L'ancien président de la FDSEA de Côte-d'Or nous a quittés le 23 novembre à seulement 47 ans.
Certains articles sont plus difficiles à écrire que d'autres. Cela va sans dire : celui-ci en fait forcément partie. Fabrice Genin nous a quittés, la terrible nouvelle est tombée samedi. Ses amis agriculteurs l'auront accompagné dans son combat contre la maladie jusqu'à la dernière minute. La veille du départ, Vincent Lavier, président de la Chambre d'agriculture de Côte-d'Or, donnait encore de ses nouvelles aux membres de la session. L'évolution n'était pas bonne et laissait craindre le pire. Cela n'a malheureusement pas duré longtemps.
Fabrice, père de trois enfants, se battait contre un cancer du pancréas depuis un an et demi. Dès l'annonce de la maladie, l’agriculteur de Marsannay-le-Bois s'était retiré de ses responsabilités professionnelles pour se consacrer au principal, sans pour autant arrêter de travailler, ou encore moins de suivre l'actualité des dossiers professionnels dans lesquels il s'était investi. Des responsabilités, dieu sait qu'il en avait, Fabrice était exemplaire dans l'engagement. Président de la FDSEA, de l'APGMB (Association des producteurs de graines de moutarde), du pôle production végétales pérennes de la Chambre d'agriculture… Cet hors cadre familial s'est énormément donné dans la profession. Fabrice travaillait au sein de la SAS MLGG à Marsannay-le-Bois, où il était l'un des associés. Il s'était notamment beaucoup donné dans la création d'une unité de méthanisation, reliée au réseau depuis avril 2022 et relayée à plusieurs reprises dans nos colonnes.
Un « regain de forme » en début d'année allait lui permettre de remettre les pieds dans plusieurs réunions, il gardait un œil plus qu'averti sur l'agriculture, sa grande passion. Nous l'avions croisé en avril, lors de la cérémonie des trophées de l'agriculture au palais des congrès de Dijon : nous lui avions dit tout le bien que nous pensions de lui, que nous étions fiers de lui. Fabrice avait utilisé le mot « sursis », conscient qu'il allait un peu mieux un laps de temps et qu'il fallait en profiter. Sa santé s'est ensuite dégradée, à nouveau. De ceux qui sont allés à son chevet, c'est bien son esprit de combattant qui est ressorti. « Nous avons pris une énorme leçon de vie », nous confiait lundi matin Damien Baumont, son successeur dans la filière moutarde.
Il n'y a pas d'âge pour partir mais 47 ans, c'est bien évidemment beaucoup trop tôt. La peine est grande au sein de la profession. Pour Terres de Bourgogne, Fabrice se rendait constamment disponible et partageait toujours sa bonne humeur, même dans les dossiers les plus compliqués. C'était un grand plaisir de le côtoyer. Nous partageons pleinement l'esprit des commentaires laissés sur notre page Facebook dimanche soir, à l'image des propos de Didier Robin (« Un super mec qui savait fédérer, qui écoutait les éleveurs et les céréaliers. Un hors cadre familial qui donnait sans compter, qui aimait sans rien attendre en retour »), ou encore ceux de Jean-Pierre Fleury (« Un homme de convictions et de liberté. Un syndicaliste visionnaire et innovant, un entrepreneur pour le bien de tous »). Nous partageons également la tristesse de l'un de ses nombreux amis, Aurélien Viellard (« Un vide vient de se créer, tu es mon ami et le resteras jusqu’à la fin de ma vie »). Terres de Bourgogne présente ses condoléances à sa famille et ses proches. Adieu Fabrice.
Réactions
Aurélien Viellard (Labergement-lès-Seurre) : « Fabrice était un ami depuis plus de trente ans car nous nous sommes connus en seconde au lycée de Quetigny. Nous avons partagé cinq années jusqu’au BTS. Des souvenirs incontournables vécus en tant qu’étudiant avec un Fabrice qui se plaçait comme un leader et aussi en soutien. On a vécu nos débuts ensemble tant sur le plan perso que pro. Tout s’est accéléré avec nos engagements syndicaux et le parcours qu’on a partagé chez JA d’abord et à la Chambre ensuite. Il m’a beaucoup apporté sur la vision de l’agriculture et sur les combats qui devaient être menés. Il va réellement me manquer ».
François-Xavier Lévêque (Bressey-sur-Tille) : « L’agriculture côte-d’orienne est une grande famille en deuil, elle vient de perdre l’un de ses piliers. Fabrice était un ami pour beaucoup d’entre nous. Parti de zéro, Fabrice était un vrai entrepreneur, courageux, optimiste et surtout visionnaire. Aux JA, à la FDSEA ou à la Chambre, cela a toujours été un plaisir d’être à ses côtés. Son combat contre la maladie nous a donné une vraie leçon de vie. Jusqu’au bout, il s’est battu courageusement, sans jamais baisser les bras. Il m’avait dit, il y a quelques semaines, que nous avions la chance d’avoir fait de notre passion notre métier, que nous n’avions rien sans rien, mais qu'il fallait surtout préserver sa famille et prendre soin des siens. Tu vas nous manquer Fabrice, je garderai l’image de ton sourire et ton regard, de ton humour… Toutes mes pensées vont à tes enfants, ta famille, tes associés, tes proches… Repose en paix. Adieu Fabrice ».
Antoine Carré (Verrey-sous-Salmaise) : « Nous avons appris avec tristesse la disparition de Fabrice. Il est difficile de trouver les mots justes dans de telles circonstances. Mais je pense ne pas me tromper en décrivant Fabrice comme une personne authentique, à répondre toujours présent. Nous pouvons d’ailleurs parler de son implication sans faille dans le monde agricole. En effet, Fabrice avait de réelles convictions lui permettant de porter fièrement notre cause auprès de chacun. Nous te remercions Fabrice pour ce que tu as apporté, ton souvenir continuera de nous inspirer. Ton départ laisse un vide immense dans le cœur de tous ceux qui t’ont connu. D'ailleurs, j'en profite pour adresser mes plus sincères condoléances à toute ta famille ».
Damien Baumont (Barges) : « Fabrice, avec ton départ précipité, la Moutarde de Bourgogne va perdre un peu de son piquant. Tes 10 années passées à la présidence de l’APGMB et ta perception visionnaire de l’agriculture ont donné à la filière une dimension reconnue au niveau régional, national et même international. Ton sens de l’écoute et ta persévérance ont permis de créer une vraie relation de confiance entre acteurs de la filière. Les messages reçus de Stéphanie, Marc, Luc, Michel, Éric, et bien d’autres encore, démontrent à quel point ta parole était juste et ta personnalité bien appréciée. Tu avais mis en stand-by la présidence le temps des soins, mais je savais que je pouvais compter sur toi. Je te remercie pour ton aide et tes précieux conseils. Notre dernière rencontre avec Laure et Jérôme chez toi, nous a donné une belle leçon de vie que nous essaierons d’appliquer dans notre travail quotidien. Nous mesurons ô combien, notre chance de t’avoir côtoyé. Fabrice, au nom de tous ceux que tu as rencontrés à la « moutarde », l’équipe de l’APGMB, de l’AMB, ainsi que les anciens présidents, nous te disons un grand merci. Repose en paix ».
Jacques de Loisy (Hauteville-lès-Dijon) : « Fabrice était une force tranquille, une belle personne, efficace et à l'écoute des autres, des producteurs et des filières. Partout où il est passé, Fabrice a laissé de très bons souvenirs et une empreinte positive, que ce soit aux JA, à la FDSEA, à la Chambre d'agriculture et évidemment au niveau de la filière moutarde qu'il a portée et relancée. Humainement, Fabrice était une belle âme ».
Fabrice Faivre (Varanges) : « L'agriculture de Côte-d'Or perd un de ses grands défenseurs et un grand bâtisseur. Fabrice, je le connaissais très bien, il m'avait succédé il y a plusieurs années à la tête de la FDSEA. Il était toujours jovial et de bonne humeur, même en cas de difficultés sur nos exploitations. C'était quelqu'un d'entreprenant, qui avait une vraie vision de l'agriculture sur le long terme. La filière moutarde lui doit beaucoup, il avait su convaincre les industriels de mettre le prix qu'il fallait pour maintenir la production sur notre territoire. Je ne garderai que de très bons souvenirs de lui ».
Vincent Lavier (Saulx-de-Duc) : « Non issu du milieu agricole, Fabrice posait un regard différent sur l'agriculture. Avec ses associés, il avait construit un modèle d'exploitation innovant avec une véritable stratégie de développement. Fabrice était très engagé au service de la profession, notamment de par son implication dans la filière moutarde. On retiendra son humour, son optimisme et sa capacité à entrevoir des solutions là où tous les autres voyaient des problèmes ».