Syndicalisme
Une manif à ne pas manquer

AG
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Plusieurs agriculteurs se sont rendus mardi matin devant les locaux de la Dreal. Un « petit coup de com » pour annoncer la grande action syndicale du 6 avril à Dijon.
Une manif à ne pas manquer
De nombreux agriculteurs et tracteurs, avec des bennes bien remplies, sont attendus mardi 6 avril à Dijon. Ce jour-là, une action syndicale de très grande ampleur est programmée. « Toute la région est concernée, il nous faut un maximum de monde. J’appelle d’ailleurs notre département à bien répondre présent », insiste Antoine Carré. Le président des Jeunes agriculteurs de Côte-d’Or faisait partie d’une petite délégation syndicale qui s’est déplacée mardi matin devant les locaux de la Dreal : « nous y avons laissé quelques messages, histoire d’annoncer notre venue ici dans quelques jours. Cette petite visite est plus un coup de com qu’autre chose. En revanche, le 6 avril, la situation sera tout autre, cela risque d’être très chaud, dans la continuité de la manifestation du 25 mars à Clermont-Ferrand ».

« Rien ne va »
Le ras-le-bol est « total » dans les campagnes, traduit le responsable syndical : « les premières annonces de la Pac nous désolent mais il n’y a pas que ça. On nous empêche sans cesse de faire notre travail, nos moyens de production sont de plus en plus limités. Pour ne rien arranger, une partie de notre administration est clairement militante, elle ne cesse de nous mettre des bâtons dans les roues. C’est insupportable et nous le dénonçons une nouvelle fois. Les messages que nous laissons aujourd’hui devant la Dreal s’adressent à tous les fonctionnaires et à tous services de l’État qui s’occupent de l’agriculture : nous ne pouvons pas continuer ainsi. Personnellement, je ne fais que gérer des dossiers de jeunes et de moins jeunes, de conventionnels et de bio, d’éleveurs de poules, de bovins dans lesquels rien ne va. Dreal, DDT, DDPP et même préfecture : nous n’avons aucun soutien, il y en a vraiment marre. En tant que président JA, je n’arrive plus à regarder un jeune dans les yeux en lui disant qu’il faut s’installer. Cela devient très grave ».

Appel à la mobilisation
Antoine Carré insiste sur l’importance du rendez-vous : « une chose est sûre, il nous faudra des avancées. Il nous faut un maximum de personnes, je ne vais pas dire motivées car ce n’est plus le terme approprié. Je vais dire des personnes énervées, en colère, qui ressentent de l’injustice. Je ne veux plus entendre l’excuse que Dijon est trop loin, qu’il faut trop de temps pour venir ici ou alors, que l’on retrouve toujours les mêmes gens lors des manifestations. Dans mon cas, je me rends à chaque rendez-vous, j’étais encore avec deux tracteurs et une benne lors de notre dernière sortie, avec mon salarié. Je comprends tout à fait les contraintes de celles et ceux qui habitent loin, mais cette manifestation est celle qu’il ne faut pas manquer. J’entends dire que des tracteurs viendront depuis Mâcon… De ce fait, toute la Côte-d’Or doit encore plus répondre présente ! Nous devons être exemplaires. Franchement, ce genre d’action syndicale, je m’en passerais bien. Il y a un énorme stress la veille et toute la nuit qui précède un tel événement, surtout lorsque l’on est organisateur et responsable… Nous avons tous énormément de travail sur nos fermes respectives, mais il faut se libérer dans ce cas de figure. Ce mardi 6 avril représente notre seul moyen de nous faire entendre, alors venez en nombre ! ».
Fabrice Genin, président de la FDSEA, a répondu aux sollicitations de plusieurs médias grand public ayant fait le déplacement. Le responsable syndical a bien rappelé les spécificités des zones intermédiaires, en précisant que ces territoires étaient totalement absents des discussions autour de la prochaine Pac : « Les premières lignes qui nous reviennent ne nous conviennent aucunement, le compte n’y est pas. Nos zones à faibles potentiels et forts handicaps naturels n’apparaissent nulle part. C’est tout simplement incompréhensible, il nous faut des mesures d’accompagnement spécifiques ! Les agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté ont de quoi être inquiets et mécontents, notre région est l’une des rares en France à être intégralement située en zones intermédiaires ».
Le Côte-d’orien a bien précisé que la problématique Pac ne se résoudra pas devant la Dreal : « nous irons à la Draaf et en préfecture car leurs services ont les cartes en main pour rééquilibrer les différents soutiens. La Dreal, ce sera pour aborder nos différents moyens de production. Ces derniers sont mis à mal, je pense notamment aux dossiers de la gestion de l’eau et de la directive nitrates pour ne citer qu’eux. Les exploitants agricoles enchaînent les contraintes, cela ne peut plus durer ainsi. Si encore ces contraintes servaient à quelque chose… Là, ce n’est clairement pas le cas. Des mesures en faveur de l’environnement ne se prennent pas derrière un bureau, il faut aller sur le terrain en considérant les caractéristiques et les problématiques de chaque territoire ».