Table ronde installation
Retours d'expériences

Chloé Monget
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Afin de donner aux jeunes étudiants en filière agricole quelques clefs sur l'installation, une table ronde fut organisée au Legta de Challuy le 5 novembre.

Retours d'expériences
La table ronde a réuni, de gauche à droite, Julie Nérot, Rémi Thibaudat, Simon Gauche, Dorkeslee Ackouete et Stéphanie Moulin.

« Il est nécessaire d'ouvrir les esprits de nos étudiants sur le parcours d'installation, car il y a souvent un gouffre entre ce qu'ils pensent et la réalité. Il est donc important de remettre un peu de vérité dans tout cela, au travers d'échanges avec d'autres jeunes » stipule Stéphanie Moulin, enseignante en gestion et coordinatrice du BTS Analyse, conduite et stratégie de l'exploitation agricole (Acse) au Legta de Challuy, concernant la table ronde dédiée, organisée au sein de l'établissement le 5 novembre. Pour l'occasion, des classes de BTS ACSE 1re année, Brevet Professionnel Responsable d'Entreprise Agricole (BPREA), pour Challuy, ainsi que des élèves en baccalauréat professionnel conduite et gestion de l'entreprise agricole et viticole, pour Cosne, étaient réunis pour assister aux échanges entre Julie Nérot (viticultrice à Saint-Père), Rémi Thibaudat (polyculteur-éleveur à Garchizy), Simon Gauche (président des JA 58, en cours d'installation) et Dorkeslee Ackouete (éleveuse), venue du Bénin grâce à l'association Agriculteurs français et développement international (AFDI).

Définir un projet

Les échanges se sont tout d'abord portés sur l'élaboration du projet d'installation et la formation préalable. Julie Nérot pointe : « si vous avez la possibilité de poursuivre vos études avant l'installation faites-le, car après vous n'aurez plus la tête à ça et parfois plus le temps. Les études peuvent paraître parfois longues, mais les connaissances engrangées n'ont pas de prix car elles serviront toujours ». De son côté, Rémi Thibaudat revient sur son emploi avant l'installation : « J'ai travaillé dans un domaine hors agricole avant de m'installer, c'était une volonté de mon père. Finalement, cela m'a permis de savoir si réellement j'avais envie de devenir chef d'exploitation ou rester salarié, car l'engagement et les contraintes ne sont clairement pas les mêmes. Quand vous devenez votre propre patron, certes vous êtes libres, mais vous oubliez la tranquillité d'esprit – et parfois le salaire fixe ! ». Pour sa part, Simon Gauche, explique : « Cela fait 5 ans que je peaufine mon projet, je travaille donc comme salarié agricole ; idéal pour découvrir de nouvelles pratiques. En plus, je préfère prendre mon temps pour établir mon installation car les choix peuvent avoir des conséquences pour l'avenir de ma carrière ».

Le coût des choix

Sur ce point des décisions à prendre, Julie Nérot partage son expérience : « On m'avait conseillé un type de structure pour ma société, mais finalement, aujourd'hui je dois la changer car elle ne correspond pas à mon quotidien. Cela à un coût financier qui n'est pas négligeable, donc avoir la bonne structure juridique dès le départ peut vous éviter bien des tracas ». D'ailleurs, sur la question de l'investissement pécuniaire nécessaire à l'installation, là aussi, les intervenants ont rappelé : « En fonction des reprises, les coûts varient. La question étant : est-ce que votre système vous permettra de rembourser vos annuités, et de vous verser éventuellement un salaire ? N'oubliez pas de vivre de votre métier ! ». Afin de mettre les montants des reprises en perspective, Dorkeslee Ackouete annonça le coût de son installation : « 890 euros environ » pour 200 poulets et 19 porcelets avant de rappeler : « Au Bénin, nous n'avons pas l'accompagnement technique ou les aides financières que vous avez en France. Nous devons nous débrouiller pour l'accès aux terres – avec la myriade de propriétaires – et l'achat des cheptels. Pour ma part, heureusement que ma famille m'a épaulé ».

S'adapter et résister

L'évolution du projet en lui-même fut également martelé par les intervenants : « il ne faut pas s'obstiner si vous voyez que cela n'est pas pertinent ou plus adapté » développe Rémi Thibaudat avant de partager son vécu : « je voulais m'installer en volaille, mais au vu de la complexité administrative et de nouveaux éléments (terres se libérant à proximité de l'exploitation familiale), il m'a semblé plus sage de revoir ma copie ». Enfin, d'une seule voix, les quatre intervenants concluent : « le parcours d'installation peut être tellement complexe que si vous arrivez à passer ce cap, vous avez déjà fait un grand pas. Mais, pour y parvenir, il faut être extrêmement motivé car cela demande un grand engagement que ce soit en temps ou en patience ». Sur ces mots, la table ronde s'est clôturée, mais pas la journée, puisque des visites d'exploitations étaient prévues pour les étudiants durant l'après-midi afin de rendre tout cela encore plus concret.