois : « notre meilleure publicité est de se faire connaître localement et de vendre nos produits dans les environs, car il est important que les habitants aient conscience que leurs « voisins » ont des productions intéressantes » détaille Romain avant d’ajouter : « les produits locaux sont une force et une chance, que ce soit pour les habitants ou pour les touristes ». Pour l’anecdote, Romain prend son exemple : « Quand je pars en vacances, ma première préoccupation est de trouver une fromagerie locale pour goûter les produits. Il y a une telle diversité, c’est un plaisir de découvrir cela à chaque fois pour un gourmand tel que moi ».
Penser aux autres
Outre les divers canaux de vente envisagés par Romain, une autre idée l’intéresse : trouver d’autres produits locaux pour les vendre dans la boutique de sa ferme. « Je pense qu’il faut proposer à nos clients une multitude de produits des environs et plus largement de la Nièvre afin de leur faire découvrir d’autres choses. Je suis persuadé qu’en tant que producteurs nous devons nous entraider pour valoriser nos productions. Il ne faut pas rester dans son coin, et il faut aller vers les autres ». Romain et Florian sont donc à la recherche d’autres producteurs et aussi d’un apiculteur pour implanter des ruches sur son exploitation : « j’adorerai avoir des ruches et vendre le miel qui en découle. Mais, pour le moment, je n’ai pas encore trouvé d’apiculteur partant pour cette aventure ». Romain conclu : « je me laisse 6 à 7 ans pour que l’exploitation soit vraiment ce que je désire. L’avenir nous dira si j’ai eu raison de raccrocher ma blouse pour les bottes ».
Photos supplémentaires
Informations pratiques
Les chèvres de Montigny, Les Chétifs Quartiers, 58340 Montigny-sur-Canne. Vente à la ferme du mercredi au samedi de 10 heures à 12 heures et de 17 heures à 19 heures. Romain et Florian sont également présents sur les marchés : le mardi à Moulins-Engilbert, le jeudi à Châtillon-en-Bazois et Cercy-la-Tour, le vendredi à Corbigny et le samedi à La Machine. Contact : 03 86 50 53 98, 06 42 90 24 55 ou leschevresdemontigny@gmail.com
Des nouveautés
Côté fromages, la gamme proposée par Romain et Florian est vaste. Entre les pyramides cendrées, les briquettes, les crottins en tout genre ou encore le fromage blanc (avec ou sans fruits), il y en a pour tous les goûts. Mais, Romain, qui est un passionné d'expérimentation va lance
Vivre dehors

Les chèvres ont aussi leur projet dédié : « Pour le moment, les chèvres sont hors sol. Mais, je vais les faire sortir cette année, car cela me tient à cœur. Au vu de la taille de notre exploitation (5 ha), il y aura forcément un roulement dans les prés». Il précise aussi que : « C'est difficile de gérer le regard des non initiés sur la production hors sol, car les gens ne comprennent pas forcément que sanitairement parlant cela permet de diriger son cheptel plus simplement (notamment à cause du parasitisme). Je pense qu'il y a encore de la pédagogie à faire auprès du public afin que nos pratiques soient comprises, et ce dans tous les domaines agricoles ».