Ynovae
Un constat amer mais une touche d'optimisme pour l'avenir
L'assemblée générale d'Ynovae a eu lieu le vendredi 13 décembre, à Bussy-en-Othe. Si un constat amer est fait sur 2024, tant en termes de rendements suite aux aléas climatiques qu'en termes de contexte géopolitique, le président de la coopérative reste optimiste pour l'avenir, persuadé que les nouvelles générations permettront de reconstruire l'agriculture française.

Laurent Poncet, président de la coopérative, le souligne : « À l'instar des récoltes de 2016 et de 2020, celle de 2024 s'est révélée être catastrophique. Elle s'est effectuée dans des conditions inimaginables où il a fallu en permanence jongler avec des fenêtres météos capricieuses, les hommes et les matériels ont particulièrement souffert ».
La qualité s'étant avérée être très loin des standards du marché, alors, il a fallu que les services de la coopérative fassent preuve « d'un grand professionnalisme », comme l'affirme le président, pour mettre en œuvre une stratégie de réception et de travail du grain efficace pour permettre de préserver les conditions d'accès à nos productions en filières, créatrices de valeur ajoutée pour nos adhérents. « Aucune tonne n'a été déclassée et des réfactions ont été plafonnées », assure Laurent Poncet.
Le climat, mais aussi « un contexte géopolitique instable, marqué par les conflits russo-ukrainien et israélo-palestinien, par la baisse de croissance de la Chine ou encore le retour de Donald Trump aux affaires », font de 2024 une année bien particulière. « Tout cela peut sembler bien loin mais nous concerne directement de par l'influence de ces événements sur les marchés des matières premières et sur nos productions. Plus proche de nous, si on ajoute l'effritement de la coalition allemande et que les ingérences russes déstabilisent bon nombre de démocraties, on constate que l'UE peine à s'imposer sur la scène internationale. La commission européenne peine, elle aussi, à résoudre des distorsions de concurrence constatées entre États membres. Ursula von der Leyen (présidente de la commission européenne), en signant le traité de libre-échange avec le Mercosur, n'a pas tenu compte du refus de la France », continue-t-il.
La reconstruction grâce à la jeune génération
Après les mobilisations agricoles sans précédents de janvier, le monde agricole pensait que les choses semblaient avoir bien évolué sur la prise en compte des excès normatifs et réglementaires. « Les travaux entrepris allaient peut-être enfin aboutir pour que l'on arrête de marcher sur la tête », espérait Laurent Poncet. Mais la dissolution de l'Assemblée Nationale, dans un premier temps, puis la « chute » du gouvernement de Michel Barnier (ancien Premier Ministre) ont été synonymes de retour à la case départ. « Nous avons échangé un cheval borgne pour un aveugle », lâche le président de la coopérative. « La représentation nationale au cours des derniers mois a montré une bien piètre image de la France aux yeux du monde. C'est consternant », rajoute-t-il. « Face à ce constat, on pourrait désespérer et baisser les bras, mais ce serait oublier que durant les heures les plus sombres, les astres brillent encore plus. L'agriculture française a toujours fait preuve de résilience aux travers de nos « atouts jeunes », la jeune génération, pleine de projets, d'espoir et d'ambition, saura, je n'en doute pas, maintenir cette agriculture d'excellence à condition qu'on la laisse travailler ».
Il en est convaincu, la France est capable du meilleur, illustrant pour exemple la reconstruction de Notre-Dame de Paris, grâce à une libération « des meilleurs talents et savoir-faire ». Il ajoute : « Je fais le vœu ici que la classe politique soit enfin à la hauteur et que le même esprit collectif et la même énergie animent la reconstruction de notre agriculture française ».
Un beau vœu à l'aube d'une nouvelle année.