Un fils d'agriculteur produit du CBD dans le secteur de Baigneux-les-Juifs. Rencontre.

Les cultivateurs de CBD sont désormais « des paysans comme les autres » selon le Conseil d’État, qui a définitivement autorisé la vente de fleurs et de feuilles de chanvre cannabidiol (CBD) sur le territoire français. « Le flou législatif, c’est terminé ! Aujourd’hui, un agriculteur actif peut cultiver, produire, transformer et vendre du CBD. Tout est désormais légal et bien encadré », informe Arthur Gallien-Gy, fils d’exploitant agricole dans le secteur de Baigneux-les-Juifs. Le jeune homme de 28 ans a sauté sur l’occasion pour se tester dans cette culture également appelée « chanvre bien-être », « chanvre CBD » ou encore « cannabis légal ». « Personne n’en faisait en Côte-d’Or il y a un an, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à tenter avec une production bio et locale. Précisons-le tout de suite : le CBD n’est pas une drogue, il n’a pas le pouvoir psychotrope ni l’effet euphorisant du cannabis illégal qui, lui, présente un taux de THC élevé. Le CBD en contient seulement dans de très faibles proportions, nous avons d’ailleurs l’obligation de rester sous la barre des 0,3 % ». Les bienfaits du cannabidiol sont démontrés dans les domaines de la relaxation, de la gestion du stress, de l’amélioration du sommeil ou encore de la réduction des douleurs. « Un tas de propriétés lui sont régulièrement reconnues. Le CBD peut être consommé sous plusieurs formes, il est possible de le fumer, de le transformer en huiles, en liqueurs ou encore de l’incorporer dans différents produits alimentaires. Pour l’anecdote, j’en ai déjà vendu à un restaurateur dijonnais qui l’ajoute dans certaines de ses pizzas ! ».
4,50 euros la graine
Arthur Gallien-Gy s’est approvisionné en graines au printemps 2022 en France mais aussi et surtout en Autriche, aux Pays-Bas et en Espagne. « Là-bas, le CBD est ancré dans les mœurs depuis plus longtemps que chez nous », confie le cannabiculteur. Cet approvisionnement a un coût : les graines valent jusqu’à 4,50 euros l’unité et toutes ne germeront pas. Environ 2 000 plants ont été repiqués fin avril sur un demi-hectare de la SCEA du père d’Arthur Gallien-Gy. « Chaque graine avait été préalablement semée dans du terreau durant trois semaines, en serre, le temps d’atteindre trois étages de feuilles. Les plants obtenus ont été repiqués dans trois parcelles aux profils bien différents, afin d’évaluer les résultats ». Le CBD se récolte de début octobre à mi-novembre : « cette plante fleurit en fonction de la photopériode, la durée quotidienne d’éclairement. Certaines variétés ont besoin d’une durée plus ou moins importante pour fleurir. La récolte s’est donc étalée dans le temps, selon la maturité des plantes ».
Du « taf » manuel
Arthur Gallien-Gy revient sur ses différentes interventions dans les parcelles : « il y a pas mal de travail manuel entre le désherbage, la taille, la mise en place de tuteurs, l’arrosage en cas de besoin et le suivi général des plantes. Une fois coupées, les branches doivent sécher dans le noir pendant une dizaine de jours pour assurer une bonne conservation des arômes. Pour ce faire, je les ai suspendues sur des filets, dans une grange. Il faut ensuite les étêter à la main, c’est-à-dire séparer la fleur de la branche. Ce sont ces fleurs qui seront vendues par la suite, après un test assurant que le taux de THC n’excède pas les 0,3 % ». Le membre de l’Association française des producteurs de cannabinoïdes (AFPC), qui vient d’entamer sa deuxième saison sur 0,75 ha, s’apprête à développer sa partie commerciale, avec des ventes à destination des particuliers. « J’envisage également de prendre part à plusieurs marchés et de démarcher les magasins de CBD. Le prix de la fleur ? Il varie selon son aspect, sa densité et ses arômes. Il faut généralement compter entre 100 et 900 euros par kilogramme. Cela dit, rien n’est simple : tout est à construire au niveau commercial. En effet, des magasins existaient déjà en France avant la nouvelle législation : ils avaient pris l’habitude de s’approvisionner à l’étranger avec des prix souvent deux fois moins cher. Il va falloir jouer la carte du local et du bio pour mener à bien ce projet ».
Note : Renseignements : lechanvredesgranges.com
