Chambre d'agriculture
Avenir de l’élevage dans l’Yonne : une session pour comprendre
Jeudi 19 septembre, la Chambre d’agriculture de l’Yonne a organisé un après-midi dédié à l’élevage icaunais, en présentant les nombreux enjeux auxquels il doit faire face, mais aussi les aménités et les forces qu’il représente pour notre département.
En 10 ans, l’Yonne a perdu 27 % de ses élevages bovins et 40 % de ses éleveurs laitiers. Depuis 20 ans, c’est 67 % des élevages laitiers qui ont disparu dans notre département. Depuis 2012, la production laitière du département ne cesse de baisser (ndlr : avant cette date, la restructuration des exploitations permettait de continuer à faire croître la production). L’érosion des structures allaitantes est plus lente, elle marque tout de même la perte de 10 % d’exploitations au cours des 10 dernières années.
Un état des lieux complet
Si la baisse du nombre d’exploitations bovines et surtout laitières semble vertigineuse, la situation n’est pas meilleure pour les élevages porcins icaunais. Cette situation suit la tendance nationale d’érosion du nombre d’élevages et du cheptel. Pourtant, à l’inverse, certaines filières progressent dans l’Yonne : c’est le cas des systèmes ovins, caprins et des élevages de volailles.
Afin de mieux comprendre, les enjeux et l’impact de ces dynamiques, la Chambre d’agriculture a présenté les résultats en termes de revenu, des différentes filières d’élevage, mais aussi tout le tissu économique et industriel maintenu dans le département : emplois directs et indirects, difficultés à les maintenir, comme c’est le cas des vétérinaires et d’autres services.
La Chambre d’agriculture de l’Yonne avait également sollicité deux experts de Chambre d’agriculture France : Marine Raffray et Damaris Sterling venues présenter des données nationales sur la consommation et la planification écologique.
Prise de hauteur
Comprendre les enjeux autour de l’élevage nécessite de voir les perspectives et les influences extérieures qui pèsent sur le tissu local. Si l’élevage et la consommation de viande, sont régulièrement pointés du doigt dans les médias, la consommation évolue mais pas nécessairement comme attendu.
En effet, si les Français consomment moins de viande bovine à l’échelle du ménage et des achats domestiques, la consommation globale, elle, est stable et ne varie que très peu. La baisse de la production française est directement comblée par des importations. Ces dichotomies sont très marquées pour la volaille par exemple où la France est passée en 15 ans de producteur net (excédent) à déficitaire fort. Aujourd’hui, un poulet sur deux consommés hors du foyer (au restaurant, à la cantine) ou dans des plats préparés est importé. Idem pour la viande ovine, dont les pics de consommation lors des fêtes religieuses imposent une dépendance aux importations.
Pourtant, l’élevage est porteur de nombreuses aménités pour les territoires. Outre le maintien des emplois, du tissu économique, il façonne les paysages, entretient et valorise des prairies naturelles, des zones humides et des haies qui sont indispensables à la biodiversité et représente des surfaces fortement stockeuses de carbone à l’heure de la course contre le réchauffement climatique. L’élevage icaunais fournit également de l’azote, chaque année, le cheptel icaunais fournit l’équivalent de 11 550 tonnes d’ammonitrate, produites sur place et dont l’utilisation est fortement bénéfique aux sols.
Trois scenarii d’évolution de l’élevage ont été présentés et débattus lors de cette session. Les personnes présentes ont largement réagi à ces « perspectives » plus ou moins impactantes. Les débats ont été riches et ont permis de sentir le poids de l’élevage et son importance dans l’Yonne.
Le maintien de l’élevage dans notre département est donc étroitement lié à la conjoncture mais aussi à une volonté du territoire d’œuvrer à son maintien. Un groupe de travail porté par la Chambre d’agriculture a commencé à lister les actions prioritaires à mettre en place en lien ou en collaboration avec les partenaires de l’élevage. La Chambre d’agriculture de l’Yonne compte continuer le travail entrepris pour l’avenir de l’élevage icaunais, Elle continue également son travail avec les collectivités locales et les acteurs du monde économique pour valoriser les productions icaunaises.