Coûts de production : ils augmentent !
Tout est parti d’une demande syndicale répétée et martelée pendant des années : les éleveurs doivent vivre dignement de leur métier !

Pour que les éleveurs vivent de leur métier ils ne doivent plus vendre à perte, ils doivent couvrir les coûts de production et se rémunérer. Pour cela, la profession dispose d’un chiffre : le coût de production validé par toutes les familles interprofessionnelles. Un indicateur qui nous permet d’établir un état des lieux incontestable : le prix de marché ne couvre pas nos coûts de production. Au-delà d’objectiver un constat déjà connu, ce chiffre nous sert désormais à mieux valoriser nos animaux auprès de nos acheteurs, en proposant et en négociant des prix de vente contractualisés qui prennent justement en compte ce coût de production.
Un chiffre national incontestable
« Une vache charolaise R + de moins de 10 ans, enlevée au 21 février 2022 est cotée 4,62 (prix national FranceAgrimer entrée abattoir, frais d’approche inclus) . Le coût de production est à 5,34 euros. Nous vivons cette situation depuis trop longtemps : les prix à la consommation augmentent, les charges augmentent plus vite que le prix… La logique doit s’inverser ! La Fédération Nationale Bovine a beaucoup travaillé pour faire émerger un indicateur reconnu à l’échelle de la filière, qui permet de faire un constat national. Il ne faut pas négliger la force de ces indicateurs, un peu à l’instar de l’observatoire des prix et des marges de la grande distribution, qui nous permettent d’appuyer nos constats et légitiment nos demandes adressées à la filière et à l’État ». précise Romaric Gobillot, président de la section bovine de la FDSEA de la Nièvre.
Comment est-il calculé ?
La méthodologie de calcul de ces indicateurs a été définie en 2019 par accord interprofessionnel. Les données sont calculées grâce au réseau d’élevages de références INOSYS des chambres d’agriculture, sur la base d’un échantillon représentatif et constant de 118 exploitations bovins viande (85 en race Charolaise, 33 en race Limousine). Le prix de revient mesure le prix de vente nécessaire pour rémunérer la main-d’œuvre de l’exploitant à hauteur de 2 SMIC et les capitaux propres de l’atelier, une fois déduits les aides affectées à l’atelier et les autres produits. « Ce montant de 2 SMIC n’est pas illogique quand on réfléchit au volume de travail, au temps de travail de l’exploitant » ajoute Romaric. Le chiffre est mis à jour chaque semestre sur les charges mesurées par l’IPAMPA et le coût du travail mesuré par le SMIC.
Coût de production ou coût de revient ?
« Par habitude nous parlons coût de production, mais il s’agit bien du coût de revient ; dans ce dernier la rémunération de l’éleveur est incluse à hauteur de 2 SMIC annuels bruts par unité de main-d’œuvre, rémunération sur base de laquelle l’éleveur doit payer les charges sociales MSA. Le calcul est en fait un coût de production (charges courantes opérationnelles et de structure + amortissements + rémunération des capitaux propres et fonciers + rémunération du travail) duquel sont déduites les aides PAC affectées à l’atelier bovin viande » détaille Romaric Gobillot.
Embellie actuelle
L’embellie actuelle des prix est due à un déséquilibre d’offre et de demande sur le marché. La France décapitalise massivement, le cheptel allaitant comme le cheptel laitier diminuent : les acheteurs ont peur de manquer de vaches. Cependant ne nous y trompons pas : ces hausses de prix ne sont pas à la hauteur du manque d’offre sur le marché… Même encore aujourd’hui avec l’embellie, on constate que la logique de marché ne s’applique pas pleinement…