Vendanges
Dossier vignes : bien maîtriser ses consommations d'électricité et d'eau en périodes de vendanges

Cédric Michelin
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Lors du dernier Salon VinEquip, fin mars, à Mâcon, Thomas Canonnier, du service vigne & vin à la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, a présenté les travaux en cours au chai et surtout les bonnes pratiques à adopter pour économiser de l’eau, mais aussi l’électricité.

Dossier vignes : bien maîtriser ses consommations d'électricité et d'eau en périodes de vendanges
Bien cloisonner son chai permet de ne pas avoir à nettoyer en dessous des cuves bétons, par exemple, pour économiser de l'eau et du temps. (Crédit Gauthier-Desvignes)

Grosse période consommatrice d’eau, les vendanges voient généralement le compteur s’affoler lors du nettoyage des matériels. La toute première chose qu’il convient de faire est déjà de bien connaître sa consommation. « Cela paraît évident, mais aujourd’hui, on se rend compte que le seul levier qu’ont les viticulteurs pour connaître leur consommation d’eau est la facture à la fin de l’année, au mieux », regrette Thomas Canonnier. À quand le premier compteur Linky de l’eau qui permette de suivre sa consommation au mois et par appareil ? En attendant, en période de vendanges, le vigneron n’aura guère le temps d’un suivi sur ce point. Le Vinipôle Sud Bourgogne a donc cherché à savoir, en réalisant un audit sur une exploitation viticole pour mesurer les consommations d’électricité tout d’abord. Des capteurs ont été mis sur l’ensemble du chai, ce qui a permis d’avoir une idée sur l’année entière. Évidemment, l’aspect matériel et le process de vinification influent sur les données. Ici, le premier poste de consommation d’électricité était naturellement le poste de thermorégulation des cuves. Les suivants étaient déjà plus inattendus avec l’éclairage et la ventilation, « un tout petit moteur qui tournait en permanence ». Thomas Canonnier a fait un parallèle pour bien faire comprendre son propos : « le premier poste chez vous, n’est pas le four, mais votre box Internet qui marche en permanence ».

Capteurs et données

La question du process de vinification est plus complexe puisqu’il s’agit d’isoler mais aussi de mettre en relation plusieurs matériels inclus dans un même process. Sur l’exploitation étudiée, c’est la fermentation malolactique qui était la plus consommatrice d’énergie et non la thermorégulation apportant du froid au moment de la fermentation alcoolique. En réalité, c’est le maintien de la température du chai en hiver, le chauffage qui permet à la fermentation malolactique de se mettre en place. Alors, avec quels capteurs s’équiper ? Il en existe un grand nombre. Les viticulteurs n’ont pas forcément le temps de se renseigner et, encore moins, de coupler les systèmes pour croiser les données. Pour autant, aujourd’hui, de nouveaux capteurs au prix abordables arrivent sur le marché pour avoir « de la donnée en masse ». « Le plus compliqué est de synthétiser ces données », admet Thomas Canonnier. À chacun de décortiquer son itinéraire technique, ce qui n’est pas aisé.

Ne pas compliquer les opérations de nettoyage

Autre aspect : la consommation d’eau se confronte également à des tensions ponctuelles en termes de ressources. Les sécheresses de 2018, 2019, 2020, 2022 rappellent que si l’eau vient à manquer, cela peut certes donner de beaux millésimes, mais aussi vite compliquer les opérations de nettoyage lors des vendanges, si des limitations d’usages devaient intervenir sur décision préfectorale. Aujourd’hui, des capteurs arrivent à quantifier le flux d’eau passant dans un tuyau par magnétisme, pouvant même envoyer la donnée à distance. Le Vinipole a étudié la consommation d’eau sur une exploitation viticole du Mâconnais et d’une autre dans le Châlonnais, avec de simples compteurs divisionnaires. Le tout pendant deux saisons avec un zoom sur la période des vendanges. Avant de livrer les résultats, Thomas Canonnier a sondé les deux vignerons pour connaître leur ressenti. Pour eux, le premier poste de consommation d’eau était la tête de la machine à vendanger, toujours difficile à nettoyer. « Cela leur prend du temps en fin de journée, lorsqu’ils sont fatigués et ils nettoient avec de gros tuyaux à fort débit », rappelle Thomas Canonnier. Pour autant, après analyse, cette étape ne représente que 15 % des consommations totales d’eau.

15 % d’économies

Le premier poste de consommation est en réalité l’entretien des sols. De ce résultat étonnant ont découlé plusieurs réflexions pour réduire l’eau utilisée. D’abord réfléchir au matériel, le jet consommant beaucoup par rapport à des systèmes de type compresseurs ou même des systèmes tractés créant de l’eau oxygénée, « comme dans les hôpitaux ». Sinon, il y a plus simple : commencer par éviter de salir tout le chai, mettre des protections pour ne pas salir sous les cuves, endroits souvent longs et compliqués à nettoyer. « Le fait de cloisonner le chai permet de diminuer les surfaces à nettoyer », conseille Thomas Canonnier. Une évidence qui représente tout de même 70 % des consommations d’eau. La phase d’après est de bien former son personnel en amont des vendanges et vinification, pour prendre l’habitude de regarder les économies réalisées. « Dans les hôpitaux, cela génère immédiatement 10 à 15 % d’économie d’eau », selon la littérature scientifique. Enfin, autre facteur d’économie d’eau : un revêtement du sol adapté couplé à un bon balai raclette.