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Récoltes

Alors, cette saison d'herbe ?

Onze éleveurs côte-d'oriens ont été invités à commenter leurs récoltes en donnant une note à celle-ci. La moyenne est tout juste dépassée, avec 5,7 sur 10.

Par AG
Alors, cette saison d'herbe ?
photo illustration

Selon Météo France, le printemps 2024 est le quatrième plus pluvieux depuis le début des mesures en 1959. Autant d’eau impacte forcément les cultures et les travaux. Plusieurs éleveurs de toute la Côte-d’Or ont été contactés sur ce sujet. Impressions.


Cyril Fleury (Labergement-lès-Seurre, 8 sur 10) : « Nous avons beaucoup d’herbe cette année, mais ce n’est pas un scoop ! Le fait de lâcher des vaches très tard, jusqu’au 5 mai soit un mois de retard, a évité le piétinement : c’est une bonne chose même si, en contrepartie, nous avons utilisé des stocks supplémentaires sous les bâtiments. Aujourd’hui, nous sommes le 18 juin, nous avons réalisé 50 % des foins : nous avons une augmentation des volumes de 20 % par endroits. Là où la crue est restée longtemps, les baisses tournent autour de 30 % ».

Virginie Brion (Villotte-sur-Ource, 8 sur 10) : « Nous avons réussi à rentrer du bon fourrage grâce à l’ensilage et l’enrubannage, malgré ce temps très particulier. Il faut dire que nous avons peu de prés en fond de vallée. Au moment où je vous parle, les deuxièmes coupes sont déjà bien avancées, les foins sont terminés et le maïs est bien parti. Sur nos plateaux, les années humides passent plus facilement. La moisson s’annonce prometteuse s’il n’y a pas de grêle… ».

Gabin Lechenault (Foissy, 5 sur 10) : « La quantité d’herbe est importante mais le gaspillage l’est tout autant ! La qualité d’herbe est moyenne, il a manqué de la chaleur. Nous espérons avoir un retour rapide du beau temps pour pouvoir récolter nos fourrages restants dans de meilleures conditions, sans que la qualité ne se détériore trop rapidement ».

Alain Terrillon (Griselles, 4 sur 10) : « L’herbe a poussé dans l’eau et dans le froid, sans assez de lumière : les plantes n’ont donc pas synthétisé. Les quantités sont au rendez-vous, mais pas la qualité. J’ai un ray-grass qui est sorti à 11,5 de protéines, alors qu’il devrait être entre 16 et 18… En énergie, nous sommes un peu moins pénalisés, mais avec 0,88 UF, le résultat reste insuffisant, surtout dans des premières coupes. Dans les luzernes, les volumes sont intéressants, mais la qualité devrait là aussi pêcher. Je n’ai pas encore de retours, je le saurai prochainement. En ce qui concerne les foins, ces derniers sont très compliqués ! Nous allons les faire à un stade très avancé et la qualité sera tout aussi médiocre ».

Eliott Perraudin (Magny-Lambert, 3 sur 10) : « Quelle année compliquée ! Trois sur 10, c’est encore trop bien noté. Toutes les interventions ont été difficiles. D’habitude, nous regardons deux ou trois météos pour nous guider et sortir dans les prés. Là, nous en consultions sept ou huit et pas une ne disait la même chose… Ici, beaucoup d’éleveurs ont été obligés de faire de l’enrubannage. Cela est arrivé à d’autres collègues et à moi-même : les presses n’ont pas supporté et ont cassé. Le foin, pour ceux qui ont réussi à en faire à ce jour, est très long à sécher : soit il est encore dehors, soit il est étalé sous des bâtiments pour éviter une prise de feu. Cette campagne est vraiment particulière ».

Julien Baulot (Sauvigny, 7 sur 10) : « La pousse d’herbe a été précoce et d’un bon niveau, nous avons pu lâcher nos bovins assez tôt malgré les fortes pluies. Les animaux n’ont jamais manqué d’herbe, nous avons même été obligés de rationner pour limiter le gaspillage. Pour ma part, je ne fais pas d’ensilage mais je vais aider les collègues : les travaux sont très compliqués avec cette météo capricieuse ! À cette date du 18 juin, nous n’avons fait que 15 ha de foin, sur les 65 que nous avons. D’habitude, nous sommes proches de la fin… Pour le moment, nous sommes assez surpris de la qualité, plutôt bonne. La quantité est au rendez-vous aussi, sans avoir mis d’engrais. Nous observons de très belles repousses après la fauche : cela devrait retarder l’affouragement, si affouragement il y a cette année ».

Nicolas Michaud (Pagny-le-Château, 4 sur 10) : « Nous sommes le 18 juin au moment où je vous parle et aucune vache ni génisse laitière ne sont encore sorties à ce jour en pâturage. La pluviométrie excessive des parcelles rend cette saison fourragère très compliquée ! Pour éviter le piétinement et le gaspillage, le pâturage est remplacé par les foins : une éventuelle sortie des animaux se fera après ceux-ci début juillet, si les conditions climatiques le permettent ».

Geoffrey Froidurot (Jours-lès-Baigneux, 8 sur 10) : « Sur nos cailloux, ça draine beaucoup, nous n’avons pas de problèmes de piétinement. Une année comme celle-ci me convient beaucoup mieux qu’une saison sèche… Les récoles sont difficiles mais nous avons une super quantité et mêle qualité dans le ray-grass, dans le trèfle, dans la luzerne et dans les méteils, composés d’orge, triticale, avoine, vesce, pois qui ont été enrubannés. Le résultat sera forcément beaucoup moins bon dans les foins à cause du retard que nous prenons, mais le bilan est positif pour l’instant ».

Quentin Caverot (Senailly, 6 sur 10) : « Nous avons réussi à faire de l’enrubannage de qualité dans les temporaires et la deuxième coupe est aujourd’hui assurée. En revanche, à cause de la météo, les foins prennent du retard, ce sera au détriment de la qualité… Autre point négatif : il n’est pas toujours facile de desserrer les lots de bêtes sans trop gaspiller l’herbe ».


Sylvain Fleury (Saint-Martin-de-la-Mer, 6 sur 10) : « Nous avons commencé les récoltes le 8 mai dans des conditions particulièrement difficiles, et cela s’est poursuivi par la suite… Les laps de temps pour pouvoir travailler ont été très courts, il n’a pas toujours été simple de se caler avec les entrepreneurs. Sur place, plusieurs remorques ont eu du mal à sortir des parcelles ! Il y a de la quantité cette année, mais la qualité des fourrages sera moindre, surtout dans les prairies naturelles. Pour nos derniers hectares de foin, il devient urgent de pouvoir récolter ».

Flavio Py (Ménétreux-le-Pitois, 4 sur 10) : « Si l’ensilage et l’enrubannage ont livré de bons volumes, la qualité risque d’être très moyenne… Et que de difficultés pour pouvoir récolter cette année : nous remontons de la terre dans les fourrages, ce n’est vraiment pas le top… Les foins, nous ne sommes pas près de commencer, alors que tout était fini le 10 juin l’an passé. Nous avons pris plus de 100 mm la semaine dernière et si les prévisions météo se confirment, il se peut que nous n’attaquions pas avant début juillet, alors que les orges seront presque bonnes à faire. Il va falloir être partout ! ».