Tombés pour lui
Trois Côte-d’Oriens reviennent sur l’achat de leur taureau Obispo, pour la somme de 5 900 euros à Créancey lors de la vente du GIE Charolais Évaluation en février 2020.

Les fidèles lecteurs de Terres de Bourgogne s’en souviennent peut-être : il y a deux ans, la top vente de Créancey était réalisée par Obispo, un veau né au Gaec de la Fontaine blanche à Moux-en-Morvan. Trois élevages de Côte-d’Or s’étaient réunis pour remporter la mise (5 900 euros) et acquérir ce reproducteur aussi convoité que complet (113 en potentiel de croissance, 114 en développement musculaire, 105 en développement squelettique, 110 en aptitudes fonctionnelles…). Franck et Julien Jeannin (Chazilly), Sébastien Noireaut (Meilly-sur-Rouvres) et Frédéric Porcheret (Champignolles) avaient « battu sur le fil » le groupe Adaz venu de République tchèque, qui lui aussi misait sur ce même animal. « Frédéric était assis à côté de nous dans les gradins. Ce n’était pas prévu, mais il nous avait rejoints dans les dernières secondes des enchères pour ne pas lâcher l’affaire. Sans lui, nous n’aurions pas pu monter aussi haut dans les prix. À trois élevages, nous étions forcément plus forts qu’en individuel ou à deux », se rappelle Sébastien Noireaut. En plus d’un « bon coup » en matière de génétique, les « locaux de l’étape » avaient une autre priorité : celle de ne pas dépenser davantage que d’ordinaire : « Nous mettons généralement 2 500 euros dans un bon reproducteur quand nous l’achetons individuellement. Ce jour-là, nous avons dépensé exactement 1 866 euros chacun, après avoir bénéficié d’une aide de 300 euros de VT Services attribuée par tirage au sort ».
Quel bilan aujourd’hui ?
Obispo présentait tous les critères recherchés par les éleveurs concernés, à savoir la croissance, le lait et l’aptitude à vêler. C’est d’ailleurs ce que les quatre compères indiquaient dans nos colonnes juste après la vente : « sa finesse de viande, d’os, sa morphologie en général avec notamment sa largeur de dos, son bassin, son développement musculaire… Tout laisse à penser qu’il nous permettra de faire de bons broutards et de bonnes génisses de renouvellement ». Qu’en est-il aujourd’hui ? Obispo tient-il toutes les promesses placées en lui ? Juger un taureau de trois ans paraît encore prématuré, comme le reconnaît volontiers Franck Jeannin : « L’investissement dans la génétique se mesure dans le temps, c’est un jeu de patience. Il nous faudra un peu plus de recul pour apprécier ses performances sachant qu’un taureau, c’est souvent quand on ne l’a plus que l’on sait s’il était bon ou non ! Nous regarderons avec attention les résultats de ses filles, dans deux ans ». De premières tendances commencent tout de même à émerger puisqu’Obispo approche désormais la centaine de produits depuis début novembre. « Pour l’instant, les retours sont plus que positifs sur l’ensemble des trois cheptels », poursuit Franck Jeannin, « ses produits correspondent parfaitement à ses index. Nos trois élevages sont plus que satisfaits avec des veaux fins d’os, avec de la viande et de la croissance. Les vêlages se passent aussi très bien, il y a de quoi être optimiste. La prochaine étape sera de savoir si ses filles font du lait et vêlent bien. Ce taureau est très docile, c’est un autre avantage, c’est une vraie crème ! J’allais oublier : il est très fertile, nous l’avons d’ailleurs prélevé à plusieurs reprises. Que ses filles le soient tout autant ! ».
Un nouveau coup ?
Sébastien Noireaut, Frédéric Porcheret, Franck et Julien Jeannin se rendront encore une fois au pôle agricole de Créancey le 11 février prochain, pour la nouvelle édition de la vente du GIE Charolais Évaluation. Rencontrés le 17 janvier, les éleveurs s’apprêtaient à regarder d’un peu plus près les reproducteurs composant ce millésime : « nous prendrons le temps d’étudier tout cela sur internet et voir si nous avons un nouveau coup de cœur pour un animal. Nous ne savons pas encore si nous achèterons un veau cette année. Une chose est sûre, nous allons de nouveau axer notre reproduction avec Obispo. Mais nous avons tellement de doses que nous pourrions presque nous en passer désormais. Nous le mettrons sans doute prochainement en vente ».
