Ovins
Il mange à l'œil

AG
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Éloi Mony, éleveur de Francheville, pratique la vaine pâture sur le plateau de Sombernon.

Il mange à l'œil
Le Côte-d'orien et ses 200 brebis, le 22 janvier près de Saint-Martin-du-Mont.

L'herbe est toujours plus verte ailleurs : ce proverbe se vérifie pour Éloi Mony, qui fait pâturer ses 200 brebis en dehors de sa propriété, toute l'année. « Je me rends sur les parcelles de sept éleveurs du plateau de Sombernon, entre Blaisy-Bas et chez moi, à Francheville, sur une surface totale d’environ 200 ha. J'évolue en fonction de la nourriture disponible ! », confie cet adepte de l'écopastoralisme : « franchement, j'encourage les jeunes à opter pour cette pratique dans les zones de plaine et céréalières. Tout le monde est gagnant. Mes brebis ont toujours de quoi manger et en contrepartie, elles nettoient et fertilisent les terrains, cela permet notamment de faire du foin de très bonne qualité en mai ou juin ».

Enfermé dehors

Éloi Mony passe donc une très grande partie de l'année dans les prairies, en compagnie de ses ovins : « je m'accorde tout de même le droit de rentrer chez moi le soir ! En pratique, j'installe des parcs électriques de 7 à 8 ha, soit la surface nécessaire pour tenir généralement une semaine au niveau de l'alimentation. Il faut une journée entière à chaque fois pour monter et démonter ce filet, avec l'aide d'autres mains bien sûr, c'est vraiment chronophage… Avec ma famille, nous nous relayons pour surveiller les animaux du soir au petit matin, car nous ne sommes malheureusement jamais tranquilles à cause du loup ».

Naissances à l'horizon

Les agnelages, c'est pour bientôt. « C'est la seule période de l'année où mes brebis sont rentrées en bâtiment, c'est-à-dire du 1er mars, jusqu'à la fin de ce mois. Oui, oui, on s'en rapproche, c'est d'ailleurs pour cela que vous me voyez aujourd'hui, près de Saint-Seine ! », mentionne le jeune éleveur. Près de 300 agneaux sont espérés dans sa race Romane, avec des croisés Suffolk et Charolais. Qu'en est-il d'un point de vue économique ? Pour « vivre » de ce système, il faudrait « avoir le double de brebis, tout en conservant un train de vie modeste », indique Éloi Mony, qui espère un jour y arriver : « j'ai aujourd'hui 50 agnelles donc dans un an, j'aurai déjà 250 agnelages. Dans le même temps, je devrais diminuer ma deuxième activité qui est la tonte de moutons. C'est un super métier mais celui-ci est très chronophage lui aussi, et difficile physiquement, sans être bien rémunéré. Avoir deux activités, c'est bien, mais courir partout et avoir une vie de famille n'est pas toujours conciliable… ».