Cour d'arbitrage de la haie
Afin de présenter l'utilisation de la litière bois plaquette dans un système bovins allaitants, notamment, une demi-journée était organisée à Millay.
« La litière bois plaquette est une alternative à la paille, mais certains points sont à considérer avant de se lancer dans ce système » souligne Étienne Bourgy, chargé de mission en Agroforesterie à la Chambre d'agriculture de la Nièvre qui accompagne ces projets (06 48 25 22 98), lors de la demi-journée proposée sur le sujet à Millay, le 19 février. Pour rappel, cette rencontre était organisée dans le cadre du PEI S'adapter (volet Valorisation du bois) en partenariat entre : le Grand site de France Bibracte, la Chambre d'agriculture de la Nièvre, la Cuma Terr'eau (58) et la Cuma Compost 71, le Parc naturel régional du Morvan. Elle eut lieu à Millay dans les terres du Gaec Montcharmont (représenté par Thomas Montcharmont, associé de Roland Montcharmont).
Pour introduire la rencontre, Sophie Mobillion, chargée de mission du Grand site de France Bibracte, stipule : « Dans un contexte complexe pour les exploitations, il nous semblait important de présenter les axes possibles de la valorisation des haies, en litière ou en chauffage, comme des pistes à creuser pour trouver une nouvelle source de revenus pour les exploitations ou pour alléger certains coûts de fonctionnement, tout en s'adaptant au changement climatique ». En vue d'éclairer ce point, le Gaec Montcharmont fut donc pris en exemple. Thomas Montcharmont explique : « nous avons voulu tester la litière plaquette pour notre exploitation afin de réduire les coûts, car nous ne produisons pas toute la paille dont nous avons besoin ». Pour mémoire, le Gaec dispose d'environ 270 ha de prairies, 35 ha de céréales pour l'autoconsommation et 180 mères Charolaises. Thomas Montcharmont détaille : « Nous achetons environ 1 000 tonnes de paille par an, à environ 100 euros/t, pour un budget annuel de plus de 10 000 euros. Nous cherchons donc des solutions pour réduire ce poste, tout en entretenant notre linéaire de haies ».
Plan de gestion…
Afin de rendre le tout plus parlant, les explications prodiguées par les intervenants se sont articulées, dans un premier temps, autour de la gestion de la haie. Étienne Bourgy souligne : « Il faut étudier votre haie et voir si elle est bien arrivée à maturité. Ici, c'est bien le cas ». Plus en détail, il stipule : « Les merisiers sont trop élancés et étriqués pour être conservés, mais nous allons garder les arbres majestueux pour avoir une délimitation visuelle et de l'ombrage. Pour les charmes ou les érables champêtres, il est préconisé de couper au ras du sol afin que le repiquage soit efficace en vue d'une seconde coupe dans 20 ou 25 ans. Pour les châtaigniers ou les chênes, ils ont souvent des diamètres énormes, et quand ils vieillissent certaines branches dépérissent – ce qui est normal. On peut donc retirer les branches mortes, pour le laisser respirer, ou encore les élaguer drastiquement pour qu'ils repartent en bouquet de branches. Par contre, il faut savoir que l'élagage avec grappin pour ces gros arbres est compliqué de par la taille et le poids des branches, il faut donc faire appel à un élagueur pour effectuer un travail à la tronçonneuse. Si l'arbre est mort, le tronc peut être laissé sur place afin d'offrir un habitat pour les xylophages et toute autre biodiversité ». Toujours dans l'idée d'étudier les différentes possibilités de traitement de la haie, il poursuit : « Il est possible de couper uniquement par portions certains linéaires à l'image de ce qui est fait le long des ripisylves ». Pour toute cette gestion, Étienne Bourgy martèle : « protégez votre ressource pour avoir encore du bois à exploiter dans quelques années. Il est d'ailleurs possible de faire des plans de gestion bocagers ». Sophie Mobillion rebondit : « ce dernier permet d'être accompagné dans la valorisation et la préservation de vos bocages, il est proposé notamment par les équipes techniques du Parc naturel régional du Morvan ».
Démonstrations et conditions
Suite à ces éclairages, la seconde partie des interventions fut axée sur les techniques de gestion dont l'utilisation du grappin-coupeur (Cuma Compost 71) et de la déchiqueteuse (Cuma Terr'eau). Pour le premier outil, Thomas Michon, secrétaire de la Cuma Compost 71, pointe : « ce matériel permet d'intervenir en sécurité car nous maîtrisons la direction de l'abattage. Mais, il faut des conditions : un terrain peu pentu ou encore une mise en sécurité des routes avoisinantes ». De son côté, Anne-Lise Segaud, animatrice de la Cuma Terr'eau, rappelle pour le second matériel : « nous facturerons les chantiers qui ne respectent pas les règles demandées pour l'intervention de la déchiqueteuse c'est-à-dire s'il y a des morceaux de métaux ou autre matériaux pouvant endommager les couteaux. Aujourd'hui, nous avons trop de chantiers de ce type et nous devons responsabiliser les adhérents ». Pour l'avenir, Thomas Michon explique : « l'achat d'une cribleuse est abordé tous les ans car les exigences en matière de copeaux sont de plus en plus pointues – notamment pour le chauffage. Mais, pour l'instant, nous n'avons pas encore assez d'adhérents pour envisager une telle acquisition ». Après ces précisions, les échanges se sont dirigés vers l'utilisation de plaquettes comme litière pour les bovins allaitants et les autres atouts de la création de copeaux ; article à retrouver dans un prochain numéro.