Cassis
On attaque samedi ?

AG
-

La récolte de cassis pourrait débuter ce week-end à Bonnencontre, près de Seurre.

On attaque samedi ?
Ludovic Bonnardot, il y a quelques jours dans l'une de ses parcelles.

Il y avait encore quelques fruits verts, la semaine dernière, dans les cassissiers de Ludovic Bonnardot. « Ce n'est pas encore l'heure de récolter mais c'est pour bientôt. Probablement autour du 1er juillet », estimait l'exploitant agricole de Bonnencontre. Selon toute vraisemblance, ses deux variétés de cassis rencontreront des fortunes diverses : « le rendement du Noir de Bourgogne devrait se situer entre 1 et 2 t/ha, ce qui correspond à son potentiel. Contrairement aux dernières années, nous n'avons pas eu de gelées printanières, c'est très bien. Le Blackdown pourrait tourner entre 5 et 6t/ha, ce qui n'est pas beaucoup pour lui. En effet, un rendement de 8t/ha peut être espéré quand tout va bien ». Sur ce dernier point, c'est un paradoxe : le Blackdown n'a pourtant rencontré aucun problème particulier cette année... Le producteur de 40 ans se lance dans une explication : « le nombre de fleurs est moins important que d'ordinaire. La sécheresse de l'été dernier est sans doute responsable : l'affaiblissement des plantes a probablement impacté les futurs bourgeons. C'est la première fois que nous voyons ça ! ».

Un marché stagnant

Une fois récolté, le cassis sera livré en très grande partie à des liquoristes de Dijon et Nuits-Saint-Georges. Les prix de vente seront revus à la hausse, ce qui n'était pas arrivé depuis très longtemps selon Ludovic Bonnardot : « l'an passé, nous vendions le Noir de Bourgogne à 1,50 euros/kg et le Blackdown à 70 centimes. Pour l'anecdote, les tarifs pratiqués par mon père étaient plus élevés au début des années 1990... Cette augmentation de 2023 sera la bienvenue, mais elle ne changera pas vraiment la donne dans cette culture. Le marché des liqueurs stagne, voire diminue : c'est un gros problème. Le cassis a clairement perdu en attractivité ces dernière années, je ne vois d'ailleurs aucun nouveau producteur se lancer. Ce n'est pas sans raison ». Le cassis a pourtant « tout pour séduire », enchaîne le Côte-d'orien : « ce fruit est très bon pour la santé avec ses nombreux antioxydants. Il contient trois à quatre fois plus de vitamine C que l'orange. Malgré ces atouts, sa consommation bat de l'aile, c'est dommage... ». Ludovic Bonnardot le reconnaît : la question d'arrêter la production lui a déjà traversé l'esprit plus d'une fois : « nous avons un stagiaire en école d'ingénieur, celui-ci va certainement plancher sur cette thématique... Cette réflexion ne date pas d'hier chez nous : la première fois, c'était en 2003, suite à une grosse attaque de cochenilles blanches du mûrier qui avait failli nous faire perdre l'intégralité des plantations... Nous continuons le cassis car nous en faisons depuis très longtemps et nous sommes attachés à cette culture. Notre matériel est amorti, c'est un avantage. Nous le réparons très régulièrement à moindres coûts, mais je ne sais pas jusqu'à quand nous pourrons le faire. S'il fallait acheter une machine aujourd'hui à 200 000 voire 250 000 euros, ce ne serait plus possible : ce même engin coûtait 50 000 euros autrefois, et le cassis était vendu aux même prix...».