BIVB
La gestion de court terme, c'est fini !

Berty Robert
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Après une récolte 2024 impactée par les conditions climatiques, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) appelle la profession à envisager des politiques de stocks qui favorisent le moyen et le long terme. Gérer les quantités d'une année sur l'autre devient trop problématique. Ce constat fut un des points forts de l'assemblée générale du 13 décembre.

La gestion de court terme, c'est fini !
La nouvelle campagne de communication lancée par le BIVB tente la difficile synthèse entre séduction envers de nouveaux consommateurs sensibles à la prise en compte de l'environnement et d'autres avant tout attachés aux appellations ou aux terroirs.

Avec une récolte estimée à 1,135 M d'hl, les vins de Bourgogne offrent des quantités en baisse de 40 % par rapport à 2023. C'est problématique mais moins grave que 2021, où la petite récolte due au gel printanier s'était conjuguée à des stocks bas. En 2024, le manque se fera moins sentir puisque du stock il y en a, comme le rappelait Laurent Delaunay, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), lors de l'assemblée générale du 13 décembre à Beaune : « nous pouvons compter sur 500 000 hl de stock auxquels s'ajoutent 150 000 hl de VCI (Volume complémentaire individuel). Il n'y a donc pas d'inquiétude à avoir pour la campagne, contrairement à 2021 où la pénurie avait entraîné une hausse des prix. Néanmoins, ces aléas climatiques doivent nous amener à nous interroger sur nos capacités à constituer des stocks et à savoir les écouler. » 

Financer d'indispensables stocks

Pour le président du BIVB, il importe désormais d'adopter une gestion des stocks à moyen et long terme, et ne plus se contenter d'une gestion d'année en année. Problème : cette approche, il faut pouvoir la financer. Le sujet fait d'ailleurs l'objet de toute l'attention des travaux menés par le pôle Économie du BIVB qui, en 2024, aura consacré 68 % de son budget aux problématiques de gestion des volumes de la Bourgogne. Le BIVB affirme vouloir se donner une ligne directrice sur ce thème, en développant, notamment, un outil d'intelligence économique. C'est un équilibre fragile qu'il va falloir rechercher et ceci dans un contexte plus global marqué par l'incertitude, notamment avec le retour de Donald Trump à la Présidence américaine, dont le premier chapitre, entre 2016 et 2020, a laissé un goût amer aux exportations de la Bourgogne. Dans cet environnement moyennement plaisant, Laurent Delaunay se réjouissait néanmoins de l'implantation à Dijon de l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) à Dijon, vitrine très valorisante pour le secteur et relais d'influence. Au sortir d'un millésime qui n'aura rien épargné aux professionnels et qui laissera des traces, François Labet, président délégué du BIVB, actait néanmoins de la qualité des vins qui en découlent. « J'ai aussi, ajoutait-il, une pensée pour nos voisins jurassiens qui ont subi de très grosses pertes. Au delà des différences, c'est notre capacité à affronter les aléas qui doit nous interroger. » Face à des difficultés dont la récurrence ne fait aucun doute, les travaux menés par le pôle Technique du BIVB sont scrutés avec attention (voir encadré). Le défi, pour le BIVB est que les Organismes de gestion (ODG) parviennent à s'approprier tous ces travaux afin d'en assurer un prolongement en lien direct avec des réalités viticoles diverses. 

Grand écart communicationnel

La communication aura aussi été un élément majeur abordé lors de cette assemblée générale. Les vins de Bourgogne ont compris qu'ils se retrouvaient face à une réalité prépondérante et structurante pour leur avenir : l'évolution des consommateurs. Dans ce cadre, la poursuite du projet stratégique Mobilisation 2025 comprend un plan de communication média et digital, qui insiste notamment sur la qualité des vins et leur engagement pour l'avenir, en faisant passer le message qu'on peut produire des grands vins tout en étant en correspondance avec les enjeux sociétaux. « Chaque année, précisait Virginie Valcauda, du pôle Communication, nous contribuons à former 9 000 prescripteurs, nous développons des formations à distance, des gammes d'objets promotionnels, des dégustations organisées partout en France, et plus de 50 000 journalistes et influenceurs ont été touchés par nos actions en 2024. » Entre créations de contenus numériques, newsletters ciblées sur différents publics (international, professionnels et grand public) ou partenariat avec l'influenceur Jonathan Belhassein, organisation d'évènement comme les Grands Jours de Bourgogne, ou même remplacement des panneaux dans le vignoble, la communication du BIVB utilise tous les leviers à sa disposition. Une stratégie qui connaît ces jours-ci une nouvelle étape avec le lancement d'une campagne de communication inédite depuis dix ans. La volonté est de rendre moins complexe le discours autour du vin, afin d'attirer de nouvelles générations de consommateurs. La campagne, œuvre de l'agence Publicis, s'articule en trois volets (produits de bourgogne, le chablis, les valeurs de la marque Bourgogne, les crémants). Avec la volonté de toucher les futurs consommateurs, sans pour autant se couper des plus de 50 ans qui représentent 80 % des consommateurs actuels. Une sorte de grand écart, donc, et dont le résultat est plutôt séduisant : la volonté d'une évolution du ton est manifeste avec des slogans du type « Tellement vins de bourgogne » et un code couleurs qui évoque les tuiles vernissées des Hospices de Beaune. Cette campagne qui a démarré début décembre dans la presse se déclinera pour moitié entre médias traditionnels et digitaux, mais aussi en affichage dans le métro parisien, à la gare de Lyon (Paris) et en gare de Dijon. Enfin, côté budget, le BIVB a décidé, malgré la baisse de la récolte en 2024, BIVB de maintenir son programme d'action, ce qui va se traduire par un prélèvement de 2,190 M d'euros sur ses réserves.

Durabilité, adaptabilité, résilience

Les travaux du pôle Technique du BIVB s'organisent autour de plusieurs sujets emblématiques :

- Le Plan national de durabilité de la vigne et du vin (PNDV3)

- Qanopée (une serre de 4 500 m2 créée à l'initiative de la Bourgogne, du Beaujolais et de la Champagne), lieu de prémultiplication des pieds conçu pour sécuriser l'approvisionnement des vignobles face au dépérissement des plants de vigne et dans laquelle les premiers plants arriveront en 2025.

- La préservation de la qualité des vins de bourgogne, en la conjuguant à l'adaptation locale dans la production et en faisant en sorte que les vins soient résilients.

- Le projet sur l'adaptation par l'innovation et la conservation, avec 1 000 lignées de pinot noir, 800 lignées de chardonnay et 300 lignées d'aligoté mises en conservatoires sur des parcelles.

- Le projet Apogée lancé en 2021 pour développer un outil prédictif sur la capacité de vieillissement des vins blancs. Les recherches portent notamment sur les facteurs qui causent des évolutions prématurées.