Le Gaec Geoffroy, de Bure-les-Templiers, cumule les attaques sur sa troupe ovine depuis plusieurs semaines. Une situation d'autant plus inquiétante que les prés concernés sont distants de vingt kilomètres et situés dans deux départements différents.
Leur secteur était épargné pour le moment mais ce temps-là est révolu. Baptiste, Pierre-Emmanuel et Carole Geoffroy, tous les trois en Gaec à Bure-les-Templiers dans le nord de la Côte-d'Or, déplorent des attaques sur leurs ovins depuis fin septembre. « Cela a commencé sur notre deuxième site d'exploitation, près d'Auberive en Haute-Marne, avec une brebis attaquée au niveau du cou », relate Baptiste Geoffroy. Aucune conclusion et donc indemnisation n'ont été effectives malgré la venue des agents de l'OFB. « Leur constat ne s'est fait que le lendemain après-midi de notre appel. Or, il avait beaucoup plu la nuit. Les indices étaient, selon eux, beaucoup trop minimes », relaye le jeune éleveur. Deux semaines plus tard, rebelote : mais cette fois-ci, deux brebis sont au tapis : « nous faisons du pâturage tournant, ce n'était pas exactement dans le même coin mais ce n'était pas loin. La première brebis avait été encore dévorée au niveau du cou, il manquait une bonne partie du train arrière sur la deuxième. Il ne restait en fait que les os », poursuit le Côte-d'orien. Les agents de l'OFB n'ont visiblement « pas pensé » au loup, contrairement à un vétérinaire expert mandaté par les trois éleveurs dans le cadre de leurs assurances : « ce vétérinaire était formel sur le constat de la deuxième attaque : il n'avait jamais vu une telle consommation d'animal en si peu de temps… Une autopsie a été réalisée et les ovins n'avaient rien d'anormal, il n'était pas non plus question de FCO ! La DDT52 n'a rien voulu savoir sur cette conclusion, la cause est restée indéterminée selon eux. La possibilité d'une crise cardiaque avait même été évoquée pour notre première brebis tuée, c'est difficile à entendre… ».
Puis dans le 21
Le Gaec Geoffroy n'en était pas à la fin de ses mésaventures. Une quinzaine de jours plus tard, une de ses agnelles a été retrouvée morte, cette fois-ci près de la ferme de Bure-les-Templiers. « Et cela a continué avec une autre agnelle de renouvellement, une dizaine de jours après, toujours sur ce même site. Cela commence à faire beaucoup ! », soupire Baptiste Geoffroy, en précisant que sur ce dernier animal, « les perforations au niveau du cou étaient bien visibles, avec un diamètre compris entre 0,3 et 0,5 cm typique du loup. Les agents de l'OFB ont évoqué la piste du lynx et aussi celle du loup, peut-être ! ». Les membres du Gaec Geoffroy, qui élèvent 250 brebis en race Île-de-France, se demandent quel avenir leur réserve la prédation : « ce sont des pertes dans notre troupe à chaque fois, nous ne savons vraiment pas où nous allons… Ce sont aussi des pertes de temps très importantes : lors de la dernière attaque, autour de l'agnelle, il y avait deux agents de l'OFB, deux personnes du Parc national et même deux gendarmes, qui avaient sans doute mieux à faire qu'être ici, d'autant que ces rencontres ne débouchent sur rien du tout. Ce sont des demi-journées totalement perdues, sans la moindre production ».
Beaucoup de questions
Des cinq animaux morts depuis fin septembre, seulement deux sont en cours d’indemnisation : « il s'agit des deux agnelles tuées à Bure. Pour chacune d'entre elles, nous allons toucher 200 euros auxquels s'ajouteront 100 euros pour les dommages collatéraux. Avec tout le stress généré au sein de la troupe, nous redoutons des conséquences sur la reproduction. Si cela est le cas, ces 100 euros ne suffiront pas… Ces événements représentent aussi beaucoup de temps et d'énergie perdus à la maison, avec de nombreux coups de fil à passer, des dossiers à remplir et nous devons faire l'intermédiaire entre ces différents organismes qui ne communiquent pas entre eux. Le Parc national nous conseille d'acheter des Patous mais comment faire quand nous exploitons sur deux sites différents ? Et près d'Auberive, il y a beaucoup de promeneurs, il pourrait y avoir bien d'autres problèmes avec ces chiens qui sont loin d'être gentils. Et que ferions-nous de ces animaux une fois nos ovins rentrés l'hiver ? Cette situation est difficile et très préoccupante, sachant que nous avons déjà beaucoup de travail en ce moment avec nos 140 vaches charolaises ».