Benjamin Pouilly, agriculteur à Noiron-sous-Gevrey, moissonnait son soja la semaine dernière. Un travail vécu comme un véritable soulagement.
Mais quelle galère, cette année ! Entre les pluies diluviennes et l'eau déjà tombée, les agriculteurs prennent leur mal en patience pour pouvoir récolter et semer. Benjamin Pouilly, exploitant à Noiron-sous-Gevrey, était au stade de la récolte le 23 octobre : « Rien n'est encore semé pour ma part mais là, je me dis que c'est déjà bien de pouvoir moissonner, c'est quand même le travail de toute une année ou presque. Je finis le soja ce soir, sachant que j'avais commencé mes premiers hectares il y a trois semaines ». Un rendement de 36 q/ha semblait se profiler : « c'est un bon résultat, j'ai même eu écho de certains champs qui dépassaient les 40 q/ha dans le secteur. Les dernières années, nous étions plutôt entre 15 et 20 q/ha. La récolte est toutefois difficile : on ne peut pas moissonner aussi bas que d’ordinaire, sous peine que la terre remonte dans la machine. Les premiers rangs de gousses ne sont pas toujours évidents à aller chercher ».
Beaucoup de séchage
L'humidité de la récolte est très supérieure à la moyenne, poursuit Benjamin Pouilly : « la norme est à 14 % mais là, nous sommes entre 18 et 19 ! Il y aura des réfractions mais je ne sais pas de quel ordre ». Le Côte-d'orien de 35 ans avait un peu plus de recul concernant son tournesol, récolté la semaine précédente : « il était à 15 %, sachant qu'idéalement, nous ne devons pas dépasser 9 ! C'est bien la première fois que ce taux est aussi élevé chez moi. D'habitude, nous trouvons toujours un créneau sec mais cette année, c'était impossible. Il y aura beaucoup de séchage, donc des charges supplémentaires, mais il n'était pas possible de faire autrement. Entre ça et laisser le soja dans le champ, la question ne s'est bien sûr pas posée… ». L'agriculteur termine sur un rendement tournesol d'une « une trentaine de quintaux à l'hectare », bien mieux que ses « 20 à 25 q/ha » habituels.
Place aux semis
« Cette année est vraiment particulière et atypique. Nous nous en souviendrons, c'est certain », confie Benjamin Pouilly, en illustrant ses propos : « la parcelle de soja dans laquelle nous sommes ce soir, qui a mis du temps à être accessible, était initialement semée en tournesol, mais les limaces, les corbeaux et les pigeons ont tout ravagé… Après deux échecs dans les re-semis, nous avons opté pour une partie en soja, avec des semis moins cher, une densité plus importante et donc mieux armée pour faire face aux ravageurs, sans oublier la faculté du soja à lever plus rapidement ». L'exploitant agricole, en EARL avec Isabelle, sa mère (qui sera remplacée par Pierre, le frère de Benjamin, en septembre 2025) va désormais s'atteler à semer son orge puis son blé : « nous attaquerons quoi qu’il arrive avec du retard, pourvu que le temps clément se poursuive les prochains jours ! ».
13% d'humidité pour le tournesol
Damien Racle, président de la SAS Bresson, évoque l'humidité des tournesols : « Les plantes se récoltaient à moins de 9,5 % d’humidité en 2023. Cette année, la situation est forcément très différente, les premiers 50 % récoltés, avant les pluies du 14 octobre, étaient en moyenne à 11,5 %. La seconde moitié que nous avons commencée le 20 octobre est en moyenne à 15 %, mais a tendance à baisser ces derniers jours. Aujourd'hui, 25 octobre, il nous reste moins de 20 % des surfaces à rentrer, l’humidité moyenne de cette dernière partie devrait se faire à 13 %, soit une moyenne globale estimée à 13 %. Le gaz est cher, la facture sera malheureusement d'autant plus lourde… Nous avons constaté des humidités à 30 %, ce qui n’arrive jamais ! Les bennes les plus sèches cette année étaient toutes supérieures à 9 % ».