Benjamin Vecten, un agriculteur plein de ressources
À Escamps, Benjamin Vecten, qui a repris l'exploitation de son père Yves Vecten il y a un an, poursuit le travail de ce dernier en agriculture de conservation des sols. À côté, l'agriculteur cherche constamment de nouvelles portes d'entrée pour améliorer ses pratiques avec, au cœur de tout cela, l'objectif de favoriser la biodiversité, le sol et la qualité de l'eau potable.

Revenu sur l’exploitation il y a quatre ans, Benjamin Vecten, agriculteur à Escamps, s’est installé en 2021, en reprenant l’exploitation de son père Yves Vecten. « Après 15 ans dans l’industrie, je voulais retrouver un métier qui avait du sens », confie-t-il. Une exploitation qui est en ACS (agriculture de conservation des sols) depuis une dizaine d’années. « Tous les sols ne sont plus travaillés, sauf lors d’une grosse impasse technique », explique Benjamin Vecten.
Membre de l’APAD (association pour la promotion d’une agriculture durable), il a organisé une journée porte ouverte sur sa ferme le 18 septembre dernier, dans le cadre des journées du patrimoine, pour montrer au grand public la manière de travailler en ACS. « À l’APAD, on considère que le sol fait partie du patrimoine, au même titre que les bâtiments. Cela permet de sensibiliser les gens à l’agriculture et à nos métiers ».
Car en ACS, comme son nom l’indique, le sol est au cœur de l’agriculture. « Pour moi, il y a deux approches de l’agriculture : soit on arrête les produits phytos et on travaille les sols mécaniquement. Soit on part en ACS, où l’on arrête le travail du sol, où l’on utilise des produits phytos et où l’on essaye de trouver le chaînon manquant entre les deux. L’avantage que j’ai, c’est d’avoir récupéré des sols qui étaient déjà vivants. J’ai donc pu commencer à m’intéresser à ce qui se passait autour concernant la biodiversité. Et je commence maintenant à regarder ce qui peut être fait comme aménagement paysagé ». Benjamin Vecten va d’ailleurs prochainement planter 1 km de haies sur ses parcelles. « Tout cela se fait en association avec la Plaine du Saulce. J’ai aussi mis des perchoirs pour attirer les oiseaux et lutter contre les rongeurs qui causent des problèmes dans les champs. Comme on ne travaille plus le sol, les rongeurs sont moins perturbés et plus présents dans les champs. Il faut donc trouver des solutions alternatives à cela ».
Un label pour l’ACS ?
Afin de faire reconnaître encore plus leur agriculture, l’APAD travaille pour la mise en place d’un label, nommé « au cœur des sols ». « Au même titre que le label « AB », on aimerait qu’il y ait un label pour identifier toutes les fermes qui travaillent en ACS. Le but est que ce label ne se concentre pas uniquement sur les agriculteurs de l’APAD mais qu’ils s’ouvrent à d’autres associations d’agriculteurs qui seraient en ACS », poursuit Benjamin Vecten.
Pour être labellisé, il faut respecter un cahier des charges. Les engagements consistent à mettre en place les trois piliers de l’ACS, à savoir une couverture des sols, un non-travail du sol et une diversité des espèces. Il faut aussi favoriser les éléments agroécologiques sur les fermes (haies, ruches, nichoirs…), et se former, échanger en groupe au sein d’associations territoriales. « Aujourd’hui, on est à un peu plus de 250 fermes déjà concernées par cette labellisation en France et il en reste encore, sachant que les agriculteurs en ACS représentent environ 2 % de l’agriculture française. Le but est de valoriser la filière ».
Afin d’améliorer encore et toujours ses pratiques, Benjamin Vecten fait également parti d’un groupe Dephy de la Chambre d’agriculture où l’objectif est de diminuer au maximum l’utilisation de produits phytos.
Sa volonté est aussi d’ouvrir les portes de son exploitation pour mieux comprendre l’agriculture d’aujourd’hui et trouver des solutions à des problématiques qui touchent bon nombre d’agriculteurs. C’est pour cela qu’il participe au programme R2D2 de Terres Inovia. « On s’aperçoit que les auxiliaires, qui viennent lutter contre les problématiques d’insectes sur le colza, viennent nicher dans le sol. Ce qui nous conforte dans le choix de ne plus travailler le sol. On essaye aussi faire des bandes fleuries pour que les insectes aillent dessus et n’attaquent plus les cultures. C’est un autre travail, mais il y a une vraie réflexion à faire là-dessus », conclut Benjamin Vecten.