Jeudi 19 septembre dernier, les membres de la Chambre d’agriculture de l’Yonne se sont réunis pour leur session de rentrée. Une réunion durant laquelle le président Arnaud Delestre a dressé un tableau complet de l’actualité agricole, marquée par un contexte très difficile.
Chaque trimestre, la session de la Chambre d’agriculture permet de se pencher sur les sujets agricoles du moment. La dernière édition qui s’est déroulée jeudi 19 septembre à Auxerre, n’a pas dérogé à la règle. En ouverture de débats, Arnaud Delestre, président de la Chambre d’agriculture, a ainsi dressé un tour d’horizon exhaustif des différentes productions du département.
Les récoltes en berne
Du côté des productions végétales, c’est sans surprise le contexte climatique de cette campagne qui a été évoqué. Pour Arnaud Delestre, « la récolte 2024 restera dans les mémoires comme l’une des pires depuis 40 ans ». Avec un hiver doux et un printemps parmi les plus pluvieux jamais enregistrés en France, les cultures ont souffert. Dans le détail, le trop court épisode hivernal de janvier n’a pas stoppé le développement des adventices, maladies et ravageurs, tandis que la pluie abondante n’a laissé que peu de place aux interventions techniques qui ont également perdu en efficacité. Enfin, des aléas divers ont impacté les productions : gel, inondations, grêle, grillure des feuilles ou des fruits. À titre d’exemple, le cumul pluviométrique mesuré entre l’été 2023 et 2024 à la station d’Auxerre est de 43 % supérieur à celui de l’année précédente.
C’est donc sans surprise que l’enquête moissons réalisée par la Chambre d’agriculture de l’Yonne fait état d’une campagne historiquement maussade. Les rendements en blé, en orges, et en pois sont en baisse. Seuls les rendements en colza sont en hausse. Les secteurs les plus touchés par les intempéries sont les zones de vallées (telle que l’Armançon) et les terres hydromorphes (Pays d’Othe et Puisaye). À cela s’ajoute les secteurs touchés par la grêle comme le Chablisien et le Florentinois.
Enfin, la betterave n’a pas échappé aux difficultés d’implantation liées à l’excès d’eau qu’ont connu toutes les cultures de printemps. Les labours ont dû être réalisés cet hiver dans de mauvaises conditions et les semis ont été retardés. La croissance des plants a été pénalisée alors que la structure des sols était fortement dégradée, favorisant l’apparition de maladies racinaires. Seules les parcelles argilocalcaires du Migennois ont pu échapper à ces difficultés. Pour atteindre une qualité de récolte proche de la moyenne quinquennale, les producteurs de betteraves espéraient un mois de septembre ensoleillé pour stimuler la production de sucre. C’est plutôt compromis pour le moment.
Double peine pour les éleveurs
Du côté des éleveurs, également touchés pas les conditions météorologiques qui ont engendré des pertes de fourrage, c’est sans aucun doute le contexte sanitaire actuel qui focalise les attentions. La progression de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 (FCO-3) sur le territoire, fait en effet craindre des conséquences importantes. Cette maladie dite vectorielle, est propagée par un moucheron (culicoïde) dont la prolifération est en partie liée aux conditions climatiques. Le taux de mortalité lié à la FCO est élevé, pouvant atteindre 40 % pour le sérotype 3. Plusieurs foyers sont déjà confirmés dans l’Yonne (voir encadré) et la réponse à cette crise est en train de se mettre en place. Pour Arnaud Delestre, même si « les doses de vaccins ont mis du temps à arriver et si la campagne de vaccination a pris un peu de retard en début de crise, la situation tend à se stabiliser ». Au vu des risques, le président de la Chambre d’agriculture a rappelé la nécessité de vacciner tous les animaux et de réaliser une désinsectisation régulière.
Climat politique incertain
Grandes cultures, élevage, viticulture, apiculture, maraîchage, arboriculture… Toutes les productions ont été touchées par plusieurs aléas. Qu’il s’agisse du gel, de la grêle, des pluies abondantes, voire des inondations. Et les conséquences provoquent une profonde crise pour la plupart des exploitations agricoles. Pour Arnaud Delestre, « la solidarité nationale est attendue pour contribuer à aider les producteurs à passer cette année sans précédent. Des réflexions en la matière sont en cours et, à date, nous ne connaissons pas les actions que développera l’État hormis le versement des aides PAC à hauteur de 70 % au lieu de 50 % au 16 octobre ». Des attentes et des incertitudes accentuées par le contexte politique actuel. Pour autant, Arnaud Delestre a rappelé que « l’ensemble des organisations professionnelles agricoles ou partenaires de l’agriculture se mobilise, pour accompagner les agriculteurs à passer ce cap difficile ».