« Ça a tapé »
Les conséquences de la fièvre catarrhale ovine sont nombreuses cet hiver. Le point dans une exploitation de l'Auxois, à Mont-Saint-Jean.

Celle-là, ils ne l'ont pas vu venir. « C'est clair que ça fait mal et encore, nous ne sommes pas les pires », confient Julien Couraleau, Stéphane et Louis Mercuzot, rencontrés lundi matin dans leur exploitation à Mont-Saint-Jean. Si leur troupe ovine, vaccinée dès la première heure, ne présente pas la « moindre casse » pour l'instant, leur cheptel bovin ne peut pas en dire autant : « pour les moutons, nous en saurons davantage à la fin du mois, lors des agnelages. Toutes les brebis sont pleines, c'est la seule chose que nous savons, il faut croiser les doigts. Pour les bovins, il va très probablement nous manquer 30 veaux, c'est énorme. Nous avions été épargnés par la FCO ces dernières années, mais pas cette fois ».
La FCO mais pas que
Les premiers symptômes ont été observés au cours de l'été, comme le retrace Stéphane Mercuzot : « nos vaches n'étaient pas comme d'habitude, certaines n'étaient vraiment pas bien, il y avait quelques boiteries. Nous en avons même perdu trois en août, ce n'était jamais arrivé à cette période. Nous avons eu trois avortements au pré et cela s'est enchaîné en les rentrant en bâtiment, courant novembre. Les analyses ont bien révélé la FCO-3, tout le monde était positif... Il y a eu du mieux par la suite mais en décembre, rebelotte, avec de nouveaux avortements, des veaux mal formés et/ou avec diverses anomalies. C'est une année atypique avec, en plus de la FCO, beaucoup de parasitisme et une mauvaise alimentation liée aux mauvaises récoltes ».
Beaucoup de questions
Les trois associés avaient « tablé » sur 220 veaux cet hiver : « nous serons loin du compte... Pour la petite histoire, Louis s'est installé le 1er janvier et nous devions avoir 30 veaux en plus. Il y en aura donc autant que l'an passé ». La période de reproduction qui va débuter est également sources d'inquiétudes : « il paraît que dans le département de l'Aisne, pas moins de 20% des taureaux sont fertiles... Nous allons faire davantage d'IA pour assurer le coup. Le contexte très sanitaire est très difficile car, en plus de la FCO, nous sommes ici en zone MHE...».
L'export perturbé

Trois des reproducteurs de Michel Baudot sont aujourd'hui bloqués chez lui, à Pont-et-Massène : « Cela est marginal par rapport à la production française, mais ces quelques animaux destinés à l'export montrent bien que l'ensemble du commerce est impacté. Deux de nos femelles doivent partir en Slovénie et un taureau est censé rejoindre la Pologne. Ces deux pays ne reconnaissent ni le vaccin, ni les PCR de la FCO-3 ! Si la situation pour les deux femelles est amenée à se décanter, la transaction vers la Pologne va être annulée. Il y a de quoi s'arracher les cheveux avec cette maladie, traitée différemment selon les pays... C'est difficile pour les producteurs mais aussi pour les coopératives et les négociants privés, qui doivent jongler entre différents paramètres ».
Un « cauchemar »

Sur leur centaine de femelles mises à la reproduction, Robert et Yorick Labie ne devraient même pas atteindre la barre des 60 veaux. « C'est la première fois que nous sommes impactés par la FCO et bien nous sommes gâtés... Ce n'est pas un hiver, c'est un cauchemar », confie le père de famille, rencontré lundi matin. L'éleveur cite notamment un lot de 20 génisses qui étaient gestantes : « nous les avions échographiées avant de les mettre au pré. Au final, nous n'allons avoir que huit veaux, entre celles celles qui ont avorté et les veaux qui n'ont pas résisté après être nés prématurés.... Tout n'est sans doute pas imputable à la FCO tellement il y a eu de problèmes cette année, mais cette maladie reste très largement responsable de ces pertes ». Durant les vêlages, le Gaec du Clou a également déploré un veau mal formé à qui il manquait 50 cm de côlon. Un autre, né le week-end dernier, est même aveugle : « c'est la première fois que cela nous arrive aussi... J'en entendais parler depuis un petit moment déjà et cette fois-ci, c'est tombé sur nous... », ajoute Robert Labie, particulièrement dépité.