Dans l'Yonne, les semis de colza sont toujours en cours pour certains. Un retard conséquent sur les préconisations faites par les techniciens, causé par une moisson tardive et une météo capricieuse. Alors, pour tenter de contourner ses péripéties, faire une bonne préparation des sols apparaît comme une étape plus cruciale que jamais.
Le jeudi 22 août était jour de semis de leurs colzas, pour Hélène et Thierry Dapvril, agriculteurs en AB à Champignelles. Et comme le dit Thierry Dapvril, « en bio, il faut absolument réussir les semis, car on n'a pas la possibilité de faire du désherbage chimique derrière. Les semis, c'est plus de la moitié du travail ».
Avec une moisson qui fut tardive cette année en céréales, il n'a pas fallu chômer pour semer au plus vite. Car si les techniciens préconisent de semer le colza avant le 15 août, beaucoup n'ont pu le faire qu'après date, quand d'autres y sont encore. « Cette année, il n'y a quasiment pas eu de pause entre la récolte et les semis », assure Hélène Dapvril. « Entre la récolte et les semis, il y a eu cinq passages dans le champ avec le déchaumeur à dents (qui a précédé la pose de fumier), le déchaumeur à disques, un labour, la rotative et le déchaumeur à disque (un jour avant les semis) », liste-t-elle, avant d'ajouter : « Les semis de 2023 (en colza) ont été faits le 17 août et on a seulement fait deux passages à la bineuse derrière, rien de plus. Et on a fait 23 q/ha à la récolte, ce qui est très bien en bio. Je suis persuadé que la mise en place de la culture fait 50 % du rendement ».
Gare aux insectes
Alors, quelles conséquences pourraient émerger de ces semis tardifs ? « Cela augmente les chances que la plante soit sensible à l'arrivée des insectes ravageurs du colza (grosse altise et charançon) avant l'arrivée de l'hiver, si elle n'est pas suffisamment développée et robuste d'ici-là. Mais si on a une bonne arrière-saison, avec des températures comme on a en ce moment, elle devrait arriver à bien se développer », répond Thierry Dapvril. « Pour que la plante soit vraiment dans de bonnes conditions, il faudrait qu'il y ait un peu d'eau mi-septembre tout en conservant les températures actuelles », continue Hélène Dapvril.
Une année éprouvante
Alors que la campagne 2023 n'est toujours pas terminée et que 2024 a déjà commencé, le moins que l'on puisse dire, c'est que cette année est éprouvante pour les agriculteurs. Outre les cultures, les éleveurs, dont font partie Hélène et Thierry Dapvril, doivent jongler entre les semis et les foins, ce qu'ils ont déjà dû faire à la récolte. « Il nous reste encore quelques parcelles à faucher alors que cela devrait être terminé depuis longtemps », soupire Hélène Dapvril. « Et dans tout cela, on oublie les hommes et les femmes que nous sommes, nous, agriculteurs. Avec tous ces retards, beaucoup n'ont pas pu partir en vacances et n'ont pas pu couper entre la récolte et les semis, et doivent enchaîner deux campagnes de suite. En agriculture, on parle beaucoup de revenu, de temps de travail, de machines, mais finalement peu de nous. Il ne faut pas nous oublier », souligne Hélène Dapvril.
Et après une telle moisson, où le moral est au plus bas, beaucoup auraient bien eu besoin de souffler et ne pas être obligés de devoir puiser dans leurs ressources…