«Switch, journal d'une apprentie sorcière », vient de paraître aux Éditions Dargaud. Son auteure, Éva Roussel, 35 ans, revient sur son premier ouvrage en solo.
Même si Éva Roussel, 35 ans, n’en est pas à sa première publication, elle signe son premier ouvrage entièrement réalisé par ses soins avec « Switch, journal d’une apprentie sorcière ». Ce dernier, publié courant mars aux Éditions Dargaud (Collection Mâtin !), revient sur la figure de la sorcière, femme aux connaissances pratiques et scientifiques « persécutée car elle avait le pouvoir du savoir » précise Éva, ainsi que sur l’amour de l’autrice pour son Morvan natal, où elle est revenue vivre depuis 2020.
À la croisée des chemins entre différents concepts, « Switch, journal d’une apprentie sorcière » est un témoin de la vie d’Éva. « Cet ouvrage ne fait en aucun cas du prosélytisme. Il regroupe, mes propos, mes idées, mon expérience. D’ailleurs, consciente de ce point, et avec l’envie d’avoir un équilibre, indispensable lorsque l’on parle de vivant, j’ai créé la petite araignée qui rappelle les dérives ou les contradictions qu’il peut y avoir dans le milieu de l’ésotérisme ». Ainsi, elle cible les fameux sujets abordés : « Je voulais un livre me ressemblant : engagé, féministe et empathique. Ce sont des grands mots qui résument mon envie d’offrir au lecteur les informations que j’ai pu découvrir au fil de mes recherches, que ce soit sur les sorcières, l’éco-féminisme ou encore les plantes. Durant la création, j’ai vécu une véritable boulimie de savoirs nécessaire à la transmission ; Switch en est le résultat ».
Collecter le savoir
Elle insiste en souriant : « Ce n’est pas un livre pour dire aux gens d’aller parler à la lune tous les jeudis, mais plus un recueil d’informations et un retour d’expériences. Ensuite, c’est au lecteur de faire sa propre cuisine intellectuelle et pratique (car oui il y a des recettes pour des infusions !) ». Cette envie de donner des renseignements, Éva l’explique : « Jusqu’à mes 18 ans j’ai vécu dans le Morvan mais je le connaissais finalement assez vaguement. En revenant ici après quelques années passées dans d’autres régions, je voulais en apprendre plus sur ce lieu qui m’avait vu grandir. Finalement, nous vivons sans vraiment prêter attention à ce qui nous entoure, et je trouvais cela dommage. Je me suis donc intéressée à de nombreux sujets, dont la botanique, car, Morvan oblige, nous sommes entourés par la nature ». Ainsi, elle détaille être « partie des plantes de mon jardin… des merveilles qui sont sous nos fenêtres, et dont la majorité des gens n’a pas conscience de leur magie. Cette dernière étant à nos pieds, il faut juste se pencher pour en profiter ». Là, elle rappelle le lien intrinsèque avec les « sorcières » : « Autrefois, elles avaient les connaissances assez pointues sur leur environnement et s’en servaient notamment au travers de concoctions médicinales. Ce savoir était alors vu comme un véritable pouvoir remettant en cause le fonctionnement des régimes en place ; raison pour laquelle elles furent pourchassées. D’ailleurs, la chasse aux sorcières va même au-delà des guérisseuses (qu’on appelle aujourd’hui sorcières), ça a fini par tomber sur n’importe quelle femme qui était sur le passage. Globalement des femmes seules, vielles et sans hommes dans leur vie… Un sujet passionnant qui questionne également le genre et la hiérarchisation de certains mots ; héritage de ces temps anciens. Nature - Culture, émotion - raison, douceur - force, etc. ces notions sont opposées, hiérarchisées et genrées. Et ce qui est du côté du féminin est inévitablement dévalorisé. Les éco-féminstes veulent justement se réapproprier ces notions-là et leur redonner la valeur qu’elles méritent. Parce qu’une société plus empathique et sans domination ça fait quand même plus rêver non ? ».
Point d’équilibre
« Avec du recul, récolter toutes ces informations sur le monde qui m’entoure, était indispensable pour trouver ma place ». Plus spécifiquement, elle évoque le Morvan comme un véritable lieu magique, « si on prend cinq minutes pour le regarder ». Pour elle, cette magie morvandelle se concentre en l’effluve des jacinthes et les rayons du soleil s’installant sur la mousse dans les sous-bois : « C’est en revenant vivre ici que j’ai compris que cela m’avait manqué quand j’ai déménagé de la Nièvre… Et, avec cette réalisation, j’ai retrouvé un équilibre. Ce dernier est d’ailleurs incontournable lorsque l’on parle de vivant ». Elle complète : « C’est en me familiarisant avec mon environnement que j’ai constaté que nous faisons partie du grand puzzle de la nature : une pièce parmi tant d’autres et dont toutes sont indispensables… pour un temps. Car faut-il rappeler que la magie de la nature réside aussi dans le fait qu’en cas de déséquilibre, elle se renouvelle, se métamorphose, s’adapte ; avec ou sans nous, elle change et changera. Alors, autant faire de notre présence un élément positif et non dévastateur ». Elle conclut : « Mon but avec Switch n’est pas de rameuter des adeptes. Si mon ouvrage peut simplement donner aux lecteurs l’envie de prendre le temps de regarder la magie de la nature qui les entoure, et de lutter pour la protéger, cela sera un pari réussi ». « Switch, journal d’une apprentie sorcière » (220 p.) d’Éva Roussel, aux Éditions Dargaud, est disponible en librairie à 19 euros.