Chambre d'agriculture
Des couverts pour sauver mon année fourragère
Le mardi 20 août, la Chambre d’agriculture de l’Yonne a organisé un tour de plaine, à Sainte-Magnance, pour échanger sur les fourrages implantés en dérobée.
La campagne fourragère 2024 a été rendue très complexe par les pluies abondantes. Dès le début de l’été, afin de profiter de la fraîcheur et de l’eau contenue dans les sols, la Chambre d’agriculture de l'Yonne et la coopérative Alysé ont diffusé une note technique pour aider les agriculteurs à implanter des intercultures fourragères. Ces intercultures permettent de produire des fourrages de qualité, récoltés en principe dès l’automne et valorisables en ensilage, enrubannage ou même en pâturage (pour les ovins par exemple).
Les années compliquées se suivent et ne se ressemblent pas
Le contexte climatique n’épargne pas les éleveurs et le pilotage des fourrages des exploitations est grandement perturbé. Entre les sécheresses et les années trop humides, il est de plus en plus difficile de se projeter. La sécurisation des fourrages va au-delà de la quantité, il faut aussi sécuriser la qualité pour éviter au maximum l’achat d’aliments et maîtriser les charges.
L’adaptation et l’agilité sont indispensables pour les éleveurs et sont au cœur du conseil technique de la Chambre d’agriculture et d’Alysé. Ce partenariat, matérialisé par un contrat d’objectifs, a pour vocation d’accompagner les éleveurs du département et de les aider à trouver des solutions durables pour leurs exploitations.
À cette occasion, et dans le cadre du projet régional « partageons nos réussites », la visite organisée à Sainte-Magnance illustrait parfaitement cet objectif : deux parcelles de sorgho ont été observées, la première implantée derrière un méteil, l’autre en remplacement d’une orge détruite par l’excès d’eau.
Un fourrage « tampon »
Cela fait quatre ans que Pascal Baron, agriculteur hôte de cette journée à Sainte-Magnance, a intégré le sorgho fourrager dans sa rotation. Cette culture, valorisée en enrubannage, lui permet d’avoir en permanence un stock « tampon » en cas de besoin. Ce sorgho est donné en fin de campagne et permet de nourrir les animaux avec un fourrage appétant et de bonne qualité.
Cette culture est implantée à la suite d’un méteil fourrage récolté au printemps. Le sorgho n’est pas fertilisé et valorise l’azote relâché à la suite du méteil qui est en partie composé de légumineuses (triticale, avoine, pois, vesce). Il permet de couvrir le sol, réduisant les risques d’érosion liés au sec ou à l’excès d’eau, et de nettoyer la parcelle avant le blé qui suivra. En effet, la hauteur du sorgho et sa densité bloquent le développement des adventices. Le sorgho de type sudan x sudan est fauché une fois et parfois deux si la saison s’y prête.
L’objectif de la journée était de comparer et d’échanger sur différentes stratégies que peuvent mettre en place les éleveurs et de voir avec eux leurs besoins et les adaptations nécessaires. À terme, la Chambre d’agriculture de l'Yonne souhaiterait créer un groupe polyculture élevage sur le sud du département pour travailler autour de l’adaptation au changement climatique tout en assurant son revenu via la sécurisation des systèmes et des fourrages, mais aussi l’intégration des cultures de ventes.