EBE de Moulins-Engilbert
Un contrat de confiance
Depuis environ un an, l'Entreprise à but d'emploi (EBE) Ô’ser de Moulins-Engilbert commence à trouver sa place dans le paysage nivernais, comme l'expliquent Marie-Jeanne Brossard, exploitante, et deux salariés de l'EBE : Gaël et Damien.
Ouverte fin 2022, l'Entreprise à but d'emploi (EBE) Ô’ser sur le territoire environnant de Moulins-Engilbert et Châtillon-en-Bazois compte aujourd'hui une trentaine de salariés. Marie-Jeanne Brossard, 60 ans et exploitante à Moulins-Engilbert, pointe : « Très peu d'entreprises ont un tel développement en si peu de temps, d'autant plus dans nos territoires ». Pour comprendre cet engouement, elle revient sur sa propre expérience avec l'EBE puisqu'elle la sollicite pour divers travaux à titre professionnel mais aussi personnel.
Ainsi, pour elle, l'EBE offre divers atouts : « En agricole, nous avons toujours des imprévus. De ce fait, nous avons parfois besoin de quelqu'un au pied levé et l'EBE répond toujours par la positive, même à la dernière minute ; c'est très appréciable. Mais, il faut avoir conscience que les salariés ne sont pas toujours formés pour les tâches demandées, ils mettent donc parfois un peu plus de temps à réaliser les travaux. Il faut simplement leur expliquer, et après tout roule. Certes cela ne sera pas aussi parfait qu'un employé spécialisé, mais la qualité est tout de même au rendez-vous ». Ensuite, elle revient sur le coût financier : « En plus de cette adaptabilité, les prestations de l'EBE sont financièrement intéressantes. Pour dépanner, cela est assez attractif ». Elle rappelle tout de même : « L'EBE Ô’ser – comme toutes les autres de la Nièvre - a une clause de non-concurrence ; logique pour maintenir le tissu économique local ». Enfin, elle évoque la charge administrative : « Si l'on fait appel à l'EBE, nous n'avons pas besoin de faire les fiches de paie ni de prévenir l'assurance… Tout est pris en charge par la structure, ce qui est fort appréciable lorsque l'on connaît le poids des démarches administratives en agriculture… ».
Le cœur des valeurs
En plus de tous ces points, elle rajoute : « Il ne faut pas oublier l'essence de l'EBE : redonner de l'emploi à des personnes en situations particulières. Cette dimension humaine a énormément de sens pour moi et je pense que dans nos territoires ruraux cet outil est indispensable. Preuve en est, la trentaine de salariés de l'EBE fait vivre les dix communes que couvre l'EBE (1), puisque ces personnes travaillent sur place et font leurs courses dans les commerces de proximité… En plus, la nature des activités proposées par l'EBE (conciergerie, petits travaux, ressourcerie, couture, etc.) est bien plus qu'un service rendu puisque les salariés sont souvent en contact avec des personnes isolées. Cela tisse un vrai lien entre tous les habitants ravivant ainsi l'âme de nos bourgs ». Si Marie-Jeanne est donc conquise par cette démarche singulière, l'EBE procure un espace de travail différent pour les salariés. Parmi eux, Gaël Trou, 43 ans, et Damien Lagarde, 37 ans, qui ont effectué des travaux chez Marie-Jeanne, détaillent cet aspect. Après avoir été au chômage pendant plus d'un an, ils retrouvent avec leur contrat au sein de l'EBE une « dignité et un espace véritablement humain ». Gaël explique : « c'est une thérapie par le travail, pour moi qui suis bipolaire. L'EBE permet d'avoir des contrats aux horaires choisis afin de s'adapter à nos difficultés. En parallèle, la direction est très à l'écoute de nos besoins au quotidien et ouverte à nos propositions de projets. Nous ne sommes pas que de simples pions que l'on met çà et là. On se sent vraiment considérés ». Damien, de son côté, stipule : « ce n'est pas parce que notre handicap ne se voit pas qu'il n'est pas là. Avec l'EBE, il y a une prise en compte de cela, sans pour autant sous-évaluer nos capacités. Ils nous font confiance – comme les clients – pour réaliser des travaux même si nous n'avons pas les diplômes pour prouver notre savoir-faire. Cela permet d'ailleurs de reprendre confiance en soi. Pour ma part, j'ai postulé, durant mon année de chômage, à de nombreux postes, mais n'ai jamais eu de retours pour mes candidatures. Cette situation donne l'impression de ne pas exister aux yeux de certains… ». Gaël et Damien s'accordent : « nous nous sentons utiles et fiers face à la satisfaction des clients. D'ailleurs, ils sont de plus en plus exigeants prouvant, selon nous, que la confiance en nos capacités grandit ; cela n'a pas de prix ». Pour découvrir les missions de l'EBE Ô’ser, une Fête de l'Emploi est organisée le 13 septembre à partir de 13 h 30 à la MJC de Châtillon-en-Bazois (Place Pierre Saury). Au programme est prévu : Un après-midi d'échanges et d'ateliers autour de la thématique des « Travaux utiles au territoire », un repas réalisé par les salariés de l'EBE et une soirée festive. Renseignements et réservations : ebe.o.ser@gmail.com ou 03 86 76 21 02.
(1) L'EBE de Moulins-Engilbert couvre les communes de Vandenesse, Saint-Honoré, Villapourçon, Châtillon-en-Bazois, Brinay, Limanton, Moulins-Engilbert, Sermage, Maux et Tamnay-en-Bazois.