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Salon International de l'agriculture

« Ça ne s'explique pas, ça se transmet »

Nicolas et Gérard Guenot participeront, respectivement, avec Unétoile et Souche au Salon International de l'agriculture à Paris, du 22 février au 2 mars. 

Par Chloé Monget
« Ça ne s'explique pas, ça se transmet »
De gauche à droite : Souche accompagnée par Gérard Guenot et Unétoile tenue par Nicolas Guenot.

Unétoile de Nicolas Guenot, 35 ans (EARL Nicolas Guenot), et Souche de Gérard Guenot, 61 ans (EARL de Beaumont) sont sélectionnées pour participer au Salon International de l'agriculture (SIA) de Paris, qui se tiendra du 22 février au 2 mars. Si les deux éleveurs sont sereins, ils stipulent tout de même : « Au fil des sélections nous avons appris que tout se joue sur le ring, donc cela ne sert à rien d'appréhender avant ce moment fatidique »

Père et fils iront donc en famille représenter leurs deux structures, avec Unétoile et Souche. Pour la première, son propriétaire détaille : « Du haut de ses deux ans, il s'agit de sa première participation au SIA et elle présente un superbe dos, avec une belle finesse de peau ». Pour Souche, 4 ans, suitée (vêlage début janvier), Gérard Guenot pointe : « elle n'en est pas à son premier SIA puisque l'an dernier elle a décroché un premier prix. Pour mémoire, elle offre une bonne qualité de race avec une belle finesse de peau avec un corps équilibré ». C'est donc avec elles qu'ils fouleront les allées du SIA pour aller à la rencontre du grand public et des professionnels. 

Des liens à tisser

Les éleveurs développent : « Nous sommes ravis de retrouver d'autres collègues car les échanges sont toujours enrichissants. Cela dit, nous regrettons que cela se concentre lors concours, mais nous manquons tous de temps pour tisser ce genre de relation en dehors de ces événements. La cause est simple : la main d'oeuvre qui nous fait défaut à tous ». Ils poursuivent : « même si participer au SIA est indispensable – à cause des retombées commerciales en cas d'obtention de plaque – cela reste une charge supplémentaire à notre travail quotidien donc il est compliqué d'en faire plus aujourd'hui ; toujours pour des questions de main d'oeuvre ». Pour eux, ce manque tient ses racines dans la méconnaissance du métier. Ils explicitent leur pensée : « Au vu des questions que les gens nous posent durant le SIA, il est clair qu'ils ne connaissent pas notre monde rural et encore moins nos professions. Cela est dommageable car nous pensons que s'il y avait une meilleure connaissance de notre campagne, le public considérerait mieux nos métiers et cela aurait des répercussions sur les orientations professionnelles des jeunes ». Pour Nicolas et Gérard cette mise en valeur devient actuellement « nécessaire afin d'assurer le renouvellement des générations ». Malgré tout, ils nuancent : « Mais, sans formation de terrain ou soutien financier, cela restera difficile pour des jeunes hors cadres de reprendre des fermes car elles demandent une certaine expertise ainsi qu'une grosse mise de fonds au départ »

Un avenir à construire 

Pour le maintien de l'élevage, dans la Nièvre, ils continuent : « Même si les cours sont un peu plus favorables, il faut que les prix augmentent encore pour offrir une véritable visibilité et sécurité d'avenir pour les nouvelles générations qui pourraient s'installer. En effet, pourquoi s'engager dans cette voie professionnelle s'il n'y a pas de rémunération correcte ? La passion est certes notre moteur, mais cela ne fait pas tout ». Pour eux, un élément pourrait tout changer en matière de débouchés financiers : « pour nous, l'élevage Nivernais c'est la Charolaise et les naisseurs-engraisseurs. Ce dernier point est important, car nous maîtrisons la valorisation de nos animaux de A à Z. Nous sommes persuadés que l'engraissement a un avenir dans notre département car outre la valeur ajoutée que cela procure aux élevages, c'est avec ce système qui permet de fournir les abattoirs locaux. Alors, même si l'engraissement est un peu boudé pour l'instant, nous pensons que cela va changer assez rapidement ». Ils concluent : « Nous nous sommes installés car nous sommes des passionnés, comme le grand-père Georges l'était. Cela ne s'explique pas, ça se transmet. Nous essayerons de faire de notre mieux pour partager cela lors du Salon ».