Les partenaires d’Objectif cultures propres (OCP) alertent sur le risque adventice élevé cette saison.
Les parcelles non désherbées d’automne, puis les conditions humides et douces de ce printemps ont accentué le développement des adventices notamment en favorisant les relevées en sortie d’hiver. À quelques semaines de la récolte, certaines parcelles de céréales d’hiver sont fortement infestées de graminées (vulpins, ray-grass, bromes, folle avoine) et de dicotylédones (ombellifères type scandix et anthrisque) ou de vivaces (chardon). Il est important de dresser un inventaire des espèces présentes sur chaque parcelle pour dégager des priorités (changement des assolements, allongement des rotations, travail du sol, gestion de l’interculture…). Le salissement des parcelles de céréales, constaté dans la région Bourgogne-Franche-Comté (BFC), comme partout en France, est encore une fois très important cette année. Au-delà de la nuisibilité sur la culture en place (perte de rendement et/ou verse, impuretés, risque d’ergot), ces nombreuses adventices produiront des graines qui augmenteront significativement le stock grainier du sol. Ces graines produiront à leur tour des adventices qu’il faudra gérer rapidement les prochaines années. Pour casser ce cercle vicieux, et dans un contexte de réduction des solutions herbicides, la gestion des populations de graminées actuellement présentes dans les céréales avant leur grenaison est indispensable.
Dans les cas extrêmes, détruire ou exporter avant récolte
Plusieurs stratégies sont envisageables dès aujourd’hui pour éviter le réensemencement de la parcelle en graines d’adventices : l’écimage, la récolte de céréales immatures (enrubannage, méthanisation) et, dans le cas le plus extrême, le broyage des zones infestées. Actuellement, il est sans doute déjà trop tard pour l’écimage et la récolte de céréales immatures au vu de l’avancée des stades dans la région. Dans les situations où le rendement est largement impacté, le broyage des zones infestées jusqu’à la parcelle complète est à envisager. Si cette solution prive de résultats économiques les parcelles ciblées, elle évite une augmentation nette du stock semencier : l’effet est important à moyen terme.
Attention à ne pas disséminer les graines d’adventice
Même si la récolte est une période chargée et stressante pour de nombreux agriculteurs, prendre le temps de nettoyer sa moissonneuse-batteuse après la récolte de parcelles infestées est un moyen simple et très efficace pour éviter de disséminer des graines d’adventices sur de nouvelles parcelles. Si le temps manque pour un nettoyage minutieux, il faudra récolter les parcelles les plus sales en fin de moisson pour éviter au maximum des contaminations entre parcelles. Pour éviter la dissémination des bromes (présents surtout en bordure de parcelles), il est préférable de commencer la récolte par l’intérieur de la parcelle. Il est opportun de rappeler que l’utilisation d’herbicides postfloraison des céréales n’est pas possible compte tenu des délais avant récolte pour limiter le risque de résidus.
Définir un plan d’actions après la récolte
Une fois la récolte de la céréale effectuée, les seules options possibles sont le travail du sol (labour et/ou faux-semis), le décalage de la date de semis sur la céréale suivante et le changement de rotation (en misant sur une culture de printemps ou d’été au lieu d’une céréale d’hiver). Ces deux dernières techniques permettent d’éviter les plages préférentielles de levées des graminées automnales. Toutefois, les vulpins pourront lever en culture comme nous avons pu l’observer lors de la campagne 2024 sur les semis décalés, mais les pressions resteront moins fortes. Dans tous les cas, il convient de mettre en place une culture pour laquelle des solutions herbicides efficaces sont disponibles, ou une culture très concurrentielle. On peut citer notamment la prairie ou une luzerne de 3 ans qui ont une action efficace sur la gestion des graminées mais qui ne sont pas toujours possible dans les zones céréalières. Pour les rotations spécialisées grandes cultures, ne pas implanter d’escourgeons après un blé « sale ». De même pour les colzas d’escourgeons, une stratégie basée uniquement sur le Kerb semble dangereux. À l’interculture, la mise en place d’un labour est particulièrement efficace lorsqu’il est positionné à la suite d’un échec de désherbage de graminées, plus sensibles du fait de leur faible capacité à conserver un pouvoir germinatif (seules 20 à 25 % des graines de graminées restent aptes à germer après un an dans le sol). Le labour permettra d’enfouir les graines de l’année et éviter leur levée dans la culture suivante. Il sera d’autant plus efficace qu’il est intermittent, un labour annuel pouvant remonter en surface des graines viables enfouies la campagne précédente. Concernant les vivaces (chardon, chiendent), l’interculture doit être mise à profit pour une gestion chimique ou mécanique. Seuls des passages répétés auront une efficacité, il faut veiller à utiliser des outils à dents avec un recouvrement maximal pour faire remonter les éléments racinaires à la surface, attention à ne pas découper les éléments racinaires qui risqueraient de se multiplier. Il est recommandé 3 à 4 passages en conditions séchantes.
Note de bas de page : Article rédigé par les partenaires de « Objectif Cultures Propres » (OCP) BFC : Diane Chavassieux et Léa Bounhoure (Arvalis), Jean-François Barot / Emmanuel Bonnin (Soufflet Agriculture), Benjamin Foltier (Axereal), Alexandre Lachmann (Bourgogne du Sud), Patrick Chopard (CA39), Emeric Courbet (CA70), Arnaud Pilier (CA21), Marc Delattre (Columa Vegephyl), Damien Derelle (SeineYonne), Romaind Flaman (SAS Bresson), Michael Geloen (Terres Inovia), Jean-Michel Guittard (Terre Comtoise), Philippe Koehl (Interval), Franck Schnoebelen (CA25/90), Marie-Agnès loiseau (CA89), Mickael mimeau (Alliance BFC), Antoine Villard (CA71) et Cédric Zambotto (CA58).