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Syndicalisme

Congrès de la FNSEA : le Gouvernement attendu au virage

Du 25 au 27 mars, la FNSEA sera réunie en congrès à Grenoble. La ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, s'y rendra. Pour Arnaud Rousseau, il est indispensable qu'elle n'arrive pas les mains vides, sur un certain nombre de sujets.

Par Christophe Soulard
Congrès de la FNSEA :  le Gouvernement attendu au virage
Actuagri
Hervé Lapie, secrétaire-général de la FNSEA (à gauche) et Arnaud Rousseau, son président, lors de la conférence de presse de présentation du congrès national, le 18 mars à Paris.

Une chose est certaine : la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a tout intérêt à venir avec des propositions concrètes le jeudi 27 mars, à Grenoble, au dernier jour du congrès national de la FNSEA, qui va démarrer le 25 mars. « Les attentes des agriculteurs sont très fortes vis-à-vis de l’exécutif », a répété à plusieurs reprises le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, lors d'une conférence de presse organisée à Paris le 18 mars. Depuis le discours du chef de l’État du 5 mars sur le réarmement y compris alimentaire, le syndicat majoritaire, fort de sa victoire aux élections des Chambres d'agriculture (84 départements sur 102) est impatient que les paroles se traduisent maintenant en actes. Car « le changement de logiciel n’est pas encore arrivé dans les cours de ferme », a insisté Hervé Lapie, secrétaire général du syndicat. C’est d’ailleurs le sens du courrier que la FNSEA a adressé le 13 mars à l’Élysée.

Risque de report

Ces attentes sont nombreuses. Elles concernent plusieurs sujets comme la promulgation de la loi d’orientation agricole, en attente de validation au Conseil constitutionnel, ou encore la simplification et la levée des contraintes en agriculture. Sur ce point, les responsables de la FNSEA sont assez remontés vis-à-vis du Gouvernement. Le texte avait été annoncé à l’examen par les députés les 7 et 9 avril prochains, ce qui avait suscité beaucoup d’espoir chez les agriculteurs. Mais des rumeurs assez bien fondées, avaient, dès le début mars, subodoré un report de cet examen sans doute lors de la semaine du 26 mai. « En fait, ça ne fait que deux jours », a compté Arnaud Rousseau : « Je ne fais pas de politique-fiction. Je dis simplement que ce texte est très attendu et que s’il n’est pas voté avant l’été, ça risque de créer de la chaleur », a-t-il averti. Alors que la conférence de presse prenait fin, le texte avait été retiré des créneaux parlementaires réservés au gouvernement le 7 avril… Ce sujet sera naturellement abordé au sein des trois jours de congrès dont une partie se déroulera à huis clos.

Vigilance sur les piliers de la PAC

Il sera aussi question des élections à la Mutualité sociale agricole (MSA) qui se dérouleront du 5 au 16 mai, des sujets internationaux avec « les annonces des taxes Trump qui doivent entrer en vigueur le 2 avril » et du prochain budget de la Politique agricole commune (PAC). Sur le point, Arnaud Rousseau a été très clair : « Il faut que l’Europe arrête d’être naïve » et qu’elle mette en place une vraie stratégie de « production et de souveraineté », a-t-il expliqué. Sa volonté est de voir le premier pilier de la Pac(1) sécurisé. Il rejette l’idée que le second pilier notamment consacré aux MAEC et au développement rural soit rattaché et dilué dans un grand fonds de cohésion. Il souhaite surtout que le budget global de la Pac 2027 soit augmenté. En ne tenant pas compte d’un budget indexé sur l’inflation, ce budget « a perdu 54 % en 20 ans », a souligné Arnaud Rousseau, bien déterminé à ce que la Pac reste une « politique de cohésion » et qu’elle ne soit pas « renationalisée ».

SRP+10 : la FNSEA favorable à plus de transparence 

Interrogé sur le vote de la proposition de loi visant à renforcer la stabilité économique et la compétitivité du secteur agroalimentaire, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a salué le prolongement du Seuil de revente à perte (SRP)+10 % inclus dans le texte qui a été adopté par 137 voix (sur 180 votants) « L’expérimentation cesse le 15 avril et certains grands distributeurs sont tentés de proposer des promotions » qui seraient très avantageuses pour les consommateurs mais moins pour les producteurs. Attaché à la non-négociabilité de la matière première agricole, Arnaud Rousseau souhaite « savoir où va l’argent qui ne ruisselle pas ». En effet il est obligatoire d’appliquer un coefficient de 1,10 sur le prix d’achat pour couvrir les coûts de distribution. Mais en contrepartie, les grandes enseignes doivent justifier de l’utilisation de cette marge au bénéfice de la cause agricole. Et c’est là que le bât blesse et que la FNSEA demande des comptes et plus de transparence. 

Un chantier de la transformation

Lors du congrès de Grenoble, la FNSEA fera un point d’étape sur sa transformation interne. C’est Damien Greffin, vice-président chargé de ce dossier, qui planchera devant les 1000 congressistes. L’objectif est d’adapter le syndicat agricole à un contexte politique, géopolitique, économie et social en perpétuelle évolution. « Pas moins de 17 groupes de travail sont aujourd’hui en action » pour réfléchir à cette transformation, a indiqué Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA. Ce congrès devrait en outre concrétiser dans les statuts la place des agricultrices qui sont presque aujourd’hui 25 % des chefs d’exploitations et très présentes au sein des FDSEA. « Il faut maintenant les convaincre et les accompagner dans les responsabilités nationales », a indiqué Arnaud Rousseau 

(1) Soutien des marchés et des revenus agricoles