Le 19 septembre, l'appellation de Pouilly-Fumé tenait sa réunion prévendanges pour annoncer le lancement des vendanges notamment.
C'est à l'occasion de la réunion prévendanges du syndicat viticole de l'appellation AOC Pouilly-Fumé, qui s'est tenue le 19 septembre à Pouilly, que la date du ban des vendanges a été annoncée au 23 septembre. Cela étant, tous les domaines ne pourront pas démarrer à cette date, comme l'explique Fabrice Doucet, directeur et œnologue conseil de Sicavac : « Question maturation, tout est lent. À cause de cela, entre autres, certains pourront commencer, d'autres non ».
En l'état
Plus en détail, il précise : « La teneur en sucre progresse mais reste variable en fonction des parcelles (environ 200 g/l sur l'ensemble de l'appellation). De son côté, l'acidité totale est plus élevée dans toute l'appellation par rapport au dernier millésime (autour de 6 pour 2024). L'acide malique est relativement haut également (entre 5 et 5,5) ; donnant un bon indicateur du caractère végétal des raisins ; grande différence comparée au millésime précédent où la chaleur et le stress hydrique avaient accéléré sa diminution. La teneur en potassium reste haute ( 300 mg), là encore à l'inverse des années antérieures. Pour le PH il est relativement bas, offrant des dégustations assez électriques ». En somme, il annonce un millésime comparable à celui de 2014 : « Nous sommes sur les mêmes équilibres. Il sera donc beau mais pourrait garder une dominante végétale selon l'évolution à venir ». Émeline Piton, conseillère viticole et œnologue conseil de Sicavac, rajoute : « Aux derniers contrôles, la perception est plus sucrée mais avec une acidité encore importante. De ce fait, certaines parcelles seront à prendre la semaine prochaine (du 23 au 29 septembre) mais la majorité seront prêtes début octobre – sans prendre en compte la question sanitaire ». Pour ce dernier point, le mildiou a, en effet, engendré des dégâts chez certains : « il y aura un écart de rendement. Les parcelles impactées ont une teneur en acidité plus grande que les autres » précise Émeline Piton. Elle rappelle également que certains endroits ont été touchés par du pourrissement : « ces parcelles, principalement sur sable, seront plus compliquées à gérer ».
Et ensuite…
Pour la vinification, Fabrice Doucet rappelle qu'au vu de tous ces points, il ne faut pas « triturer les raisins car cela augmentera la teneur herbacée ainsi que les acides gras des moûts ». Pour lui, le pressurage sera un « vrai sujet à travailler. À mon sens, la règle des 2/3 est à respecter : il faut que l'apparition des jus se fasse au 2/3 de la pression d'objectif ». Pour les sulfites, il conseille une grande parcimonie : « L'appellation est à 150 maximum. N'augmentez pas la dose de sulfites pour les moûts afin d'avoir une belle couleur, car cette année, ils seront forcément brunâtres ». Le débourbage sera aussi à garder à l'œil : « À cause de la pression phyto, l'état sanitaire de certaines vignes a été plus ou moins impacté. Une attention particulière doit donc être portée à la suppression des résidus, notamment de cuivre. Il faut bien déguster les moûts avant la fermentation pour corriger d'éventuels défauts, car après aucun ajustement ne sera possible ». Fabrice Doucet conclut : « la maturation est lente et il est peu probable d'avoir une canicule pour rattraper le retard. Malgré le végétal, nous avons du fruit et je pense qu'il y a un potentiel bien plus intéressant qu'en 2023. À voir maintenant ce qu'il sera possible de faire à cause des pluies annoncées pour début octobre ».