Patrimoine
À la découverte du musée du tire-bouchon à Beine

Christopher Levé
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À Beine, le domaine Alain Geoffroy expose depuis plusieurs années près de 5 000 tire-bouchons dans son musée. Une passion initiée par le papa, Alain, que perpétue désormais la fille, Nathalie.

Tire-bouchon
Près de 5 000 tire-bouchons sont à découvrir au musée de la vigne et du tire-bouchon, à Beine.

C'est un objet qu'on a forcément tous chez soi, en un, deux, voire trois ou quatre exemplaires, dans le tiroir de sa cuisine, dans sa cave, parfois même dans son sac ou sa poche. Vous séchez ? On vous parle bien sûr du tire-bouchon. Un simple accessoire pour certains, une vraie passion pour d'autres. Et ce n'est pas Nathalie Geoffroy, cogérante du domaine Alain Geoffroy, à Beine, qui nous contredira. Car à quelques pas du domaine, la famille de viticulteurs expose non pas des dizaines, ni des centaines, mais bien des milliers de tire-bouchons, dans un musée, nommé le musée de la vigne et du tire-bouchon.
« L'idée de cette collection vient de mon papa, qui a toujours été passionné par les vieux objets, par les brocantes et par le métier de vigneron, qui était déjà le métier de ses parents. Il a collectionné énormément d'objets de famille liés aux métiers de la vigne et du vin. Au fur et à mesure, il s'est passionné plus précisément pour le tire-bouchon, qui est la partie un peu plus conviviale du métier, où on a l'aboutissement du travail en main avec la bouteille de vin, qu'on a le plaisir d'ouvrir avec un beau tire-bouchon, qui fait partie du folklore, de la mise en scène prestigieuse du moment », raconte Nathalie Geoffroy.
Après de nombreuses heures à écumer les brocantes, à faire du troc avec d'autres collectionneurs, Alain Geoffroy fini par acquérir une grosse collection, avec près de 5 000 tire-bouchons. « Mon papa nous a quittés il y a maintenant 3 ans, mais au domaine, on a décidé de poursuivre sa collection. On s'est pris au jeu », sourit-elle. « Ces dernières années, on a réussi à en acquérir une cinquantaine, des plus contemporains, même si on essaye toujours d'en trouver des anciens ».

Les anciennes caves réhabilitées

Cette collection a commencé dans les années 1990, « tout doucement », comme le dit Nathalie Geoffroy. « La passion de mon papa pour le tire-bouchon s'est vraiment accélérée dans les années 2000, lorsqu'il a pris sa retraite. Il s'est créé un second métier, un métier de passion, qui l'a amené à beaucoup voyager, notamment en Europe, à la recherche de pièces rares et uniques ».
L'idée de créer un musée est alors arrivée assez naturellement. « Mon papa commençait à avoir énormément de pièces, qui étaient dans des cartons. Quand il devait en acheter ou en échanger, il devait tout sortir pour voir ce qu'il avait ou ce qui lui manquait. Cela est rapidement devenu compliqué pour l'organisation. Il fallait donc pouvoir les voir pour rendre les choses plus faciles. La mise en place du musée s'est faite sur plusieurs années car il a déjà fallu faire de la place pour tout accueillir et faire estimer et authentifier les tire-bouchons ».
C'est alors dans les anciennes caves du domaine, celles des grands-parents, un lieu rempli d'histoire, que la collection est exposée. « Ici, il y a encore les anciennes cuves en béton. On a dédié tout cet ancien espace de travail à la collection, qui s'étale sur huit petites salles, ouvertes aux visites ». Nathalie Geoffroy poursuit. « On a souhaité ouvrir ce lieu et mettre en avant cette collection car il n'y avait aucun intérêt à garder cela pour nous. Ce sont des belles pièces, qui racontent l'histoire des vignerons, à travers différentes époques. Le tire-bouchon lui-même a son histoire, des mécanismes différents en fonction des époques, une évolution. Cela plaît bien aux visiteurs ».
D'ailleurs, en parlant d'histoire, connaissez-vous vraiment celle du tire-bouchon ? Allez, on laisse Nathalie Geoffroy la raconter. « L'origine du tire-bouchon est plutôt attribuée aux Anglais, contrairement à ce qu'on pourrait penser (beaucoup pensent qu'elle est française). Historiquement, les vins étaient stockés en fut. Les gens allaient directement « à la source » en remplissant leur pichet pour servir à table. Vers la fin des années 1800, il y a eu l'industrialisation de la bouteille en Angleterre. Les barriques étaient acheminées par voies fluviales vers l'Angleterre et ce sont les Anglais qui ont démarré cette industrialisation pour le conditionnement du vin en bouteille ». Et qui dit bouteille, dit bouchon, qui dit alors tire-bouchon.

De 1780 à nos jours

Alors, que trouve-t-on comme style de tire-bouchons au musée ? Vous vous doutez bien qu'il serait bien trop long de nous énumérer les (presque) 5 000 pièces exposées, mais ce que l'on peut dire, c'est que les mécanismes sont très variés. « On a des tire-bouchons qui vont de 1780 environ, jusqu'à nos jours. On a aussi bien des mécanismes avec des bras, les fameux De Gaulle, on a des mécanismes en zigzag, des modèles à crémaillère… », indique Nathalie Geoffroy, qui nous présente également ses pièces favorites. « Ce sont les modèles de tire-bouchon à cage. Là, on est dans les années 1850, avec des tire-bouchons assez travaillés au niveau de la cage. Ils sont assez simples d'utilisation : on le pose sur le goulot de la bouteille, on l'enfonce et on parvient à extraire le bouchon assez facilement. Ce sont mes préférés pour le travail de ferronnerie qui est assez intéressant selon moi ».
Quant au reste ? Nous vous invitons à aller vous-même le découvrir sur place. Vous trouverez forcément à votre tour votre pièce favorite.

NOTE : Le musée de la vigne et du tire-bouchon est situé au 4 rue de l'Équerre, 89 800, Beine. Le musée est ouvert du lundi au vendredi, de 8 heures à 12 heures et de 14 heures à 17 heures. Les visites en groupe se font sur réservation au 03 86 42 43 76. Plus d'infos sur le site internet www.chablis-geoffroy.com et les réseaux sociaux (Facebook : domaine Alain Geoffroy ; Instagram : domainealaingeoffroy) du domaine.